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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sourire :
    — Que puis-je faire d’autre que d’attendre ? Ne sommes-nous pas tous prisonniers de ce superbe navire ? Je vais m’efforcer d’achever cette traversée le plus agréablement possible. En prenant toutefois quelques précautions. Vous-même que comptez-vous faire de cet après-midi ? Vous conduirai-je au cinéma ?
    — Non merci. Je voudrais écrire des lettres.
    — Dans ce cas le salon de correspondance ? Il est agréable.
    — Sans doute mais je préfère être seule quand j’écris. Dans cette jolie pièce on doit avoir l’impres­sion d’être à l’école. Je rentre chez moi et vous devriez en faire autant : frôler la mort doit secouer un brin ? On se retrouvera au dîner.
    Elle se levait et Aldo en fit autant pour l’accompagner mais elle le pria de rester et il s’inclina tandis qu’elle s’éloignait nonchalamment appuyée sur la canne dont elle faisait si bon usage. C’était décidément une femme étrange mais séduisante et combien attachante ! Que Vauxbrun soit amoureux d’elle n’avait rien d’étonnant. Lui-même, indépendamment du fait qu’il lui devait la vie, s’avouait être sensible à ce curieux mélange de camaraderie et de sensualité qu’elle dégageait.
    Avant de regagner sa cabine il se rendit chez Gilles pour voir où il en était. Le médecin du bord en sortait et lui apprit que leur « malade commun » dormait à poings fermés.
    — Demain il sera frais comme l’œil… s’il n’a pas la gueule de bois.
    Et comme Morosini le regardait sans comprendre, l’officier ajouta avec un sourire goguenard :
    — Un whisky ça va mais une demi-douzaine c’est beaucoup ! C’est l’ennui avec ce genre de médication plutôt agréable : on peut avoir tendance à forcer dessus !
    Rassuré de ce côté-là, Aldo réintégra sa cabine. Il y trouva un carton à la marque de l’ Île - de-France le priant de dîner à la table du Commandant. C’était une raison de plus pour effacer les traces de sa dernière mésaventure ! Et il s’étendit sur son lit après avoir tiré les rideaux et fermé soigneusement sa porte à clef.
    À huit heures, sanglé dans un habit noir coupé à la perfection qui rendait pleine justice à son aristocratique silhouette, Aldo suivait le maître d’hôtel qui le conduisait à la table d’honneur à travers l’immense salle à manger étincelante de cristaux et d’argenterie, fleurie et illuminée par les flots de lumière tombant des caissons de verre dépoli et sculpté et par des torchères en forme de vases renvoyant une lumière douce et diffuse. Le spectacle du grand escalier que descendaient lentement des femmes en robes brillantes chargées et parfois coiffées de bijoux étincelants que mettaient en valeur les fracs noirs des hommes était féerique. La mode évoluait et les robes chemises n’avaient plus la cote. Les genoux se cachaient et, pour le soir, la ligne avait à présent tendance à plonger en arrière jusqu’aux talons. De même le droit-fil faisait place au biais utilisant pleinement l’élasticité des tissus pour mouler les formes féminines au grand désespoir de celles dont la plastique n’était pas irréprochable. Les décolletés souvent vertigineux révélaient le dos jusqu’aux reins mais pouvaient se voiler d’écharpes de satin, de mousseline, de dentelles ou de plumes. Et que ces tissus étaient donc somptueux ! Lamés d’or, lamés d’argent, brocarts, satins nacrés, crêpes brodés de perles, de strass ou de paillettes mais aussi mousselines et voiles s’effilant en longues pointes aériennes comme des flammes depuis les hanches souvent drapées de larges ceintures diaphanes retombant en longs pans. L’asymétrie était à la mode, la robe laissant une épaule nue, l’autre retenant l’étoffe par un ornement de pierreries ou de fleurs. Moins strictes aussi, les coiffures laissaient davantage leur chance à la beauté des cheveux, à la grâce d’une vague ou de boucles légères permettant à nouveau le port du diadème… C’était, sur les majestueux degrés de marbre couverts de tapis rouges comme un ballet scintillant, une sorte de pavane rythmée par quelque metteur en scène épris d’élégance et d’art de vivre.
    Séduit par ce spectacle où il venait jouer un rôle minuscule, Aldo laissait son regard s’y attarder sans prendre garde à ce qui l’attendait. Ce fut d’abord le sourire épanoui de Pauline von Etzenberg qui vint au-devant de

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