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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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baraque hantée : elle deviendrait cinglée.
    Tandis qu’Adalbert raccrochait Florinde à son clou, Aldo retournait vers Caroline qu’il trouva endormie et resta là un moment à la contempler. Elle était si jeune, si fragile aussi ! Avec son petit nez rougi, les traces de larmes et les cernes creusés par la fatigue – toutes choses qui ne parvenaient pas à l’enlaidir ! –, elle réveillait chez Morosini le chevalier toujours prêt à rompre des lances pour la cause d’une jolie femme. Celle-ci était particulièrement touchante. Quand Adalbert revint, il mit un doigt sur ses lèvres et chuchota :
    — Étant donné que nous n’avons aucun véhicule pour l’emmener, mieux vaut la laisser dormir. Je vais rester…
    — Ben voyons !
    Aldo lui jeta un regard noir :
    — Fais-moi grâce de tes sous-entendus malsains ! Si tu veux t’en charger, tu peux. Je reviendrai au matin avec un taxi…
    — C’est toi qu’elle a appelé au secours. Pas moi. Alors, assume ! En attendant, je voudrais visiter l’atelier du grand-père. Il doit être quelque part derrière la maison…
    — Allons voir !
    Ils sortirent pour constater avec plaisir que la pluie avait cessé et contournèrent la bâtisse. Il y avait sur l’arrière une friche assez vaste que traversait un sentier. Tous deux s’attendaient à une sorte de hangar mais il s’agissait en réalité d’un petit pavillon à trois fenêtres qui avait l’air d’une réduction de la maison principale. Un chemin y menait et il était fermé. Aldo savait qu’une porte close n’avait jamais posé de problème insurmontable aux doigts agiles de son ami, cependant celui-ci se contenta de passer la main sur le chambranle de la porte pour y trouver ce qu’il cherchait.
    — À moins qu’il ne renferme un trésor, commenta-t-il, c’est le cas le plus fréquent pour un atelier.
    Et la porte s’ouvrit.
    À l’intérieur, il y avait le matériel nécessaire pour pratiquer la sculpture : une sellette supportant un bloc de glaise sèche où s’ébauchait une forme dont il était impossible de déterminer la nature : cela pouvait aussi bien être un champignon qu’une future tête et sans doute la mort avait-elle empêché l’artiste de s’exprimer davantage. Un artiste qui, à leur surprise, n’était pas dépourvu de talent. Il y avait entre autres une main à l’index levé posée sur un coffre auprès d’une tête de jeune homme, plusieurs bas-reliefs inspirés de l’art romain, un faune jouant de la flûte et, surtout, sur une colonne tronquée, un buste plus grand que nature de la défunte épouse. Quelque peu idéalisée sans doute : elle semblait moins acariâtre que sur la toile peinte. Et puis les épaules nues qui avaient dû être longuement caressées étaient polies jusqu’à la luisance ainsi d’ailleurs que les seins lourds entre lesquels le pendentif était reproduit au triple de ses dimensions réelles. Sur son support l’œuvre placée au fond de la pièce dominait le reste, encadrée par deux candélabres portant des vestiges de cierges. Il n’était pas difficile de deviner qu’elle était l’idole à laquelle le sculpteur rendait certainement un culte. Florinde, en effet, ressemblait à quelque déesse barbare. Une sorte de tiare conique la grandissait encore :
    — Elle n’était pas belle, murmura Adalbert, mais elle devait avoir un corps superbe et cet homme a dû être son esclave…
    — Ce ne sont pas toujours les femmes les plus jolies qui attirent l’amour et le désir d’un homme, fit Aldo. Ce que je comprends moins c’est pourquoi Caroline se réfugiait à deux pas de cette chose aux dates fatidiques, ajouta-t-il en désignant un divan avec trois coussins et une couverture de fourrure…
    — Pas assez riche pour s’offrir un hôtel ! Et c’est sans doute la raison pour laquelle, ce soir, tu l’as trouvée dans le jardin. Ce que je me demande, en revanche, c’est ce que l’adorateur de cette femme a pu faire de ce foutu joyau et pourquoi il n’a pas accédé à son désir de le lui laisser dans la tombe ?
    — Je suis d’accord avec toi, même si je peux deviner. Le bijou, outre sa beauté, devait garder pour lui l’odeur de sa peau.
    — Ce qui veut dire qu’il a dû le cacher quelque part… à moins que depuis sa mort quelqu’un n’ait réussi à le voler. En tout cas, c’est dommage que Lemercier n’ait eu aucune raison de fouiller la maison et ses dépendances. J’aurais

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