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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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répondre au moindre appel. Débrouille-toi seulement pour ne pas refermer la grille : j’aime de moins en moins escalader les murs…
    Il était un peu plus de dix heures et demie et il tombait des cordes quand les deux hommes identiquement sanglés dans leurs trench-coats aux cols relevés, casquettes en tweed enfoncées jusqu’aux sourcils, quittèrent le Trianon Palace en refusant les services du voiturier.
    — On a besoin de marcher, lui confia Adalbert.
    — Sous la pluie ? Est-ce bien raisonnable ? s’enquit cet homme soucieux du confort de ses clients. Acceptez au moins des parapluies !
    — Rien de ce qui est raisonnable n’est amusant et l’eau du ciel est tonique pour la peau…
    Ce fut mot pour mot ce que lui déclara quelques instants plus tard une silhouette – féminine cette fois ! – emballée de toile cirée noire qui se précipita sur leurs traces. Marie-Angéline avait trouvé suspect la soudaine envie de dormir qui, dès le café avalé, avait expédié Aldo et Adalbert dans leurs chambres respectives avec un ensemble parfait… Il est vrai que le premier avait précisé qu’il comptait écrire une longue lettre à Lisa avant d’aller au lit. Du coup, elle-même se découvrit une brusque migraine nécessitant la prise de comprimés d’aspirine et le repos dans le noir. À quoi M me  de Sommières avait aimablement consenti sans se priver d’ajouter, pas dupe le moins du monde :
    — Mettez un imperméable et des bottes. Je crois qu’il commence à pleuvoir…
    — Nous ne sommes pas trop contrariée de mes absences répétées ? fit Plan-Crépin devenue toute rouge.
    — Vous savez, lorsque je vous ai laissée vous embarquer dans cette histoire d’exposition à laquelle mon neveu et ses chers joyaux seraient mêlés, je me doutais qu’il fallait me préparer à passer quelques soirées solitaires.
    Puis changeant de ton :
    — Où croyez-vous qu’ils aillent ?
    — C’est ce que je voudrais savoir.
    — Moi aussi. Alors n’oubliez pas de passer chez moi en rentrant… et faites attention tout de même !…

CHAPITRE VI
LA MAISON « VISITÉE »
    Le boulevard du Roi ressemblait, sous la pluie, à un long ruban de satin noir, vide et mélancolique. Pas une âme, pas un chat, pas la moindre voiture, pas la plus petite impression de vie ! Même les flaques de lumière au pied des réverbères dont les arbres cachaient les feux avaient quelque chose de surréaliste.
    — Si ce foutu temps continue, elle va être jolie la fête ! marmotta Adalbert qui, en descendant du trottoir, venait de se mouiller un pied jusqu’à la cheville.
    — A-t-on idée aussi de sortir avec des souliers vernis quand il tombe des hallebardes ? reprocha Aldo, confortablement installé sur d’épaisses semelles de crêpe. Je t’ai connu plus pratique…
    — Ce sont les seules à l’exception de mes bottes de chasse dans lesquelles le cor que j’ai au pied droit se sente à l’aise parce qu’elles sont vieilles. Toutes les autres faites cependant sur mesure me font mal dès que j’ai marché un peu longtemps…
    — Trouve-toi un pédicure chinois et ça s’arrangera !
    — J’ai horreur de me faire tripoter les pieds…
    — Alors souffre !
    Quand on eut tourné le coin de la rue où habitait Caroline, les choses ne s’arrangèrent pas. L’eau du ciel s’en donnait à cœur joie et il n’y avait guère d’abri en vue sauf sous la porte d’entrée d’un immeuble à deux étages qui se trouvait à égale distance entre la maison du colonel Karloff – dont on était toujours sans nouvelles ! – et celle de Caroline Autié. Grâce à Dieu, l’embrasure était assez profonde pour qu’Adalbert y fût à peu près protégé de la pluie et pût même s’y asseoir :
    — Ça ira, déclara-t-il. Si tu cries je t’entendrai mais n’oublie pas de laisser la grille ouverte !
    Elle l’était. Aldo n’eut qu’à pousser pour se trouver dans le jardin d’autant plus obscur que, dans la maison, rien n’était allumé. Celle-ci donnait même l’impression d’être abandonnée. Le visiteur fronça le sourcil et chercha instinctivement au fond de sa poche le browning qu’il n’oubliait jamais d’emporter lors des déplacements susceptibles de présenter un danger quelconque, mais se contenta de laisser sa main dessus sans le sortir. Ensuite il avança de quelques pas, entendit soudain :
    — Je suis ici !
    Et, se retournant, il découvrit Caroline assise

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