Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812
sépulture soient convoqués tous les prêtres de cette ville de Montfalcon et de Raucoules et du Pailhet lesquels seront tenus de dire à haute voix le psautier ainsi qu'il est accoutumé et après ledict psautier veux qu'ils disent les litanies et là où on dit ora pro nobis, ils diront ora pro eo.
Suivent, pendant quatre pages, l'ordre de son convoi ; les noms des amis qu'il prie d'y assister, le nombre de messes qu'il requiert—autant qu'il aura vécus d'ans «en ce misérable monde»—et jusqu'à la décoration de l'église où il ordonne «qu'il soict faict lume de six livres de cire tant en quatre petites torches qu'en autres chandelles tellement que tout le chandellier neuf soit garny».
La question des legs était plus brièvement traitée ; il laissait sa femme usufruitière de ses biens, lui donnait ses joyaux, anneaux, ceintures, et une tasse martellée ; abandonnait au curé de Montfaucon une partie de sa garde-robe «comme robe,pourpoint, chausses et une bonne chemise» ; ses fils héritaient chacun de cent livres et ses filles de dix sols tournois ; enfin, à tous les membres de sa famille et à ses amis il léguait «trois aulnes de bon mandel noir» pour porter son deuil, avec cette originale restriction que la qualité de l'étoffe devait varier entre trente et cinquante sols l'aune, suivant le degré de parenté.
Le fils aîné de Denis Des Roys, Antoine, fut à la fois l'exécuteur et le légataire universel de ce bizarre testament. Après avoir fait ses études de droit comme son père, il fut reçu licencié, titre auquel tous tenaient beaucoup puisqu'il est mentionné dans leurs contrats jusqu'au milieu du xviiie siècle. Il épousa, le 21 juin 1533, Marguerite de Baulmes et de Jussac, fille de Charles et d'Anne de Meyre [Contrat passé à Baulmes (paroisse de Saint-André et diocèse de Valence) ; témoins : Arnaud de la Rochaing, écuyer ; Guillaume de Montagnet, seigneur de Montguérin ; Jehan des Champs (de Campis), lieutenant de Mautfaucon ; Jehan des Roys (de Regibus) ; noble Antoine de Bronac. La présence de ce dernier parmi les témoins prouve que les Des Roys devaient tenir un certain rang dans la ville, car les Bronac, coseigneurs de Mautfaucon et de Vazeilles, étaient considérés alors comme de hauts personnages.
Charles de Jussac, écuyer, seigneur de Baulmes et de Jussac (canton de Retornac). De son mariage avec Anne de Meyre il eut deux filles religieuses : Anne et Alice ; un fils, Gaspard, mort sans postérité ; deux fils : Bernard et Jean, prêtres ; une fille Isabeau, mariée à Arnaud de la Rochaing ; une autre enfin, devint la femme d'Antoine Des Roys. À la mort de Charles de Baulmes, tous ses biens revinrent à sa fille Marguerite, dont Antoine hérita.].
Seuls de tous les Des Roys, Antoine connut des jours mouvementés : nommé en 1542 lieutenant criminel au bailliage de Velay, il fut victime d'une erreur judiciaire,qui lui valut en 1552 d'être condamné en cour du parlement de Toulouse au bannissement perpétuel et à la confiscation de ses biens.
Il aurait, paraît-il, après avoir fait arrêter de faux monnayeurs, profité de leurs dépouilles avec quelques-uns de ses collègues qui partagèrent son sort. L'affaire demeure assez mystérieuse, mais il semble avoir été dénoncé à tort par des ennemis. Quoi qu'il en soit, il fut réhabilité publiquement en 1558 et rentra en possession de son titre.
À sa mort, survenue entre 1575 et 1583, il ne laissait pas d'enfants et institua comme héritier son neveu Sébastien, fils de son frère Pierre. Celui-ci eut alors à soutenir un long procès contre les frères et sœurs de Marguerite de Jussac, qui réclamèrent la restitution des biens de Jussac et de Baulmes dont ils prétendaient qu'Antoine ne pouvait disposer par suite de sa condamnation. Finalement, après dix-sept ans de plaidoiries et d'appels il obtint gain de cause ; pourtant il se défit bientôt de ces terres qui lui avaient coûté tant de mal, puisqu'en 1636 Jussac, qui relevait de l'évêque du Puy, appartenait à Christophe de la Rivoire, sieur de Chadenac.
Après ces années agitées, aggravées encore par la guerre religieuse qui ravagea le pays de 1560 à 1595 et dont le Puy et Montfaucon eurent durement à souffrir, les Des Roys reprennent leur vie monotone et sans histoire. Sébastien, qui avait épousé en 1588 demoiselle Claude de Guilhon [Veuve en premières noces de Denis de Cohacy, procureur royal ; les Guilhon
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