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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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avait sa mine des mauvais jours, ce qui inquiétait visiblement sa femme. Du côté des Malden, Olivier s’ennuyait avec distinction en buvant un verre de champagne et Clothilde tricotait son sautoir dont elle examinait les perles l’une après l’autre comme si sa vie ne dépendait.
    — Encore un mot ! murmura Aldo avec un regard vers le bout du salon. On ne dîne pas ?
    — Si, je pense… mais après !
    Crawford, qui s’était écarté un instant pour dire quelques mots à son secrétaire, revint à ses invités, s’adossa à la cheminée et toussota pour s’éclaircir la voix :
    — Mes chers amis – je pense que l’épreuve traversée en commun m’autorise à vous donner ce titre – nous sommes à la veille d’un épisode crucial dont j’espère qu’il ne sera pas douloureux : demain soir expire le délai qui nous a été donné par le fou meurtrier à qui nous avons affaire…
    — Je ne le crois pas si fou que ça, laissa tomber Malden. Dès l’instant où il s’agit de se procurer des bijoux royaux non seulement sans bourse délier mais par tous les moyens…
    — Sans doute, sans doute mais, je vous en prie, ne m’interrompez pas ! Demain soir donc, les diamants du prince Morosini et de M. Kledermann serviront de monnaie d’échange contre la vie d’une jeune fille que nous ne connaissons ni les uns ni les autres…
    — Moi je la connais ! émit Aldo en levant un doigt mais Crawford l’ignora.
    — … dont la situation de fortune est des plus modeste et qui, en apparence tout au moins, n’a rien à voir avec les tragiques événements de ces jours derniers…
    — Qu’est-ce qu’il vous faut ! ricana Ponant-Saint-Germain. Elle descend de ce misérable Léonard en qui la Reine avait placé sa confiance et qui l’a trahie…
    — Je sais, cher ami, je sais ! protesta Crawford qui commençait à perdre patience. Vous me l’avez déjà dit ! Il demeure que cette malheureuse ignore sans doute cette circonstance et ne doit rien comprendre à ce qui lui arrive…
    — Allons donc ! Je…
    — Assez ! hurla l’Écossais hors de lui. Je veux parler et je vous prie de ne plus m’interrompre ! C’est exaspérant !
    Le silence reconquis, il poursuivit :
    — Afin d’éclaircir cette histoire, l’idée m’est venue de tenter d’obtenir l’aide spirituelle dont nous avons un impérieux besoin et, pour ce faire, de nous adresser avec infiniment de respect à celle qui se trouve au centre de cette malheureuse affaire. – Sa voix s’enfla soudain pour atteindre un registre plus solennel : Avec votre accord, l’aide de Dieu et celle de lady Léonora mon épouse, qui est un excellent médium, nous allons essayer d’entrer en communication, sur le plan astral, avec la Reine !
    Sans s’arrêter aux murmures de surprise des assistants il leva un bras et aussitôt les rideaux de velours bleu qui masquaient le fond du salon s’ouvrirent dévoilant une grande table ronde à pied unique entourée de chaises et couverte d’un tissu rouge sombre. Au centre un bougeoir d’argent portait une bougie allumée.
    Crawford alla prendre sa femme par la main pour la mener vers le seul fauteuil, garni de coussins, pour l’y faire asseoir. Elle n’articula pas le moindre mot et chacun eut l’impression qu’elle commençait à entrer en transe. Les yeux mi-clos, les mains posées à plat sur la table, elle ne bougea plus…
    — Je… je ne suis pas certaine de vouloir participer, bégaya M me  de La Begassière. Ce genre de… de chose me rend très nerveuse…
    — Vous n’en serez que plus efficace, chère comtesse… et je vous demande infiniment pardon si je vous donne l’impression de vous avoir prise au piège mais si j’avais annoncé d’emblée une séance de spiritisme vous n’auriez peut-être pas accepté…
    — Vous pouvez le dire ! Je suis morte de peur…
    — Mais non ! je resterai près de vous et tout se passera bien. Songez que nous obtiendrons peut-être de précieux renseignements ! Ensuite, évidemment, nous dînerons… ou plutôt nous souperons. Et j’espère dans la joie… Quelqu’un a-t-il une objection ?
    — Ma foi non, fit Aldo. Votre idée est peut-être bonne…
    — Vous croyez aux esprits, vous ? émit Malden effaré.
    — Il m’est arrivé de vivre deux expériences capables de déstabiliser l’incrédule le plus coriace…
    — J’espère que vous viendrez me raconter ça, chuchota lady Mendl. J’adore ce

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