Les Mystères de Jérusalem
un signe discret vers *char.
" Pas encore! " murmura-t-il.
Le chevalier ressortit bientôt, très excité.
" Il y a là-dedans des salles en enfilade. On ne peut guère y 7oir sans y porter d'autres brandons, mais c'est la cache parfàite )our y enfouir un trésor. Il faut que vous veniez avec nous, mon )ère. C'est vous qui possédez les indications...
- J'ai entendu un grognement, fit l'un des croisés qui l'avait tccompagné
et se montrait moins assuré que son seigneur.
- Le grognement de tes tripes! ricana Godefroy.
- je l'ai entendu aussi, protesta l'autre croisé. Il pourrait très )ien y avoir une bête qui ait fait là sa tanière.
- C'est juste, fit un troisième.
- Alors entrons tous et avec les armes, déclara le chevalier. qous aurons ainsi plus de courage pour rugir s'il est besoin! De oute manière, il nous faudra des mains pour transporter les ingots... "
Le père Nikitas se tourna vers Achar avec son sourire si tendre *t, tandis que les autres s'équipaient, le poussa un peu plus loin.
" Reste ici. Demeure hors de cette grotte, mon fils...
- je ne vais pas vous abandonner., mon père! Le chevalier t'est pas...
- Tais-toi et écoute-moi attentivement, Achar! ¿ l'heure qu'il est, les rouleaux que j'ai retirés des cendres de la Grande Synagogue sont eux aussi devenus cendres, comme l'a voulu le nouveau patriarche de Jérusalem... Tu sais o˘ sont nos copies. S'il devait advenir quelque chose de néfaste dans cette aventure...
- Mais, mon père... "
La main du père Nikitas se ressssaient aux manuscrits anciens connaissaient Abraham Firkowitch!
- qui était-ce?
- L'un de mes ancêtres! Un rabbin caraÔte de Crimée. C'est lui qui a découvert la Guénizah du Caire, l'un de ces fameux cimetières de livres.
Comme vous le savez, chez lesjuifs, on n'a pas plus le droit de détruire les dépouilles des livres que celles des hommes.
Le serveur déposa le café devant elle, mais elle tourna la tasse d'un geste lent et ajouta :
- Deux grandes bibliothèques rassemblées par mon ancêtre font actuellement partie des collections hébraÔques de la Bibliothèque nationale Saltykov-Schtchedrin de Saint-Pétersbourg.
- Comment avez-vous connu Sokolov?
- Oh, de la manière la plus banale qui soit! Il a épousé ma grand-mère Firkowitch en secondes noces. Il était alors passionné de manuscrits anciens. Puis, les temps ont changé...
J'hésitai à poser la question, mais ma curiosité fut plus grande que ma prudence.
- Pourquoi l'avez-vous tué?
Ce fut à peine si elle cilla.
- Parce que l'argent était devenu pour lui la chose la plus importante. Il s'apprêtait à vendre certains documents auxquels je tenais beaucoup.
je l'interrogeai du regard.
- Des documents importants, pour nous, les caraites, poursuivit-elle d'un ton qui signifiait qu'elle n'en dirait pas plus.
Décidément, cette jeune femme me troublait. Son visage large mais gracieux était sublimé par l'éclat de la peau, presque transparente sous un casque de cheveux d'une insolente blondeur. Ses yeux, très écartés, aux iris violets, me fascinaient. Soudain elle déclara, d'une voix o˘, cette fois, perçait la dureté :
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- je sais que vous avez trouvé quelque chose d'important à Massada.
Mon silence stupéfait fut pire qu'un aveu. Peu importe comment je le sais, ajouta-t-elle. Rien d'extraordinaire, balbutiai-je. Vous mentez. Pourquoi mentirais-je?
Elle rit et à nouveau redevint enjôleuse.
- Parce que vous avez peur.
Elle avait raison. Tout à coup je pensai au manuscrit enfermé chez moi et fus pris de panique. Cette femme n'était-elle pas en train de me divertir avec sa beauté alors que l'on mettait mon appartement à sac pour me voler les bandes de cuir?
- En quoi cela vous intéresse-t-il tant, ce que l'on a pu trouver à
Massada? demandai-je, cherchant ma monnaie pour régler les consommations.
- Vous partez ?
- Excusez-moi, j'ai un rendez-vous urgent. Vous n'avez pas répondu à ma question.
Elle se leva en même temps que moi.
- Vous détenez un secret. Un secret précieux pour nous, les caraites. Il vaut beaucoup plus que tout l'or du monde.
- je ne vois pas à quoi vous faites allusion.
- Mais si. Sinon, vous ne seriez pas en train de me fuir.
Elle me jeta un coup d'oeil amusé.
- je ne vous veux aucun mal, bien au contraire!
Elle posa sa main sur mon bras. Sa cicatrice si fine sur sa peau appelait la caresse.
- Nous pourrions nous revoir, dîner ensemble! Ce soir, si vous voulez.
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