Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812
surprise encore plus singulière : sa fille, mariée à un certain Charles Bouvet, fut la mère de Marie Bouvet, qui devint la femme de Charles-Jacob de Bleschamp, et la grand'mère d'Alexandrine de Bleschamp (1778-1855) ; celle ci, après son divorce d'avec un aventurier nommé Jouberthon, épousa en 1802 Lucien Bonaparte, prince de Canino, frère de Napoléon Ier, dont deux des petits-fils sont le prince Roland Bonaparte et le général Wyse-Bonaparte, actuel ministre de la Guerre des États-Unis d'Amérique, et l'arrière-petite-fille la princesse royale de Grèce. Quant à la fille aînée d'Antoine Grimod, Marguerite, elle fut mariée : 1º à François Mauverney [François Mauverney, receveur du grenier au sel de Saint-Symphorien-le-Château, puis lieutenant criminel et civil de l'élection de Lyon, était fils de Pierre Mauverney, conseiller du Roi, élu en l'élection de Saint-Étienne, et de Jaqueline Dilbert.
Pierre Mauverney était lui-même fils de Jean-Baptiste et de Jeanne Coignet. (Cf. Cab. des titres : pièces originales, vol. 1902.)] dont elle eut une fille, Françoise ; 2º à Charles Gavault, veuf également et père d'un fils, François, qui épousa la fille du premier mariage de sa belle-mère. De cette union naquirent deux filles : l'aînée, Françoise, épousa en 1743 Charles Dareste de la Plagne, dont le fils fut directeur des tabacs à Naples sous le premier Empire et employa Graziella parmi ses cigarières ; la cadette, Marie Gavault épousa, on l'a vu, Jean-Louis Des Roys, et leur fille, Alix, fut la mère de Lamartine.
Par les Grimod, celui-ci se trouvait donc allié par le sang à Grimod de la Reynière, à Malesherbes, à Tocqueville, aux Bonaparte, aux Chateaubriand, aux Grammont, aux Lévis, aux de Croy et aux Montmorency.
Cette alliance avec la puissante famille Grimod fut d'ailleurs extrêmement précieuse à Jean-Louis Des Roys lors de son séjour à Paris comme intendant des finances du duc d'Orléans, car les innombrables relations de Laurent de la Reynière lui valurent bientôt un petit cercle assidu aux réceptions de sa femme dans l'appartement qu'elle occupait au Palais-Royal.
Le peu que nous sachions de Mme Des Roys la montre comme une femme pleine de simplicité, vertueuse sans affectation et profondément dévouée aux d'Orléans. «Mme Des Roys, dit Lamartine dans les Confidences, était une femme de mérite ; ses fonctions dans la maison du premier prince du sang attiraient et groupaient autour d'elle beaucoup de personnages célèbres à l'époque. Voltaire, à son court et dernier voyage à Paris qui fut un triomphe, vint rendre visite aux jeunes princes : ma mère, qui n'avait que de sept à huit ans, assista à la visite...
D'Alembert, Laclos, Mme de Genlis, Buffon, Florian, l'historien anglais Gibbon, Grimm, Morellet, Necker, les hommes d'État, les gens de lettres, les philosophes du temps vivaient dans la société de Mme Des Roys.» À part le détail touchant Voltaire, ceci est suffisamment vérifié par les mémoires de Mme de Genlis, sa perfide rivale, obligée de convenir elle-même de la réputation de Mme Des Roys auprès de la société de leur temps.
En 1773, à la naissance du duc de Valois, qui deviendra Louis-Philippe, Mme Des Roys avait été nommée sa gouvernante, sous le contrôle de la vieille marquise de Rochambeau, et cette faveur fut l'origine de la rancune tenace que lui voua la vindicative Mme de Genlis. La belle Félicité, alors maîtresse en titre du duc de Chartres et son Égérie, avait ambitionné ce poste qui aurait au moins donné quelque excuse à sa présence perpétuelle auprès des princes, mais la duchesse s'y opposa. Sans égards à la bienveillance dont Mme Des Roys avait jadis fait preuve envers elle, puisqu'elle lui devait d'être entrée au service de la famille d'Orléans sur la recommandation de Grimod de la Reynière son cousin, elle commença une violente campagne contre sa bienfaitrice et l'accusa auprès du duc d'élever ses fils dans les idées philosophiques de ses amis les plus habituels. Indignée, la bonne Mme Des Roys, qui, jusqu'alors avait traité de calomnie la liaison de Mme de Genlis et du duc de Chartres, en profita pour fermer sa porte à la dangereuse créature en même temps qu'à Grimod de la Reynière qui avait pris parti contre elle [Cf., sur les suites de cette brouille entre Grimod de la Reynière et sa cousine, «copie d'une lettre de M. Grimod de la Reynière, négociant à Lyon, etc.,
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