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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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il se
décomposa littéralement. Il l’aime vraiment, songea Philip qui s’empressa
d’ajouter : « Mais je ne veux pas que vous soyez obligés de vivre au
village et de partager un taudis avec une autre famille. Pour éviter tout
ennui, votre femme devra se surveiller. Dites-lui de se tenir autant que
possible éloignée des moines, surtout des jeunes. Qu’elle garde le visage
couvert si elle doit circuler dans le prieuré. Surtout, qu’elle ne tente rien
qui puisse la faire soupçonner de sorcellerie.
    — J’y
veillerai », dit Tom, d’un ton à la fois résolu et un peu gêné. Philip
savait que la femme avait la langue bien pendue et du caractère. Elle prendrait
peut-être mal ces avertissements. Mais sa famille hier encore se trouvait sans
ressources, aussi comprendrait-elle certainement que ces contraintes n’étaient
pas cher payer l’abri et la sécurité.
    Ils
poursuivirent leur marche. La nuit, Philip avait vu dans cet incendie une
tragédie surnaturelle, une terrible défaite pour les forces de la civilisation
et de la vraie religion, un coup fatal à l’œuvre de sa vie. Aujourd’hui, le
sinistre ne lui apparaissait plus que comme un problème à résoudre : un
problème énorme certes, décourageant, même, mais pas surhumain. Ce changement
d’attitude, Philip le devait surtout à Tom et il lui en était très
reconnaissant.
    Ils
atteignirent la façade ouest. Philip vit qu’on sellait un coursier à l’écurie
et se demanda qui, justement aujourd’hui, partait en voyage. Il laissa Tom
retourner au cloître tandis qu’il poursuivait jusqu’à l’écurie pour se
renseigner.
    C’était un
des assistants du sacristain, le jeune Alan, le sauveur du trésor, qui avait
réclamé une monture. « Où vous rendez-vous, mon fils ? dit Philip.
    — Au
palais de l’évêque, répondit Alan. Frère Andrew m’a envoyé chercher des
cierges, de l’eau bénite et des hosties, puisque nous avons perdu tout cela
dans l’incendie et que nous devons célébrer de nouveau des offices dès que
possible. »
    En effet,
les réserves, gardées en coffre dans le chœur, avaient forcément brûlé. Philip
fut heureux de constater que pour une fois le sacristain s’organisait.
« C’est bien, dit-il, mais attendez un moment. Puisque vous allez au
palais, vous emporterez une lettre de moi pour l’évêque Waleran. » Grâce à
des manœuvres discutables, l’habile Waleran Bigod était maintenant l’évêque
élu. Mais Philip ne pouvait lui retirer son appui. Il se devait de traiter
Waleran comme son supérieur. « Il faut que je lui fasse un rapport sur
l’incendie.
    — Oui,
mon père, répondit Alan. J’ai déjà une lettre de Remigius à l’évêque.
    — Oh ! »
s’exclama Philip, surpris. Voilà qui était bien audacieux de la part de
Remigius, songea-t-il. « Très bien, dit-il à Alan. Inutile que j’en écrive
une autre. Voyagez prudemment, et que Dieu soit avec vous.
    — Merci,
mon père. »
    Philip
revint vers l’église. Remigius n’avait pas perdu de temps. Pourquoi le
sacristain et lui s’étaient-ils à ce point précipités ? Philip se
tracassait : la lettre ne parlait-elle que de l’incendie de
l’église ? Ou bien contenait-elle autre chose ?
    Il
s’arrêta au milieu de la pelouse. Il aurait parfaitement le droit de reprendre
la lettre à Alan et de la lire. Hélas, c’était trop tard : Alan
franchissait déjà la porte au petit trot. Philip le regarda s’éloigner, agacé.
A cet instant, la femme de Tom sortit de l’hôtellerie, portant un seau, et se
dirigea vers le tas de fumier près de l’écurie. Philip l’observa. Sa façon de
marcher était agréable, comme l’allure d’un bon cheval.
    Ses
pensées revinrent à la lettre de Remigius à Waleran. Il n’arrivait pas à
chasser le soupçon confus, mais obsédant, que l’essentiel du message ne
concernait pas l’incendie.
    Sans
raison valable, il éprouvait la certitude que la lettre parlait de la femme du
bâtisseur.
     
    Jack
s’éveilla au premier chant du coq. Il ouvrit les yeux, vit Tom se lever et
l’entendit pisser sur le sol derrière la porte. Il avait bien envie d’aller
occuper la place chaude que Tom venait d’abandonner et de se blottir contre sa
mère, mais il savait qu’Alfred se moquerait horriblement de lui, aussi ne
bougea-t-il pas. Tom revint et secoua Alfred pour le réveiller.
    Tom et
Alfred burent la bière qui restait du souper de la veille au soir et

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