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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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intentions.
    — En ce cas vous allez nous aider, conclut l’homme tandis que son camarade, après avoir vérifié l’identité d’Aldo, actionnait vigoureusement la cloche du perron.
    Morosini se sentit pâlir :
    — Vous avez des nouvelles du colonel ? Il est…
    — Mort, non. Mais il a été transporté il y a deux heures à l’hôpital avec une vilaine blessure à la tête…
    Adalbert prit feu :
    — Et c’est vous que l’on envoie prévenir sa femme ? Lemercier n’aurait pas pu envoyer une voiture ? Cette malheureuse va vouloir se rendre au chevet de son époux. Vous pensiez pouvoir la mettre sur le cadre de votre bicyclette ?
    — Nous, on nous envoie porter les nouvelles mais on n’est pas chargés du transport !
    — Eh bien, c’est une chance que nous soyons là ! conclut Adalbert en s’extrayant de son siège.
    Apparemment, les habitantes de la maison avaient le sommeil plus lourd que prévu. Les agents carillonnèrent un moment avant qu’un volet ne s’entrouvre pour laisser passer la tête enveloppée d’un foulard de Marfa. En constatant qu’elle avait affaire à la police, la grosse femme se hâta de descendre mais en poussant des clameurs qui, succédant au tintement de la cloche, firent apparaître des têtes ébouriffées ou ornées de bigoudis aux fenêtres voisines.
    — Va t’occuper de M me  Karloff ! conseilla Adalbert. Elle aura grand besoin de quelqu’un d’un peu chaleureux. Pendant ce temps, je vais chercher un taxi. Il faudra certainement les emmener toutes deux à l’hôpital et ceci n’est pas un autobus !
    — Entendu.
    Et Aldo emboîta le pas à l’« hirondelle » devant qui l’énorme servante déjà larmoyante ouvrait la porte. Il était temps. Quand ils pénétrèrent dans le couloir d’entrée, M me  Karlova descendait l’escalier en s’accrochant à la rampe et Marfa se ruait sur elle en déversant un flot de paroles en russe entrecoupées de signes de croix qui la firent chanceler. Sans hésiter Aldo la repoussa, s’empara du bras libre de Liouba afin de la soutenir solidement tandis qu’elle descendait les dernières marches. Elle leva sur lui des yeux chargés d’angoisse :
    — Dites-moi la vérité ! Mon Nicolas est mort, n’est-ce pas ?
    — Blessé seulement. Il se peut que ce soit grave, je n’en sais pas plus que vous, mais il vit, soyez-en sûre ! Et on va vous emmener auprès de lui mais demandez un manteau à votre servante : il fait frais ce matin, ajouta-t-il en considérant le léger châle en tricot posé sur ses épaules.
    — Ah oui, je veux bien ! Marfa, s’il te plaît !
    Adalbert fit diligence et reparut quelques minutes plus tard escorté d’un taxi dans lequel Aldo prit place avec les deux femmes – Marfa n’avait rien voulu savoir pour rester à la maison ! –, cela au milieu d’un assortiment de pyjamas et robes de chambre tout bruissant de commentaires, suppositions et chuchotements. Rapidement on fut à l’hôpital proche du marché Notre-Dame et donc pas très éloigné mais, tandis qu’une infirmière emmenait Liouba au chevet de son époux, les autres furent priés poliment mais fermement d’attendre dans la salle prévue à cet effet. Peu désireux d’avoir à subir le lamento de la Russe, Aldo s’apprêtait à proposer à son ami d’aller fumer une cigarette dans la cour quand, avec un ensemble admirable ils se précipitèrent à l’intérieur de la petite pièce vitrée :
    — Angelina ! s’exclamèrent-ils d’une même voix. Mais que faites-vous ici ?
    C’était elle, en effet. Sagement assise sur le bord d’un banc dans son imperméable noir luisant d’eau, elle consacrait toute son attention à ses genoux sur quoi elle lissait ses gants d’un geste machinal. L’irruption des deux hommes la fit sursauter et son visage s’éclaira :
    — Ah, vous êtes là ? J’en suis bien contente, soupira-t-elle.
    — Il ne tenait qu’à vous d’avoir notre compagnie plus tôt ! Est-ce que vous savez que Tante Amélie se fait un sang d’encre et que l’on vous cherche partout ? gronda Aldo.
    — Et d’abord, renchérit Adalbert, comment se fait-il qu’on vous retrouve dans cette salle d’attente ?
    — Oh c’est simple : c’est moi qui ai trouvé le colonel Karloff. Et vous n’imaginez pas à quel point je me tourmente pour lui !
    — On veut bien vous croire mais où l’avez-vous trouvé ? Aux dernières nouvelles vous galopiez sur nos traces !

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