Les "Larmes" De Marie-Antoinette
eut un hoquet de surprise en déchiffrant ce qui était écrit à l’envers sur la doublure.
— Bonté divine ! C’est la première fois que je vois ça.
À son tour Lemercier lut, étouffa un juron et passa l’objet à Morosini :
— Qu’en dites-vous ?
— Que ce n’est pas la bonne victime. Qu’y avait-il sur le premier masque ?
— Il est au laboratoire mais voici le texte, écrit comme celui-ci en lettres majuscules : « Les masques vont tomber et la Reine sera enfin vengée ! »
— Tiens donc ! C’est plutôt surprenant !
Le message, en effet, était identique à ceci près que l’on avait barré la seconde partie de la phrase et écrit, en dessous : « Désolé ! C’est une erreur ! »
— Une erreur ! fulmina Lemercier. Ce qui veut dire que ce type se serait trompé de personne et s’en serait aperçu trop tard ?
— On le dirait, remarqua le légiste. Sous le loup il y a une seconde blessure.
— Autrement dit, conclut Morosini, il recommencera. Comment s’appelle ce malheureux ?
Ce fut le chef jardinier accouru entre-temps qui lui répondit :
— Il s’appe… lait Hanel, Félicien Hanel, âgé de trente ans. Il ne travaillait pas ici depuis longtemps mais c’était un bon élément…
— Marié ? Père de famille ?
— Pas que je sache !
— Mais enfin comment peut-on se tromper de victime ? s’insurgea Aldo. Cela veut dire que le meurtrier ne connaissait pas celui qu’il voulait frapper ? Ou alors, à cause de ce chapeau de paille, il a été trompé par une silhouette ?… Et comme il a dû arriver par-derrière…
— Si j’ai besoin de votre avis, je vous le demanderai, aboya le commissaire. L’important, pour l’instant, est d’empêcher ces gens de venir voir ce qui se passe ici…
En effet, le Petit Trianon était interdit de visite pour les besoins de l’enquête, ce qui avait conduit à la fermeture de la porte Saint-Antoine le desservant ainsi que le Hameau. Toute une troupe, poussée par la curiosité, avait contourné l’obstacle en entrant par la place d’Armes, le palais et en traversant le parc. Elle fut aussitôt refoulée par un Lemercier furieux qui fit établir aussitôt des barrières de façon à préserver le site. Seuls les membres du Comité de l’exposition étaient autorisés et l’on vit arriver, accourus par le petit château, M me de La Begassière, Quentin Crawford et lady Mendl. Inquiets sur le sort de leur œuvre, et habitant à proximité, près de la lisière du parc, ils étaient venus assurer la protection des nombreuses pièces prêtées et se rendre utiles si besoin en était.
M me de La Begassière pleurait tout en discutant avec Crawford qui s’efforçait de la calmer.
— Nous ferions mieux de fermer « Magie d’une reine » au plus vite et de rendre aux collectionneurs ce qu’ils nous ont prêté. Sinon nous allons à la catastrophe, s’écria-t-elle.
— Ce serait folie ! Nous avons là un malheureux concours de circonstances mais renoncer serait dommage. Songez au mal que nous nous sommes tous donné !… Et aux besoins financiers de Versailles pour les réparations des Trianons et du Hameau de la Reine !
— Je dirai même que votre « malheureux concours » pourrait devenir bénéfique, émit lady Mendl. Restons fermé quelques jours jusqu’à ce que la police ait achevé son travail puis laissons revenir les visiteurs. Avec deux crimes dans le décor nous allons faire fortune !
— Vous êtes cynique, ma chère ! Absolument cynique, gémit la comtesse après s’être mouchée. Exploiter un pareil drame !… Je suis persuadée, mon cher prince, ajouta-t-elle en se tournant vers Aldo, que vous souhaitez reprendre vos biens et ceux de votre beau-père le plus tôt possible…
— Rien ne presse ! En revanche, ce que je voudrais savoir, c’est si, pendant que le meurtrier commettait son erreur, aucune autre pièce n’a été volée.
— Vérification faite, rien ne manque, assura l’inspecteur Bon, qui venait d’examiner les vitrines dont le mystère restait entier, aucun des trousseaux de clefs qui permettaient de les ouvrir n’ayant quitté les poches ou le bureau de leurs détenteurs…
Après un certain nombre d’investigations, la police fit enlever le corps du jardinier. On établit un cordon autour du lieu du crime puis, laissant ses hommes finir leurs recherches, Lemercier proposa à Aldo de le ramener :
— À une station de
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