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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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    Lors des Pâques de l’an 1346, et sous un nom d’emprunt, Ogier d’Argouges arrive à Chauvigny pour participer aux joutes et au tournoi qui rassemblent chaque année, au bord de la Vienne, les meilleurs chevaliers du royaume. En se rendant à la montre des heaumes et des targes armoriées, prélude aux affrontements du champ clos, le jeune seigneur normand vient en aide à une passante agressée par un satellite de Richard de Blainville, son ennemi juré. La grâce et la beauté de cette jouvencelle font plus que le séduire : elles l’éblouissent.
    Fille d’Herbert III Berland, seigneur des Halles de Poitiers, Blandine se montre sensible à l’intervention d’un inconnu vêtu sans la moindre recherche ainsi qu’aux sentiments qu’il ne tarde pas à lui révéler.
    L’adresse et l’énergie qu’Ogier déploie aux joutes contribuent à sa victoire inattendue et incontestable. Il s’attire immédiatement quelques haines, en particulier celle de Guichard d’Oyré qui le fait incarcérer dans un souterrain du château d’Angle-sur-l’Anglin après lui avoir brisé une jambe.
    Grâce à la complicité d’un clerc, frère Isambert, qu’il a connu dans sa jeunesse, et avec l’aide d’un prisonnier anglais, Hugh Calveley, Ogier parvient à s’évader. Un médecin de Chauvigny, Benoît Sirvin, sauve in extremis sa jambe rompue.
    Après de pénibles adieux à Blandine, Ogier rejoint le duc d’Alençon, frère puîné du roi de France, afin de le mettre en garde contre les agissements de Richard de Blainville, favori de Philippe VI, qui trahit son bienfaiteur au profit d’Édouard III. C’est ce même Blainville qui, après la bataille de l’Écluse, le 24 juin 1340, a fait porter la responsabilité de la défaite à Godefroy d’Argouges, père du jeune chevalier, et obtenu sa dégradation. Les lions d’or figurant sur l’azur des armes familiales ont été diffamés, c’est-à-dire privés de leur queue en panache.
    Emporté dans le flot d’une grande armée lancée à la poursuite du roi d’Angleterre et de ses compagnies débarquées à la Hogue-Saint-Vaast, Ogier s’est élancé sur la pente du Val-aux-Clercs, à Crécy (26 août 1346) avec son écuyer, Thierry Champartel. S’ils ne sont pas parvenus à sauver le duc d’Alençon, ils ont secouru efficacement Philippe VI qui les a distingués. Survivants de cette immense tuerie, ils ont suivi le roi au château de la Broye et là, preuves en main, Ogier a démontré la félonie de Blainville avant de l’occire à l’issue d’un combat difficile. Devenu instantanément le champion du roi, le jeune Normand a reçu des lettres de rémission selon lesquelles les lions des Argouges et Godefroy, le vieux chevalier honni de tous en Cotentin, recouvraient leur intégrité, l’honneur et la bienveillance royales.
    Dès lors, Ogier n’a plus qu’un désir : revoir Blandine, convaincre Herbert III Berland, qui ne l’aime point, de son honnêteté, de sa noblesse et de l’intérêt que le roi lui témoigne. Il ne doute pas d’épouser la pucelle quels que soient les moyens qu’il emploiera pour y parvenir.
    Après un court séjour à Gratot, la demeure familiale, le temps d’assister au mariage de sa sœur Aude et de Thierry, il repart pour le Poitou en compagnie de quelques hommes d’armes. Le père de Blandine, qu’il a vaincu dans la lice de Chauvigny, lui pardonnera-t-il sa déconvenue ? Quels lieux, quelles cités dévastent les Anglais qui se sont répandus en Saintonge ? Il est possible que Poitiers soit menacé. Or, Blandine a dû quitter Chauvigny pour réintégrer, dans cette ville, la grande et austère demeure de ses parents.

PREMIÈRE PARTIE LE MIEL ET LE FIEL

I
    Négligeant le heurtoir trop bruyant, Ogier d’Argouges, du crochet de l’index, tapota la porte de chêne noir rehaussée d’octogones. Elle s’ouvrit presque aussitôt. La vieille servante muette eut un sursaut et fronça les sourcils quand, sa révérence accomplie, elle aperçut derrière le visiteur les six hommes d’armes en compagnie desquels il avait chevauché.
    — Le maître est-il présent, dame Odile ?
    Un signe de tête. À l’ébahissement de ce maigre fantôme noir à face plate et pâle succédait déjà cette sérénité sans fissure dont il s’était accommodé trois mois durant et qui dissimulait, soit un certain mépris à son égard, soit une irréparable aversion pour son sexe. Il se détourna :
    — Pied à terre,

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