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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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par sa belle-mère qui
affichait un air consterné. Alfred, une serviette à la main, s’apprêtait à
descendre à la rivière : les femmes se baignaient une fois par mois, les
hommes à Pâques et à la Saint-Michel. De plus la tradition exigeait qu’on prît
un bain le matin de son mariage.
    Soudain le
silence se fit : Jack entrait.
    « Qu’est-ce
que tu veux ? lança Alfred hargneusement.
    — Que
tu décommandes le mariage, répondit Jack simplement.
    — Fiche
le camp ! »
    L’affaire
s’engageait mal. Jack ne souhaitait pas la confrontation. Ce qu’il proposait
allait dans le sens des intérêts d’Alfred aussi… si seulement il pouvait l’en
persuader. « Alfred, reprit-il doucement, elle ne t’aime pas.
    — Tu
n’en sais rien, petit morveux.
    — Mais
si, insista Jack. Elle ne t’aime pas. Elle t’épouse à cause de Richard. C’est
le seul que ce mariage comblera.
    — Retourne
nicher au monastère, lança Alfred avec mépris. Au fait, où est ton habit de
moine ? »
    Jack prit
une profonde inspiration. Il fallait avouer la vérité. « Alfred, c’est moi
qu’elle aime. » Il s’attendait à voir son demi-frère exploser de
rage ; mais, de façon imprévisible, celui-ci esquissa un sourire narquois.
Jack, d’abord déconcerté par cette attitude, finit par comprendre. « Tu le
sais déjà, demanda-t-il, incrédule, tu sais qu’elle m’aime et tu t’en
fiches ? Tu la veux quand même, qu’elle t’aime ou non. Tu veux simplement
la posséder. »
    Le sourire
d’Alfred s’accentua et Jack eut la certitude qu’il était dans le vrai. Mais il
lisait quelque chose de plus sur le visage d’Alfred. Un affreux soupçon
s’éveilla dans son esprit. « Pourquoi la veux-tu ? Est-ce… est-ce que
tu veux seulement l’épouser pour me l’enlever ? » La colère faisait
vibrer sa voix. « Est-ce que tu l’épouses par rancune ? » Une
expression de triomphe perfide se peignit sur le gros visage d’Alfred et Jack
comprit que là encore il avait touché juste. Il était accablé. L’idée qu’Alfred
agissait poussé non par le désir bien compréhensible de posséder Aliena, mais
par pure malice, c’en était trop. « Bon sang, hurla-t-il, tu as intérêt à
la traiter comme il faut ! »
    Alfred
éclata de rire. Et ce rire plein de méchanceté frappa Jack comme un coup de
poing. Bien sûr que non, Alfred ne se soucierait pas de la traiter avec soin.
Ce serait le comble de sa revanche sur Jack. Alfred épousait Aliena pour la
rendre malheureuse. « Ordure, dit Jack entre ses dents serrées. Saloperie,
merdeux ! Espèce d’horrible et méprisable vermine ! »
    Malgré son
flegme, Alfred lâcha sa serviette et, les poings serrés, marcha sur Jack qui
l’attendait et s’avança pour frapper le premier. A ce moment Ellen s’interposa
entre eux et, bien qu’elle fût plus petite que les deux jeunes gens, elle les
arrêta d’un mot.
    « Alfred,
va te baigner. »
    Alfred se
calma aussitôt. Il avait remporté la victoire sans avoir eu besoin de se battre
avec Jack. Il sortit.
    « Que
vas-tu faire, Jack ? » lui demanda sa mère.
    Le garçon
tremblait de rage. Il ne pouvait pas empêcher le mariage, il s’en rendait
compte. Mais il ne pouvait pas y assister non plus. « Quitter
Kingsbridge. »
    Le chagrin
assombrit le visage d’Ellen, mais elle hocha la tête. « J’avais peur que
tu prennes cette décision, mais je crois que tu as raison. »
    Une cloche
se mit à sonner au prieuré. « D’un moment à l’autre, ils vont découvrir
que je me suis échappé », dit Jack.
    Ellen,
instinctivement, baissa la voix. « Pars vite, va te cacher auprès de la
rivière, près du pont. Je t’apporterai quelques affaires.
    — Merci. »
    Martha
surgit, en larmes, et se jeta dans ses bras. Il la serra contre lui.
« Reviens un jour », hoqueta-t-elle.
    Il lui
donna un baiser bref et poussa la porte.
    Il y avait
foule dehors car la matinée avançait. On allait chercher de l’eau, on bavardait
et on savourait la douceur de ce matin d’automne. La plupart des gens savaient
que Jack était novice – la ville était assez petite pour que chacun sût ce que
faisait son voisin – et sa tenue laïque attira des regards surpris. Cependant
personne ne l’interrogea. Il dévala la colline, franchit le pont et suivit la
berge de la rivière jusqu’à un bosquet de roseaux. Il s’accroupit derrière cet
abri pour attendre sa mère, en surveillant le

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