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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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à
traîner sur les routes jour après jour jusqu’à ce qu’ils meurent tous l’un
après l’autre : un enfant retrouvé froid et sans vie par un matin de gel,
un autre trop étiolé pour lutter contre une fièvre, Ellen violée et tuée par
une canaille de passage comme William Hamleigh, et Tom lui-même s’amaigrissant
sans cesse jusqu’au jour où, trop faible pour se lever le matin, il resterait
couché sur le sol de la forêt en attendant de glisser dans l’inconscience.
    Ellen,
naturellement, le quitterait avant que cela arrive. Elle regagnerait leur
grotte, où il y avait toujours un tonneau de pommes et un sac de noix, de quoi
nourrir deux personnes jusqu’au printemps, mais pas cinq. Tom en aurait alors
le cœur brisé.
    Il se
demandait comment allait le bébé. Les moines l’avaient baptisé Jonathan. Tom
aimait ce nom. D’après le moine au fromage, cela voulait dire don de Dieu. Tom
se représentait le petit Jonathan, rouge, fripé et chauve, comme il était né.
Il avait dû changer aujourd’hui : il devait déjà être plus grand et ses
yeux plus ouverts. Tom espérait que les moines le soignaient bien. Le moine au
fromage lui avait donné l’impression d’un être bon et capable. De toute façon,
ils s’occuperaient certainement mieux du bébé que Tom, qui n’avait ni toit ni argent.
Si jamais je deviens le maître d’un grand chantier de construction et que je
gagne mes quatre shillings par semaine plus le défraiement, je donnerai de
l’argent à ce monastère, songea-t-il.
    Ils
débouchèrent de la forêt et, peu après, arrivèrent en vue du château.
    Ils
prirent un sentier qui traversait les champs nus. Martha et Jack aperçurent
soudain un oiseau blessé et tous s’arrêtèrent pour regarder. C’était un
roitelet, si petit qu’ils auraient pu facilement ne pas le remarquer. Comme
Martha se pencha vers lui, il s’éloigna en sautillant, incapable de voler. Elle
le ramassa, abritant dans ses mains la minuscule créature.
    « Il
tremble ! dit-elle. Je le sens. Il doit avoir peur. »
    L’oiseau,
sans faire la moindre tentative pour s’échapper, restait immobile dans les
mains de Martha. « Je crois, dit Jack, qu’il a une aile cassée.
    — Laisse-moi
voir » intervint Alfred. Il lui prit l’oiseau. « Nous pourrions le
soigner, dit Martha.
    — Non,
sûrement pas », dit Alfred. D’un geste vif de ses grosses mains, il tordit
le cou de l’oiseau.
    « Oh !
Au nom du ciel ! » fit Ellen.
    Martha
éclata en sanglots pour la seconde fois ce jour-là. Alfred éclata de rire et
laissa tomber l’oiseau par terre. Jack le ramassa. « Mort, annonça-t-il.
    — Qu’est-ce
qui te prend, Alfred ? dit Ellen.
    — Rien
ne le prend, dit Tom. L’oiseau allait mourir. »
    Il reprit
sa marche et les autres suivirent. Ellen une fois de plus était furieuse contre
Alfred, et cela agaçait Tom. Pourquoi tant d’histoires à propos d’un fichu
roitelet ? Ellen avait dit : Quand il s’agit d’Alfred, tu es aveugle.
    Le pont de
bois qui franchissait la douve pour donner accès au corps de gardes semblait
fragile et branlant, mais sans doute le comte l’aimait-il ainsi :
l’ouvrage offrait un moyen d’accès pour les agresseurs et plus il était facile
à démolir, plus le château était en sûreté. Les murs du périmètre formés de
terre comprenaient à intervalles réguliers des tours de pierre. Devant eux, se
dressait un corps de garde en pierre, comme deux tours réunies par un chemin de
ronde. Il y a de la maçonnerie ici, songea Tom ; ça n’est pas un de ces
châteaux tout de boue et de bois. Demain, je pourrais bien me retrouver au
travail. Il se rappelait le contact de bons outils dans ses mains, le
crissement du ciseau sur un bloc de pierre, la sécheresse de la poussière dans
ses narines. Demain soir j’aurai peut-être le ventre plein de nourriture que
j’aurai gagnée, et non mendiée.
    Son œil de
maçon remarqua vite que les remparts du corps de garde étaient en mauvais état.
Certaines des grosses pierres étaient tombées, il y en avait d’autres
descellées dans l’arche de la porte.
    Deux
sentinelles montaient la garde, aux aguets. Peut-être s’attendait-on à une
attaque. L’un des soldats demanda à Tom ce qui l’amenait.
    « Je
suis maçon, et j’espère être engagé pour travailler à la carrière du comte,
répondit-il.
    — Il
faut voir l’intendant, répondit la sentinelle. Il s’appelle Matthew. Tu le
trouveras

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