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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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c’est et il le trouvait si beau qu’il n’a jamais voulu y mettre du tapis. Il a dégringolé tout l’étage. Au fait, vous lui vouliez quoi ?
    — Madame la marquise de Sommières, ma maîtresse, a été conviée par lui pour le thé.
    — Il va falloir qu’elle l’excuse mais pour aujourd’hui ça me paraît difficile. Tenez ! Les voilà qui redescendent…
    Les infirmiers et leur civière revenaient, en effet, portant avec précautions le pauvre marquis blanc comme un linge mais la sérénité n’y était pas et le chef, rouge de colère, achevait un dialogue orageux avec le valet de chambre affolé qui le suivait en tentant de donner une explication plutôt embrouillée.
    — Vous êtes des dangers publics ! braillait l’infirmier. C’est un vrai piège que votre escalier !… Faudra prévenir la police !
    — Mais je n’y suis pour rien ! Pour rien, je vous jure ! Je ne sais pas qui a eu cette idée. Nous sommes des gens convenables…
    Le malheureux était en larmes, le concierge alla le tirer par le bras pour le ramener chez lui :
    — Viens, Anselme ! T’es dans tous tes états ! Qu’est-ce qui se passe ?
    — Oh, c’est affreux ! En voulant monter à l’étage chercher la robe de chambre de Monsieur le marquis, cet homme a failli tomber, lui aussi. Y avait un fil tendu en travers de l’escalier. Il s’est reçu sur le ventre et son poids a cassé le fil mais Monsieur qui est tout léger…
    — Et personne n’était encore descendu à cette heure ?
    — Non. Monsieur n’utilise les pièces du rez-de-chaussée que lorsqu’il reçoit. Le reste du temps il vit au premier et nous on a l’escalier de service qui est moins beau mais plus commode.
    — Mais qui a pu faire une chose pareille ? demanda Lucien pris lui aussi par l’histoire. Vous êtes combien là-dedans ?
    — Quatre : moi, la cuisinière, la bonne et le chauffeur. Bon, je te laisse ! Il faut que je téléphone à Madame la comtesse, la nièce de ce pauvre Monsieur…
    — Et à la police peut-être ? hasarda Lucien.
    — C’est à Madame la comtesse de décider ! C’est pas mes affaires !
    Il s’élançait pour rentrer dans la maison quand Lucien cria :
    — On l’emmène où ?
    — À la clinique de son ami le Dr Garcin, rue du Maréchal Joffre…
    Un peu secoué tout de même, bien qu’il n’eût jamais vu le vieux monsieur, Lucien rejoignit sa voiture et sa patronne à laquelle il s’efforça de faire un compte rendu le plus fidèle possible. Elle eut un haut-le-corps, pâlit sous la poudre mais ne fit aucun commentaire sinon :
    — Nous rentrons, Lucien ! Il faut prévenir nos messieurs !
    Très calme en apparence, Tante Amélie n’en était pas moins saisie d’effroi. Il ne faisait aucun doute pour elle que l’on venait de tenter – et peut-être de réussir ? – d’assassiner le marquis et cela simplement parce qu’il voulait mettre Plan-Crépin à l’abri d’un danger…
    Tout le monde était à l’hôtel quand elle y arriva et, rien qu’à la voir pâle et tendue, Aldo comprit qu’il se passait quelque chose. Elle raconta ce qu’elle avait vu et entendu, ajoutant : « Je crois que vous ne devriez plus chercher bien loin la main mystérieuse qui décime Versailles. »
    — Ce vieux fou de professeur ? Sûrement pas, fit Adalbert avec un haussement d’épaules. Qu’il soit teigneux, désagréable et entièrement hypnotisé par la Reine, c’est entendu, mais je ne le crois pas capable de monter un truc pareil…
    — Ce n’est pas une piste à dédaigner, corrigea Aldo mais, pour le moment, on va à la clinique savoir où en est M. des Aubiers. On prendra l’adresse exacte à la réception…
    Pour une fois, Marie-Angéline ne demanda pas à les accompagner. Assise sur une chaise basse dans un coin du salon elle pleurait toutes les larmes de son corps… La pauvre fille, qui avait été si fière d’appartenir à un comité prestigieux, d’œuvrer pour Versailles, toujours considéré par elle comme la merveille absolue, supportait mal le flot de sanies et de sang où menaçait de sombrer sa belle histoire. M me  de Sommières l’observa quelques instants sans rien dire puis hocha la tête et vint poser une main apaisante sur l’épaule maigre qu’elle serra :
    — Voulez-vous que nous rentrions à la maison, Marie-Angéline ? Je crains que tout ceci ne soit un peu trop pour vous…
    Relevant la tête, celle-ci la considéra avec

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