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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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a-t-il pu résister ? pensa-t-il tout haut.
    — Il était très vigoureux et on ne lui a infligé aucune blessure mortelle. Après quoi on l’a abandonné sur place où je l’ai découvert. Un message anonyme m’avait prévenu. Je vous passe la description du calvaire qu’il a enduré pour revivre bien qu’il passât pour disparu. Grâce à la Mafia, j’ai pu le faire soigner dans une clinique discrète. Son esprit était intact et l’un comme l’autre nous avons juré la vengeance. Les bourreaux ont été retrouvés et leur mort a été cruelle. Pour ce qui est de Pavignano et de sa fiancée vous savez ce qu’il en est advenu. J’ai moi-même égorgé Bianca et lui ai repris sa parure. Quant à Pavignano si on ne l’a pas retrouvé c’est parce que mes hommes – vous diriez mes complices n’est-ce pas ? – l’avaient enlevé. On a vitriolé son visage avant de l’enterrer vivant…
    En dépit de son sang-froid, Aldo ne put étouffer un hoquet d’horreur. Il savait depuis longtemps quel degré de cruauté pouvaient atteindre les hommes – et singulièrement les Siciliens – dans la vengeance, mais c’était dur à avaler et il dut se forcer pour articuler calmement la question qui lui venait. Au pli de ses lèvres, son dégoût était visible :
    — Je ne comprends pas. Vous avez pris les bijoux. Comment se fait-il qu’il vous ait fallu tuer la Solari pour les lui reprendre ?
    — La plus simple des raisons : on me les a volés. J’avoue avoir eu du mal à les retrouver. Cela m’a pris du temps jusqu’à ce que j’apprenne que mon voleur était le père de Teresa Solari. Il était alors déjà passé de vie au trépas ce qui m’a évité de le lui faire payer…
    — Vous avez préféré vous en prendre une fois de plus à une femme innocente ?
    — Il me les fallait afin d’en parer les sosies de Bianca que je ne cessais de rechercher pour Cesare. Grâce à son génie financier – à la guerre aussi ! – mon empire se développait. Et j’ai construit pour lui ce palais…
    — … dont il n’habite que les souterrains ! Magnifiquement aménagés je dois en convenir d’après ce que j’ai aperçu.
    — Il lui arrive de venir dans ces appartements. Et même d’y loger. Ses hommes prennent alors en charge le palais. Seuls les gardes extérieurs et les jardiniers sont à demeure fixe.
    — Et ils peuvent supporter sa vue ?
    — Cesare se masque devant eux. Ils sont royalement payés et savent que s’il lui arrivait malheur ou s’ils parlaient, ils ne lui survivraient pas. Un seulement peut le voir tel qu’il est et c’est une femme, une infirmière qui l’aimait avant le désastre et qui l’a soigné en clinique. Elle est laide et lui a voué sa vie. J’ajoute qu’elle en sait autant que n’importe quel médecin : j’y ai veillé.
    — Une femme ? Et il la respecte ?
    — Je viens de vous dire qu’elle est laide. En outre, seules celles qui ressemblent à Bianca éveillent son désir… et sa rage ? Chez lui il y a le portrait de la Sorcière de Venise mais aussi ceux de « ses » femmes car ne vous y trompez pas, je ne les épouse que par procuration en quelque sorte puisque tous deux nous appelons Cesare. Seule la dernière n’a pas été peinte faute de temps mais surtout parce que cela n’a plus d’importance… Celle-ci l’accompagnera dans la mort et reposera en paix auprès de lui.
    — En paix ? Après ce qu’elle aura subi ?
    — Elle souffrira moins que les autres puisque demain à pareille heure tout sera détruit jusques et y compris l’accès aux souterrains… Permettez que je reprenne mon bien ? ajouta-t-il en refermant l’écrin sur le velours duquel Aldo venait de reposer la croix. Cette chère Mary va avoir la joie de s’en parer pour notre dîner de noces. Ce sera la dernière fois qu’ils apparaîtront en public sur une gorge de femme…
    — Vous avez l’intention de les détruire aussi ?
    — Une telle merveille ? Vous voulez rire ! Je vais les emporter avec moi comme le plus beau symbole de l’esclavage volontaire que je m’étais imposé ainsi que celui de ma liberté…
    À son tour il contemplait les joyaux dont les reflets allumaient dans ses yeux des lueurs infernales. Son visage avait quelque chose de démoniaque et un désagréable filet glacé courut le long de l’échine de Morosini. En dépit de sa parole posée, de sa voix assurée l’homme était fou ! Pourtant se souvenant de ses racines

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