Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
son enfant avant tout le reste ? Tom craignait qu’Ellen le quittât.
    Ils
vivaient ensemble depuis une semaine. Sept jours de désespoir et sept nuits de
bonheur. Chaque matin, Tom s’éveillait, heureux et optimiste. A mesure que la
journée passait, la faim le tenaillait, les enfants se fatiguaient et Ellen
devenait morose. Certains jours, ils trouvaient de quoi manger – comme lorsqu’ils
avaient rencontré le moine et son fromage – et certains jours ils mâchaient des
tranches de venaison séchées au soleil provenant des réserves d’Ellen. C’était
comme de la peau de daim, mais avaient-ils le choix ? Lorsque la nuit
tombait, Tom et Ellen s’allongeaient, gelés et misérables, et se serraient l’un
contre l’autre pour se réchauffer ; puis, au bout d’un moment, ils
commençaient à se caresser et à s’embrasser. Au début, Tom se montrait
impatient, mais elle refusait avec douceur ses avances trop précises :
elle voulait prolonger les jeux et les baisers. Il céda et s’en trouva
enchanté. Il explorait hardiment le corps de la jeune femme, la caressant comme
il n’avait jamais caressé Agnès. Certaines nuits, ils riaient ensemble, la tête
sous leurs manteaux. A d’autres moments, la tendresse l’emportait. Une nuit où
ils étaient seuls dans l’hôtellerie d’un monastère, les enfants plongés dans un
lourd sommeil, elle prit l’initiative, lui montrant comment l’exciter davantage
et il obéit, surpris et enflammé par son impudeur. Après, ils sombraient dans
un sommeil profond et réparateur, la peur et la colère de la journée emportées
par l’amour.
    Midi
approchait. Tom estima William Hamleigh suffisamment loin, et décida de faire
halte. Ils n’avaient pas d’autre nourriture que la venaison séchée. Toutefois,
le matin, ils avaient quémandé du pain dans une ferme isolée, et la femme leur
avait donné un peu de bière dans une grande bouteille en bois sans bouchon,
qu’elle leur avait permis de garder. Ellen avait mis de côté la moitié de la
bière pour le dîner.
    Tom
s’assit sur une large souche, Ellen auprès de lui. Elle but une gorgée de bière
et lui passa la bouteille. « Veux-tu de la viande aussi ? »
demanda-t-elle.
    Il secoua
la tête et but un peu de bière. Il aurait volontiers tout avalé, mais il
fallait penser aux enfants. « Garde la viande, dit-il à Ellen. On nous
donnera peut-être à souper au château. »
    Alfred
porta la bouteille à ses lèvres et la vida.
    Jack fit
la moue et Martha éclata en sanglots. Alfred leur lança un drôle de petit
sourire.
    Ellen
attendit en vain la réaction de Tom et observa : « Tu ne devrais pas
laisser Alfred faire ça.
    — Il
est plus grand qu’eux, répliqua Tom en haussant les épaules. Il a besoin de
davantage.
    — De
toute façon, il a toujours une grosse part. Il faut bien que les petits mangent
aussi.
    — On
ne va pas perdre notre temps à intervenir dans les querelles d’enfants »,
dit Tom.
    La voix
d’Ellen se durcit. « Tu veux dire qu’Alfred peut malmener les petits
autant qu’il veut, et que tu ne feras rien ?
    — Il
ne les malmène pas, protesta Tom. Les enfants, ça se bat toujours. »
    Elle
secoua la tête, déconcertée. « Je ne te comprends pas. A tous égards, tu
es bon. Mais quand il s’agit d’Alfred, tu deviens aveugle. »
    Pour ne
pas lui déplaire, Tom céda : « Eh bien, donne un peu de viande aux
petits. »
    Ellen
ouvrit son sac, l’air sombre. Elle découpa une bande de venaison séchée pour
Martha et une autre pour Jack. Alfred tendit la main, mais Ellen l’ignora. Tom
en fut contrarié. Alfred ne pensait pas à mal, mais Ellen ne le comprenait pas.
C’était un grand gaillard, songea Tom avec fierté, il avait bon appétit et le
sang vif : ce n’était pas un péché !
    Ils se
reposèrent un moment puis reprirent leur marche. Jack et Martha allaient en
tête, mâchouillant leur viande racornie. Ils s’entendaient bien malgré leur
différence d’âge : Martha avait six ans et Jack sans doute onze ou douze.
Martha admirait Jack et lui semblait apprécier l’expérience nouvelle d’avoir
une compagne de jeux. Malheureusement, à la surprise de Tom, Alfred n’aimait
pas Jack.
    Tom
refusait de s’inquiéter. Ce n’étaient que de jeunes garçons. Il avait trop de
soucis pour s’occuper des disputes d’enfants. Son obsession, c’était de trouver
du travail. Parfois il se désespérait en secret. Peut-être continuerait-il

Weitere Kostenlose Bücher