Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
mangèrent
un peu de pain rassis. Alfred, comme d’habitude, emporta avec lui le reste du
pain que Jack espérait qu’on lui laisserait.
    Pendant
que Tom et son fils travaillaient toute la journée sur le chantier, Jack et
Ellen allaient parfois dans la forêt. Ellen tendait des pièges tandis que Jack
chassait le canard à la fronde. Ce qu’ils prenaient, ils le vendaient aux
villageois ou au cellérier, Cuthbert. C’était leur seule source de revenu,
puisque Tom n’était pas payé. Avec l’argent, ils achetaient du tissu, du cuir
ou du suif et, les jours où ils n’allaient pas dans la forêt, Ellen
confectionnait des chaussures, des camisoles, des chandelles ou un bonnet
tandis que Jack et Martha jouaient avec les enfants du village. Le dimanche,
après la messe, Tom et Ellen aimaient à s’asseoir auprès du feu et bavarder.
Quelquefois, ils commençaient à s’embrasser, et Tom glissait sa main sous la
robe de la mère de Jack. Ils envoyaient alors les enfants dehors et barraient
la porte. C’était un mauvais moment, car Alfred, toujours de mauvaise humeur,
persécutait les cadets.
    A son
tour, Jack se leva et sortit. Il faisait froid mais sec. Martha le rejoignit
quelques instants plus tard. Les ruines de la cathédrale grouillaient déjà de
travailleurs portant des pierres, déblayant les décombres, bâtissant des étais
en bois pour les murs instables et démolissant ceux qui étaient trop abîmés
pour qu’on pût les sauver.
    Les
villageois et les moines avaient conclu que l’incendie avait été l’œuvre du
diable et, souvent, Jack oubliait vraiment en être l’auteur. Quand il s’en
souvenait, une onde de joie l’inondait soudain. Il avait pris un terrible
risque, mais il s’en était tiré et il avait sauvé la famille de la famine.
    Les moines
déjeunaient les premiers et les travailleurs laïques n’absorbaient rien avant
que les moines ne fussent allés au chapitre. Attente terriblement longue pour
Martha et Jack qui se réveillaient toujours affamés et l’appétit aiguisé par
l’air froid du matin.
    « Allons
dans la cour de la cuisine », dit Jack. Les aides cuisiniers leur
donneraient peut-être des restes. Martha accepta aussitôt : elle trouvait
Jack merveilleux et obéissait à toutes ses suggestions.
    En
arrivant du côté des cuisines, ils constatèrent que frère Bernard, le
responsable de la boulangerie, cuisait du pain ce jour-là. Comme ses aides
travaillaient tous sur le chantier, il transportait lui-même son bois. Jeune,
mais un peu gros, il haletait et transpirait sous son chargement de bûches.
« Nous allons chercher votre bois, mon frère », proposa Jack.
    Bernard
laissa tomber son fardeau auprès de son four et tendit à Jack le grand panier
plat. « Voilà de bons enfants, fit-il, tout essoufflé. Dieu vous
bénisse. »
    Lorsque
les enfants revinrent avec leurs fagots, le four était déjà chaud, Bernard vida
directement le contenu du panier dans le feu, puis les renvoya chercher d’autre
bois. Jack avait les bras endoloris, mais son estomac lui faisait encore plus
mal. Il s’empressa d’aller recharger le panier.
    A leur
retour, Bernard déposait sur un plateau des petits tas de pâte. « Va me
chercher encore un panier et tu auras des petits pains chauds », dit-il.
Jack en avait l’eau à la bouche.
    La
troisième fois, Jack et Martha bourrèrent tellement le panier qu’ils revinrent
en trébuchant, chacun tenant une poignée. Comme ils approchaient de la cour,
ils tombèrent sur Alfred portant un seau, sans doute pour aller puiser de l’eau
dans la rigole qui traversait la pelouse avant de disparaître sous terre auprès
de la brasserie. Alfred détestait Jack à mort depuis que celui-ci avait mis le
cadavre de l’oiseau dans sa bière. D’ordinaire, quand il voyait Alfred, Jack
tournait les talons et s’éloignait précipitamment. Cette fois il faillit lâcher
son panier et détaler, mais il se reprocha aussitôt sa lâcheté. De plus, il
sentait l’odeur du pain frais venant de la boulangerie, et il mourait de faim.
Il continua donc, la peur au ventre.
    Alfred se
mit à rire en voyant Jack et Martha se débattre avec un panier qu’il aurait
porté seul sans mal. Il poussa Jack qui perdit l’équilibre, tomba lourdement
sur le dos et lâcha son côté du panier. Tout le bois se répandit sur le sol.
Les larmes lui montèrent aux yeux, des larmes de rage plutôt que de douleur. Il
se releva et remit patiemment le bois dans le

Weitere Kostenlose Bücher