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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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avant de poser son poids dessus. Chaque pas de cette
périlleuse descente l’approchait du sommet du tas de décombres. A mesure qu’il
progressait, les tronçons semblaient rapetisser comme si la partie intérieure
de l’escalier avait davantage souffert. Il posa un pied chaussé de sa botte de
feutre sur un bout de bois pas plus large que son orteil et, au moment de
s’appuyer dessus, il glissa. Le tronçon plus large sur lequel reposait son
autre pied céda sous le poids. Jack essaya de se retenir par les mains, mais
les prises étaient si petites qu’il ne put s’y cramponner et, terrifié, il
glissa de son perchoir précaire et tomba dans le vide.
    Il
atterrit brutalement sur les mains et sur les genoux au milieu du tas de
décombres. Un instant, il se crut mort ; puis il se rendit compte qu’il
avait eu la chance de bien tomber. Ses mains lui faisaient mal et il devait
avoir les genoux complètement écorchés, mais il était sain et sauf. Peu après
il déboulait le tas de pierres et sautait à terre.
    Sauvé !
    Le
soulagement lui rendait les jambes molles. Il en aurait pleuré. Quelle aventure
il venait de vivre ! Quelle fierté d’en avoir réchappé !
    Mais ce
n’était pas encore fini. D’ici, on ne sentait qu’une vague odeur de fumée et le
grondement de l’incendie, si assourdissant sous le toit faisait maintenant
l’effet d’un vent soufflant au loin. Seule la lueur rougeâtre derrière les
fenêtres attestait que l’église était en feu. Néanmoins, ces dernières
secousses avaient dû troubler le sommeil de quelqu’un et à tout moment un moine
à moitié endormi pouvait surgir du dortoir pour vérifier s’il avait rêvé ou
s’il s’agissait bien d’un tremblement de terre.
    Jack avait
mis le feu à l’église, un crime abominable aux yeux d’un moine, il ne lui
restait plus qu’à s’enfuir et vite. Il courut à travers champs jusqu’à
l’hôtellerie. Tout était calme et silencieux. Il s’arrêta devant la porte, hors
d’haleine. S’il entrait, haletant de la sorte il allait tous les réveiller. Il
essaya de reprendre son souffle, mais sans succès. Il allait devoir rester ici
jusqu’à ce que sa respiration fût redevenue normale.
    Une cloche
retentit, déchirant le silence, avec persistance : l’alarme sans doute.
Jack se figea sur place. S’il entrait maintenant, ils sauraient. Mais s’il
demeurait là…
    La porte
de l’hôtellerie s’ouvrit sur Martha. Jack la dévisagea, terrifié.
    « Où
étais-tu ? chuchota-t-elle. Tu sens la fumée. »
    Un
mensonge plausible vint à l’esprit de Jack. « Je viens de sortir, dit-il.
J’ai entendu la cloche.
    — Menteur,
dit Martha. Tu es parti depuis une éternité. Je le sais, j’étais
réveillée. »
    Il comprit
qu’il ne la duperait pas. « Y avait-il quelqu’un d’autre de
réveillé ? demanda-t-il inquiet.
    — Non,
rien que moi.
    — Ne
leur raconte pas que j’étais sorti. S’il te plaît ! »
    Elle
perçut la peur dans sa voix et d’un ton apaisant : « Bon, je garderai
le secret. Ne t’inquiète pas.
    — Merci ! »
    Puis Tom
émergea en se grattant la tête. Jack eut peur. Qu’allait-il penser ?
    « Qu’est-ce
qui se passe ? s’enquit Tom d’une voix endormie. Il huma l’air. Ça sent la
fumée. »
    D’un bras
tremblant Jack désigna la cathédrale. « Je crois… », dit-il, puis il
avala sa salive. Il se rendit compte avec un immense soulagement que tout irait
bien. Tom se dirait que Jack venait de se lever, comme Martha. D’un ton plus
assuré cette fois, Jack reprit : « Regarde l’église. Je crois qu’elle
est en feu. »
     
    Philip
n’était pas encore habitué à dormir seul. Bien des choses lui manquaient :
l’atmosphère confinée du dortoir, les ronflements et les remuements des autres
dormeurs, le fait d’être dérangé quand un des moines plus âgés se levait pour
aller aux latrines (suivi en général par d’autres anciens, procession régulière
qui amusait toujours les jeunes). La solitude ne gênait pas Philip le soir
quand il rentrait dans sa chambre, épuisé de fatigue ; mais, au milieu de
la nuit, après l’office, il avait du mal à retrouver le sommeil. Au lieu de
regagner le grand lit douillet (il était un peu embarrassé de voir combien il
s’était vite habitué à ce confort-là), il ranimait le feu et se mettait à lire
à la lueur d’une chandelle ou bien s’agenouillait pour prier, ou simplement
restait assis à

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