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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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réchappe, il n’aura plus de moyens d’existence, dit Aldo gravement. Cela devrait vous inciter à fouiller sans attendre notre comparution commune devant l’Éternel ?
    — Mêlez-vous de ce qui vous regarde ! Je connais mon métier.
    Et enfonçant son couvre-chef d’un coup de poing qui ne lui fit aucun bien, Lemercier sortit à grandes enjambées furieuses.
    L’opération terminée, Liouba eut juste le droit d’embrasser le pansement sous lequel disparaissaient les trois quarts de la tête de son époux quand on le ramena dans la chambre particulière qu’Aldo avait obtenue pour lui en déclarant se charger de la totalité des frais. Le blessé était encore sous l’influence du chloroforme. Sa femme ne serait autorisée à le revoir que le lendemain mais comme elle levait sur le chirurgien des yeux délavés par les larmes, il s’efforça de la réconforter :
    — Tout s’est passé mieux que je ne l’espérais étant donné l’état de la blessure. En dépit de l’âge c’est un homme solide pourvu d’un crâne dur et je pense pouvoir vous dire, madame, qu’il a de fortes chances de s’en tirer… Il a surtout besoin de repos maintenant… Vous aussi il me semble ? ajouta-t-il gentiment en retirant avec douceur la main que la pauvre femme venait de baiser sans pouvoir articuler un mot.
    — Soyez tranquille, docteur, intervint Aldo. Je m’en charge et demain je ramènerai M me  Karlova ici. Je passerai ce soir pour avoir des nouvelles.
    De retour à l’hôtel, il trouva M me  de Sommières à demi dissimulée par le journal largement déployé qu’elle tenait devant elle. Elle le jeta à terre en l’entendant entrer :
    — Ah ! fit-elle avec satisfaction. Enfin quelqu’un qui tient debout et avec qui, avec un peu de chance, je vais pouvoir déjeuner.
    — Ce qui veut dire que vous n’avez que moi ? Où sont les autres ?
    — Ils dorment ! Mais tu as peut-être sommeil toi aussi ?
    — Pas trop, non. En revanche, j’ai faim.
    — Alléluia ! Tu es l’homme qu’il me faut !
    Il l’aida à fixer le chapeau sans lequel une dame digne de ce nom ne saurait prendre un repas dans un lieu public. Même s’il s’agissait d’un morceau de feutre ou de velours grand comme un timbre poste. Sortir « en cheveux » était considéré du dernier vulgaire… Le couvre-chef de la marquise était une sorte de plateau en fine paille lavande ornée de roses en soie blanche, le tout assorti à sa robe et à ses gants. En dépit ou peut-être à cause de l’archaïsme voulu de sa toilette, elle avait une allure folle et, en lui offrant son bras Aldo l’en complimenta :
    — Vous avez l’air d’une reine, Tante Amélie !
    C’était aussi l’avis du maître d’hôtel qui les conduisit cérémonieusement à une table près des hautes fenêtres d’où l’on découvrait le jardin à la française précédant les nobles frondaisons du parc royal. Là tout n’était qu’ordre, beauté et paix. En s’asseyant, Aldo eut l’impression de changer de monde et ne retint pas un soupir de satisfaction :
    — On devrait faire ça plus souvent !
    — Quoi donc, mon garçon ?
    — Déjeuner ou dîner tous les deux ! Vous êtes incroyablement réconfortante, chère Tante Amélie !
    — C’est toujours agréable à entendre. Mais donne-moi des nouvelles de ce pauvre Karloff ! A-t-il une chance de s’en tirer ?
    — Le professeur Debray le pense. Reste à savoir s’il n’y aura pas de séquelles…
    — Ce serait affreux ! murmura-t-elle en attaquant sa salade de crabe d’une fourchette délicate. Que vont-ils devenir s’il ne peut plus travailler ?
    — C’est une question que je me poserai en son temps. Depuis que nous nageons dans ce mélange d’horreur et de magnificence, j’ai décidé de m’en tenir à un principe simple : « À chaque jour suffit sa peine. » D’autant qu’il y a aussi la jeune Caroline et sa maison hantée.
    — L’est-elle réellement ?
    — Pour ce que j’ai pu en voir il n’y a pas de doute. De toute façon, nous allons y passer la prochaine nuit, Adalbert et moi.
    — Doux Jésus ! Alors faites en sorte de ne pas emmener Plan-Crépin. Depuis qu’un assassin a entrepris de décimer les Versaillais, elle a toujours l’air de flotter entre deux univers et j’en viens à redouter que le fil ténu qui la rattache à la terre ne vienne à se rompre !
    — Soyez tranquille ! On lui confiera M lle  Autié. Cela

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