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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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venait d’une source
inattendue. Philip dut faire semblant d’être mécontent. Il claqua dans ses
mains pour réclamer le silence. « En voilà assez ! dit-il. Ces
questions sont graves. Je vais interroger la femme. Laissez-nous vaquer à nos
devoirs. Ceux qui souhaitent être dispensés de travail peuvent se retirer à l’infirmerie
pour prier et méditer. Les autres, suivez-moi. »
    Il quitta
le magasin et passa derrière les bâtiments de la cuisine en empruntant l’arche
qui menait au cloître. Quelques moines abandonnèrent le groupe et se dirigèrent
vers l’infirmerie, parmi lesquels Remigius et Andrew le sacristain. Aucun des
deux n’avait l’air particulièrement frêle, se dit Philip, qui cependant, les
sachant sources d’ennuis, fut trop content de les voir partir. La plupart des
moines suivirent Philip.
    Tom avait
déjà rassemblé les serviteurs du prieuré et les avait mis au travail. Juché sur
la pile de décombres au milieu du cloître, un grand morceau de craie à la main,
il marquait les pierres de la lettre T, son initiale.
    Philip se
demanda soudain comment on pouvait déplacer d’aussi grosses pierres bien trop
lourdes pour un seul homme. Il eut aussitôt la réponse : on posait sur le
sol deux perches côte à côte et on faisait rouler la pierre jusqu’à ce qu’elle
repose sur les perches que deux hommes soulevaient alors par les bouts. Tom le
bâtisseur avait dû leur montrer comment s’y prendre.
    Le travail
avançait rapidement, avec les soixante serviteurs du prieuré pratiquement tous
à l’ouvrage, et ce spectacle réconforta Philip qui adressa à Dieu une prière
silencieuse de remerciement pour lui avoir envoyé Tom le bâtisseur.
    Celui-ci
aperçut le prieur et descendit de son tas de pierres. Avant de parler à Philip,
il s’adressa à l’un des serviteurs, le tailleur qui cousait les vêtements des
moines. « Demande aux moines de continuer à porter les pierres », lui
ordonna-t-il. « Assure-toi qu’ils ne prennent que celles que j’ai
marquées, sinon la pile risque de glisser et de tuer quelqu’un. » Il se
tourna vers Philip. « J’en ai marqué assez pour les occuper un moment.
    — Où
les emportent-ils ? interrogea Philip.
    — Venez,
je vais vous montrer. Je veux vérifier qu’ils les rangent comme il faut. »
    Philip
accompagna Tom. On transportait les pierres à l’est de l’enceinte du prieuré.
« Certains des serviteurs devront continuer à assumer leurs tâches
habituelles, dit Philip en marchant. Les garçons d’écurie ont à s’occuper des
chevaux, les cuisiniers à préparer les repas. Il faut que quelqu’un aille
chercher du bois pour le feu, qu’un autre nourrisse les poulets et que d’autres
enfin aillent au marché. Mais aucun n’est surchargé de travail et je peux
disposer de la moitié d’entre eux. Outre cela, vous aurez une trentaine de
moines. »
    Tom hocha
la tête. « Ça ira. »
    Les hommes
entassaient les pierres encore tièdes contre le mur de l’enceinte du prieuré, à
quelques pieds de l’infirmerie et de la maison du prieur. « Il faut
conserver les vieilles pierres, expliqua Tom, pour la nouvelle église. On ne
les utilisera pas pour les murs, car des pierres de seconde main ne
vieillissent pas bien ; mais elles feront l’affaire pour les fondations.
Il faudra garder aussi tous les morceaux brisés. On les mélangera au mortier
qu’on versera dans la cavité entre la face intérieure et la face extérieure des
nouveaux murs, pour former le cœur de moellons.
    — Je
vois. » Philip écouta Tom expliquer à ceux qui travaillaient comment
entasser les pierres en quinconce pour que la pile ne s’effondre pas. A
l’évidence les connaissances de Tom se révélaient déjà précieuses.
    Une fois
assuré que tout allait bien, Philip prit le bras du maçon et l’entraîna, en
contournant l’église, jusqu’au cimetière. Les moines étaient enterrés dans la
partie est du cimetière, les villageois du côté ouest. La saillie du transept
nord de l’église, maintenant en ruine, indiquait la démarcation. Philip et Tom
s’arrêtèrent devant. Un pâle soleil perçait à travers les nuages. De jour, les
madriers noircis n’avaient rien de sinistre et Philip eut un peu honte d’y
déceler la présence d’un démon la nuit passée.
    « Certains
des moines, dit-il, répugnent à voir une femme vivre dans l’enceinte du
prieuré. » Le visage de Tom exprima plus que de l’inquiétude :

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