Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
Vom Netzwerk:
bientôt ? Oui, mais quand ? Il avait conservé le silence vingt-cinq ans. Le romprait-il aussi facilement ? Et dirait-il toute la vérité ? Yann était d’un naturel pudique et discret. Peut-être, pour l’épargner, hésiterait-il à lui narrer certains détails concernant le passé de ses parents ? Dahud, au contraire, semblait prête à tout divulguer. Et contrairement au garde forestier, elle était plutôt bavarde.
    – C’est bon, répondit enfin Gwenn. Je vous écoute…
    Dahud épongea de nouveau son visage.
    – Je te dirai tout… Mais pour cela, il faut que je t’emmène là où tout a commencé. Sinon, tu comprendrais pas…
    – Où voulez-vous m’emmener ?
    – À Barenton. C’est là qu’on doit aller, toutes les deux. Tu sauras tout, je te le jure.
    – Très bien. Quand partons-nous ? répliqua la jeune femme, déjà prête à interrompre sa lessive.
    – T’as l’air bien pressée, ma jolie… J’te comprends, remarque… Depuis l’temps que tu t’poses des questions. Mais, vois-tu, Barenton est pas à côté. Quand on avait quinze ans, fallait déjà compter deux bonnes heures de marche. Et j’ai plus quinze ans…
    – Quand, alors ?
    – Demain c’est vendredi. C’est jour sans lessive, tu sais bien, pour pas faire bouillir le sang de Jésus, comme disent les curés. Eh ben, on s’retrouvera à la belle heure, comme àmatin , et on ira toutes les deux à Barenton. Qu’est-ce que t’en dit ?
    – J’accepte. Je vous attendrai demain matin à l’aube, ici même. Et vous me direz tout, n’est-ce pas ? Vous me raconterez l’histoire de mon père et de ma mère…
    – T’en fais pas, fit la vieille avec un sourire énigmatique. J’te cach’rai rien. Et quand tu t’pencheras sur la fontaine de Barenton, tu verras p’t’être tout au fond le visage de tes parents…

49
    Le major Alfred Ernst revenait de son arboretum lorsqu’un sous-officier, talons serrés et bras tendu dans un impeccable salut nazi, lui lança :
    –  Herr Major , une personne est là, qui demande à vous voir d’urgence.
    Le commandant du Point-Clos chassa d’un revers de main quelques feuilles qui s’étaient accrochées à son impeccable uniforme blanc.
    – Une personne ? Et de qui s’agit-il ?
    – Une jeune personne. Une demoiselle.
    La figure de l’Allemand s’éclaira d’un sourire gourmand.
    – Cela devient intéressant. Et cette jeune personne, je la connais déjà ?
    – Oui, Herr Major . Elle est venue visiter votre arboretum le mois passé. Une jeune Française qui résidait dans le château de Ker-Gaël.
    Alfred Ernst émit un petit sifflement admiratif.
    – Tiens, tiens… Si je m’attendais à cela… Les Françaises sont décidément déconcertantes. Et où se trouve-t-elle, cette charmante personne ?
    – J’ai pris la liberté de la faire attendre dans votre bureau, Herr Major …
    – Vous avez bien fait… Laissez-nous seuls, voulez-vous ?
    Le sous-officier rompit son salut et s’exécuta promptement.
    Le major Alfred Ernst prit le temps de rajuster son col de cravate et de boutonner sa veste d’uniforme jusqu’au cou avant de pénétrer dans le bureau où l’attendait Rozenn.
    Il s’approcha d’elle, s’inclina et lui fit galamment un baisemain.
    – Votre visite me ravit autant qu’elle me surprend, mademoiselle… Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes vus. Et encore, si brièvement. Comment se porte votre fiancé si dévoué ?
    – Il est mort hier après-midi, répliqua Rozenn d’un ton glacial. On me soupçonne de l’avoir empoisonné…
    Le major ne put s’empêcher de montrer sa surprise.
    – Mes condoléances, mademoiselle, dit-il en saisissant la main froide de la jeune fille. Mais, sans indiscrétion, cet empoisonnement…
    – Je n’y suis pour rien. Mais si je l’avais pu, je n’aurais pas hésité. Nos fiançailles étaient rompues. Philippe m’était infidèle. J’ai enfin réalisé qu’il ne m’avait jamais aimée. Il s’est joué de moi.
    L’Allemand prit Rozenn par le bras et l’invita à s’asseoir à côté de lui sur le confortable sofa qu’il avait eu soin de faire installer dans le bureau marqué par ailleurs par une impeccable rigueur militaire.
    – Ma pauvre enfant… Les hommes sont parfois bien inconstants. Et ils ne savent pas voir les trésors qu’ils possèdent. Vous être infidèle, à vous, l’exemple même de la grâce féminine et de la noble race celtique ?

Weitere Kostenlose Bücher