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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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devait faire bonne impression : être courtois mais pas
obséquieux et montrer son savoir sans faire preuve d’outrecuidance. Un maître
artisan exigeait de ses subordonnés l’obéissance aussi bien que le talent, Tom
le savait par expérience.
    L’évêque
Roger esquissait un bâtiment à deux étages avec de grandes fenêtres sur trois
côtés. Il dessina aussi une élévation, puis ayant terminé, conclut :
« Voilà. »
    John se
tourna vers Tom : « Qu’est-ce que c’est ? » Tom fit
semblant de croire qu’on lui demandait son avis. Il dit aussitôt :
« On ne peut pas avoir des fenêtres aussi grandes dans un magasin. »
L’évêque le regarda d’un air irrité. « C’est un bureau, pas un magasin.
    — Il
s’écroulera quand même.
    — Il
a raison, dit John.
    — Mais
il faut de la lumière pour écrire. » John haussa les épaules et se tourna
vers Tom. « Qui es-tu ?
    — Mon
nom est Tom et je suis maçon.
    — Je
m’en doutais. Qu’est-ce qui t’amène ici ?
    — Je
cherche du travail. » Tom retint son souffle.
    John
aussitôt secoua la tête. « Je ne peux pas t’engager. » Tom sentit son
cœur se serrer. Il avait envie de disparaître, mais il attendit poliment pour
entendre les raisons de ce refus.
    « Cela
fait dix ans que nous construisons ici, poursuivit John. La plupart des maçons
ont des maisons en ville. Nous arrivons au bout et j’ai aujourd’hui plus de
maçons sur le chantier que je n’en ai vraiment besoin. »
    Tom savait
que c’était sans espoir, mais il demanda quand même : « Et le
palais ?
    — Même
chose, dit John. C’est là que j’utilise les hommes que j’ai en trop. Sans ce
chantier et les autres châteaux de l’évêque Roger, je congédierais déjà des
hommes. »
    Tom hocha
la tête. D’une voix neutre, essayant de cacher sa déception, il demanda :
« Savez-vous s’il y a du travail quelque part ?
    — Au
début de l’année, on construisait au monastère de Shaftesbury. Ce n’est
peut-être pas fini. Il faut compter une journée de voyage.
    — Merci. »
Tom s’apprêta à partir.
    « Je
suis désolé, lui lança John. Tu m’as l’air d’un brave homme. »
    Tom sortit
sans répondre, très déçu. Il s’était excité à l’idée de travailler de nouveau à
une cathédrale. Peut-être maintenant allait-il devoir se contenter du monotone
mur d’une ville ou d’une vilaine maison pour un quelconque orfèvre.
    Il
redressa les épaules, en traversant la cour du château, pour aller retrouver
Agnès qui l’attendait avec Martha. Il ne lui montrait jamais sa déception. Il
essayait toujours de donner l’impression que tout allait bien, qu’il maîtrisait
la situation et que peu importait s’il n’y avait pas de travail ici parce qu’il
en trouverait sûrement dans la ville suivante, ou dans celle d’après. Il savait
que, s’il manifestait le moindre signe de désarroi, Agnès l’obligerait à se
fixer quelque part, ce qu’il ne voulait surtout pas, sauf dans une ville où
devait se bâtir une cathédrale. « Il n’y a rien pour moi ici, dit-il à
Agnès. Repartons. » Elle parut déconfite. « On croirait pourtant,
avec une cathédrale et un palais en construction, qu’il y aurait place pour un
maçon de plus.
    — Les
deux bâtiments sont presque finis, expliqua Tom. Les hommes sont plus nombreux
que nécessaire. »
    Tous les
quatre, ils traversèrent le pont-levis et replongèrent dans les rues encombrées
de la ville. Entrés à Salisbury par la porte est, ils en repartiraient par la
porte ouest, car c’était la direction de Shaftesbury. Tom prit à droite, les
entraînant dans la partie de la ville qu’ils n’avaient pas encore vue.
    Il
s’arrêta devant une maison de pierre qui semblait avoir grand besoin de
réparations. Le mortier qu’on avait utilisé, trop faible, s’effritait. Le gel
avait fait craquer certaines des pierres. Si l’on attendait un hiver de plus,
les dégâts seraient pires. Ton décida d’en avertir le propriétaire.
    On entrait
au rez-de-chaussée par une grande voûte. La porte de bois était ouverte. Assis
sur le seuil, un artisan, un marteau dans la main droite et un poinçon dans la
gauche, sculptait le motif complexe d’une selle de bois posée sur l’établi
devant lui. Tom apercevait au fond des réserves de bois et de cuir, et un
garçon occupé à balayer les copeaux.
    « Bien
le bonjour, maître sellier » dit Tom.
    Le sellier
leva les

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