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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’en dire plus long ou de mentir. Il se promit d’éviter autant que possible les apartés avec une aussi fine mouche. Mais la première chose à faire en urgence lui semblait d’intimer à Morosini l’ordre de mettre sa lampe sous le boisseau. Cet imbécile rayonnait positivement !… Et en imaginant ce que Lisa penserait en le voyant en ce moment, il sentait monter une pointe de colère qu’il se hâta de juguler. Prendre Aldo de front ne servirait à rien. Il ne le connaissait que trop !
    Quand, le souper achevé on se réunit dans les salons pour offrir à la géniale maîtresse de maison un gigantesque bouquet de fleurs et boire une dernière coupe de champagne, Adalbert attira Marie-Angéline à part mais il n’eut même pas à ouvrir la bouche :
    — Vous, dit-elle en pointant son index sur lui, vous vous faites de la bile.
    — Cela se voit à ce point ?
    — Non, mais moi je vous connais bien… et je connais bien Aldo. Alors je vous dis, cessez de vous tourmenter ! Il n’y a aucune raison !
    — Ah, vous trouvez ? ronchonna-t-il en désignant de la tête la terrasse où Aldo avait réussi à entraîner Pauline.
    Il s’était hâté de profiter du répit offert par Léonora, qui, l’œil farouche, était venue récupérer son chevalier servant.
    — Mais mettez vos lunettes et regardez-les ! Il est en train de tomber amoureux d’elle… si ce n’est déjà fait !
    — Il le croit peut-être mais vous vous trompez ! Il est l’époux de Lisa et il en a profondément conscience.
    Devant une indulgence aussi coupable qu’inattendue chez Plan-Crépin, Adalbert prit feu :
    — Et si je vous disais…
    — Rien ! Je ne veux rien savoir… Sinon ceci : que se produirait-il, selon vous, si à cet instant Lisa faisait dans ce salon l’une de ces apparitions dont elle a le secret ?…
    — Elle serait furieuse.
    — Elle n’en aurait pas le temps ! Aldo se précipiterait vers elle avec son amour au bord des lèvres.
    — Ah, vous le croyez ? C’est parce que vous ne savez pas à quel point Pauline Belmont est exceptionnelle !
    — Lisa aussi est exceptionnelle. Son tort est de ne pas être là !
    — Son… tort ?
    — Eh oui, son tort ! Où était-elle quand Aldo a rencontré cette Pauline ? À Vienne, chez sa grand-mère, en train de fabriquer un petit Morosini j’en conviens mais elle n’était qu’au début de sa grossesse et pouvait parfaitement l’accompagner : il le lui a demandé devant moi et notre marquise. Où est-elle à présent ? Encore en Autriche ou en Suisse à pouponner un bébé en pleine forme qu’elle pourrait sans problème confier à sa grand-mère et à sa fidèle Trudi sans compter une armée de serviteurs. Elle pouvait donc… et je dirais même qu’elle devait accompagner son époux et nous n’en serions pas là ! On n’a pas idée d’être suissesse à ce point ! À quoi cela ressemble-t-il, dites-moi, de laisser galoper seul un homme d’une telle séduction ? En outre, si j’ai bien deviné, elle lui a donné d’autorité le second rang, se déclarant mère avant tout… mais plus son épouse. Ça aussi c’est une faute ! Aldo a besoin d’une femme et si la titulaire déclare forfait… De toute façon, ce ne sera qu’une passade. Alors, fichez-lui la paix !
    — Tudieu, Plan-Crépin ! s’exclama derrière eux M me  de Sommières qu’ils n’avaient pas vue venir. Si c’est le genre de catéchisme que l’on enseigne à la messe de six heures, je me demande si je ne devrais pas vous défendre d’y aller ?
    L’interpellée leva vers le plafond un nez offensé et renifla :
    — Je dis ce que je pense !
    — Et ce n’est pas idiot. Vous me surprenez !… Cela dit, mon cher Adalbert, nous mêler de sa romance ne servirait qu’à braquer notre don Juan. Contentons-nous de veiller au grain mais de loin. Et ne me prenez pas pour une entremetteuse si j’invite Mrs Belmont à déjeuner ou à dîner un jour prochain…
    À la vérité, leurs trois inquiétudes si soucieuses auraient pu entendre ce que se disaient Aldo et Pauline. D’autant qu’ils avaient commencé par ne rien dire. Il lui avait offert une cigarette et tous deux accoudés à la balustrade admirèrent d’abord en silence le parc et les jardins dont les lumières s’éteignaient l’une après l’autre. Comme une lente marée l’obscurité remontait vers eux.
    — Je savais que vous deviez venir, murmura Aldo. Mais pas seule. Vauxbrun,

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