Les Mystères de Jérusalem

porte en soi la chair de l'autre, pouvoir respirer son parfum avant même d'affronter la folie permanente du monde?
    ¿ moins que ce ne soit l'effet des mystères de Jérusalem qui courait encore dans ses veines, à la manière d'une ivresse dont il ne se déferait jamais?
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    quoi qu'il en soit, immense était le chenuin -parcouru depuis la dernière fois qu'il avait conduit le Windstar - heureusement dédaigné par Suzan! -
    jusqu'à Little Odessa.
    ¿ dire vrai, il ne cessait de découvrir en lui un autre Tom Hopkins, plus s˚r, plus apaisé. Moins soucieux de victoires et moins gonflé de certitudes. D'ailleurs, depuis combien de temps n'avait-il plus éprouvé le besoin de citer Luc et son grand-père?
    Alors qu'ils approchaient de Sheepshead Bay, il se souvint de la pensée, surprenante pour lui-même, qui lui était venue alors qu'avec Orit ils accompagnaient Marek à l'aéroport de TelAviv. Dans l'émotion de l'au revoir, il s'était entendu dire: "J'ai l'impression bizarre d'être né une seconde fois ici, àjérusalem. "
    Marek n'avait pas ri. Un sourire amical était apparu dans sa barbe impeccablement peignée.
    " je vous l'avais dit, nul ne revient de Jérusalem pareil à luimême. "
    Marek avait ajouté, les mains d'Orit dans les siennes et alors que tous deux se contemplaient comme s'ils partageaient un secret encore inconnu de lui :
    " Prenez soin d'Orit. Elle est unique. "
    Le plus drôle était que, oui, maintenant, il se sentait tout à fait capable de prendre soin d'elle.
    - Brighton Beach Avenue! s'exclama Orit, le tirant de ses pensées. Je viens de voir la plaque. Alors, c'est ça, nous sommes dans Little Odessa?
    - Exact.
    Elle scruta les immeubles gris dont même la lumière du printemps ne parvenait pas à masquer la pauvreté et le délabrement, puis hocha la tête, incrédule.
    - Dire que c'est là que tout a commencé... Tu ne crois pas que nous aurions quand même d˚ l'appeler?
    Tom secoua la tête, roula lentement jusqu'au 208 et désigna la boutique du pressing.
    - question de sécurité... «a a l'air d'être ouvert. je me gare dès que je le peux. Regarde s'il y a quelqu'un à l'intérieur.
    - je ne vois rien, dit Orit en scrutant au passage la porte ouverte de la boutique.
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    I
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    Moins d'un quart d'heure plus tard, Tom portant la mallette métallique achetée à Jérusalem, ils entrèrent dans le pressing. Une machine tournait, mais il n'y avait pas de client. Mme Adjashliv* occupée à étiqueter des vêtements avant de les placer sur des cintres, leur tournait le dos.
    Lorsqu'elle leur fit face, Tom la reconnut telle qu'elle était ej dans sa mémoire, avec ses cheveux courts, bouclés et d`à blancs. Peut-
    être avait-elle maigri. Elle aussi le remit aussitôt.
    - Ah, dit-elle dans un souffle.
    Puis ses yeux se portèrent sur Orit qui lui souriait et qui, pour la première fois depuis que Tom la connaissait, semblait intimidée.
    - je suis content de vous revoir, madame Adjashlivi.
    Elle opina à peine par politesse et demanda aussitôt
    - Alors? Vous avez fait? La mémoire de Aaron, vous avez fait ?
    - Oui, madame Adjashlivi. je crois qu'on peut dire oui.
    Les larmes brillèrent dans ses yeux. Elle attira un tabouret à elle et s'assit, les bras posés sur le comptoir. Elle secoua la tête et regarda à
    nouveau Tom, qui ajouta :
    - Celui qui a tué Aaron, Monya et votre mari est mort. je peux vous assurer que maintenant plus personne ne vous embêtera.
    Cette fois, les larmes coulèrent sur ses joues.
    - Faut pardonner. C'est fort, murmura-t-elle, cherchant à reprendre son souffle. J'étais pas s˚re, alors c'est fort pour le coeur...
    - je comprends bien, dit Tom en tendant une main qu'elle saisit aussitôt.
    - Béni soit l'…ternel! Il a voulu! Béni soit Son nom. J'avais peur pour vous ... J'avais peur... Mais je disais, non! Lui, il fera. Ou* j'ai toujours cru.
    Tom rosit sous le compliment. Il désigna Orit
    - je vous présente Orit Carmel. Elle est israélienne et vit à Jérusalem.
    Elle aussi a beaucoup fait pour la mémoire d'Aaron.
    Mme Adj ashlivi opina comme si elle approuvait, entre rires et sanglots.
    Elle finit par l‚cher la main de Tom pour tirer un grand mouchoir de sa blouse et s'essuya les yeux.
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    Il souleva la mallette et la déposa sur le comptoir.
    - Nous vous avons apporté quelque chose, madame Adjash‚vi- quelque chose qui vous revient.
    Orit fit claquer les charnières. Dans l'écrin de mousse grise, enveloppé
    d'un papier fin