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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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devant son entrepôt. Tout son
travail de six ans était entassé là.
    « Aliena !
insista Jack. Venez au cloître… Nous serons en sûreté là-bas !
    — Je
ne peux pas ! cria-t-elle. Ma laine !
    — Au
diable votre laine !
    — C’est
tout ce que j’ai !
    — Ça
ne vous servira à rien si vous êtes morte !
    — Mais
j’ai mis tant d’années à en arriver là…
    — Aliena !
Je vous en prie ! »
    Des cris
de terreur retentirent à côté de l’éventaire. Les cavaliers avaient pénétré
dans l’enclos du prieuré, sans se soucier des gens qu’ils piétinaient, mettant
le feu aux étals. Les gens terrorisés se bousculaient dans leurs efforts désespérés
pour échapper à la charge des chevaux et aux brandons. La foule se pressait
contre la frêle barrière de bois qui protégeait le devant de l’éventaire
d’Aliena avec tant de force qu’elle s’écroula. Avec elle, plusieurs personnes
basculèrent et renversèrent table, plats de nourriture et coupes de vin. Jack
et Aliena reculèrent. Deux cavaliers chargèrent, l’un brandissant une massue,
l’autre une torche enflammée. Jack passa devant Aliena pour la protéger. La
massue s’abattit vers la tête d’Aliena, mais Jack avait levé au-dessus d’elle
un bras protecteur et la masse vint le frapper au poignet. Elle sentit le coup,
mais ce fut lui qui encaissa le choc. Derrière l’attaquant, le deuxième
cavalier ne la lâchait pas du regard.
    C’était
William Hamleigh.
    Aliena
poussa un hurlement.
    L’homme la
considéra longuement, la torche flambant dans la main, une lueur de triomphe
illuminant ses yeux. Fuis il éperonna son cheval et le poussa dans l’entrepôt.
    « Non ! »
hurla Aliena.
    Rageusement,
elle tenta de se dégager de la bousculade, frappant ceux qui la gênaient, y
compris Jack. Elle finit par se libérer et se précipita dans l’entrepôt.
William, penché sur sa selle, approchait sa torche des sacs de laine entassés.
« Non ! » hurla-t-elle encore. Elle se jeta sur lui pour essayer
de le faire tomber de cheval. Il la repoussa violemment, elle trébucha. De
nouveau, la torche effleura les sacs de laine qui se mirent à brûler en
dégageant une odeur âcre. Le cheval se cabra et hennit de terreur. Soudain,
Jack surgit, écarta Aliena. William tourna sur place et jaillit hors de
l’entrepôt. Aliena se releva. Avec un sac vide elle se mit à étouffer les
flammes. « Aliena, dit Jack, vous allez vous asphyxier ! » La
chaleur devenait insupportable. Elle agrippa un sac de laine encore intact et
le traîna à l’abri. Tout à coup, un horrible crépitement, une chaleur intense
au visage la firent hurler de terreur : ses cheveux avaient pris feu. Au
même instant Jack se jeta sur elle, lui entoura la tête de ses bras et la serra
contre lui. Ils tombèrent. Jack desserra son étreinte. Elle sentait le roussi,
mais sa chevelure était sauvée. Jack avait le visage cramoisi et plus de
sourcils. Il saisit Aliena par un pan de sa robe et la traîna dehors. Elle eut
beau se débattre, il ne la lâcha pas jusqu’au moment où ils furent dehors. Elle
continuait à lutter, fixant d’un regard fou le feu qui consumait toutes ces
années de travail et de soucis, toute sa fortune. Enfin ses forces
l’abandonnèrent. Elle se laissa couler par terre et se mit à hurler.
     
    Dans le magasin
situé sous la cuisine du prieuré, Philip faisait ses comptes avec Cuthbert le
Chenu lorsque le vacarme extérieur les alerta. Cuthbert et lui échangèrent un
regard surpris et d’un même mouvement sortirent voir ce qui se passait. A peine
la porte franchie, ils se retrouvèrent au milieu d’une émeute.
    Philip
n’en crut pas ses yeux. Les gens couraient partout, affolés, trébuchant et se
bousculant, en proie à la panique. Les hommes et les femmes criaient, les
enfants pleuraient. L’air était rempli de fumée. A part la porte principale, la
seule issue pour quitter l’enceinte du prieuré était la brèche qui séparait les
bâtiments de la cuisine du moulin. Là il n’y, avait pas de mur, mais un profond
fossé qui amenait l’eau du vivier jusqu’à la brasserie. Philip voulut prévenir
les malheureux de prendre garde au fossé, mais personne n’écoutait plus
personne.
    Le prieur
se rendit compte tout de suite de l’ampleur du drame. Un incendie dans un lieu
réduit envahi de centaines de gens c’était la promesse d’une tragédie. Que
faire ? D’abord voir où on en était. Il

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