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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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siciliennes, Aldo lança :
    — N’avez-vous pas peur de la colère divine ? Une croix est avant tout et quelle que soit la matière dont elle est faite, le symbole du Christ et vous en faites un instrument de mort ! C’est la damnation qui vous attend, Ricci, et le temps vous est compté car vous n’êtes plus un jeune homme…
    D’un coup sec, le criminel referma l’écrin qu’il serra contre sa poitrine :
    — L’important était que Cesare pût vivre dans la maison de nos ancêtres et y connaître des moments de bonheur absolu ! Quant à moi, je sais qu’il me reste du temps pour faire ma paix avec Dieu ! Mon astrologue m’a prédit une longue vie et je me suis toujours montré généreux avec les sociétés charitables. Je continuerai ailleurs ! Et même… oui je bâtirai une église à la mémoire de Cesare… mon sublime frère !
    — Vous ne songeriez pas à une canonisation, pendant que vous y êtes ? fit Morosini acerbe mais le degré de mégalomanie de l’autre le rendait imperméable à la moindre forme d’ironie il leva un doigt doctoral :
    — Par l’immensité de ses souffrances il la mériterait !
    On frappa à la porte et aussitôt la tête de Crespo s’introduisit :
    — Vous n’oubliez pas l’heure, Monsieur ? Il faudrait se presser…
    — Vous avez raison ! Qu’on l’emmène ! fit-il en désignant Aldo comme s’il eût été un simple paquet.
    — Si c’est à vos noces ainsi que vous l’avez annoncé, remarqua Aldo, je vous signale que je ne porte pas la tenue adéquate !
    — Pour ce que vous devez en voir c’est largement suffisant. Rassurez-vous : le spectacle auquel je vous convie sera de choix. Cela vous consolera, j’espère, de n’être pas invité à dîner…
    — Quoi ? Pas la moindre coupe de champagne pour boire à votre bonheur ? Décidément, vous ne saurez jamais vivre !
    Il ironisait. Peut-être pour le plaisir dérisoire d’avoir le dernier mot mais tandis que Crespo et son gorille l’emmenaient, menottes aux mains à travers les salons, son esprit tournait à toute vitesse à la recherche d’un moyen de sortir de ce traquenard… et n’en trouvait aucun, réduit qu’il était à l’impuissance au milieu de ce palais délirant bourré de sbires et sans la plus petite arme à sa portée. Tout à l’heure il avait lutté contre l’envie de se jeter sur Ricci et de l’étrangler. Même si l’homme était vigoureux, lui se sentait assez de force nerveuse et de rage pour le faire mais il savait qu’avant de venir à bout de ce gros cou, il lui faudrait plus de temps qu’on ne lui en accorderait et qu’il signerait son arrêt de mort immédiat. Or la seule consolation qu’il lui restât était la certitude de rester vivant jusqu’au matin suivant puisqu’on le destinait à être enseveli sous les ruines du Palazzo… C’était mince !
    Ses gardiens dont les poignes immobilisaient ses bras le conduisirent au bout de l’enfilade dans ce qui était sans aucun doute la chambre nuptiale, celle dont ne ressortaient jamais les épousées que l’on y menait. Et quelle chambre ! Jamais Aldo n’avait rien vu de si tarabiscoté ni de si doré !
    La pièce principale en était l’alcôve où trônait le lit. Elle était précédée d’une sorte d’arc triomphal et d’une grille basse ouvrant par le milieu comme une table de communion, l’ensemble en bois doré. Le lit de soie pourpre mais tellement brodé qu’on distinguait à peine la couleur était surmonté d’un baldaquin carré dont le bandeau en bois sculpté se composait d’amours tenant d’épaisses guirlandes alternant avec des feuilles d’acanthes.
    Dans le salon précédant ce monument, les cartouches, les amours, les volutes et les palmes recouvraient entièrement les murs et le plafond encadrant des miroirs. Ouvrages en fort relief, ces motifs laissaient paraître par endroits un fond très sombre qui en faisait mieux valoir l’éclat. Une énorme console du baroque le plus délirant placée entre les deux hautes fenêtres était destinée à servir de coiffeuse si l’on en jugeait par l’assortiment de flacons, de brosses, de coffrets et d’objets féminins disposés sur le brocart, doré lui aussi, pris dans le même tissu que les doubles rideaux. Le sol était fait d’une mosaïque de marbre sans le moindre tapis pour le réchauffer et les fauteuils en velours de Gênes dont on s’apercevait à peine qu’ils étaient rouges avaient l’air

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