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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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vie a à voir avec Richard ?
Il est assez grand pour s’occuper de lui-même. »
    Jack
prenait feu avec une ardeur toute juvénile qui rappela à Aliena leur différence
d’âge : il avait cinq ans de moins qu’elle et il croyait encore avoir le
droit d’être heureux. « J’ai juré à mon père quand il était mourant,
reprit-elle, de m’occuper de Richard jusqu’à ce qu’il devienne comte de
Shiring.
    — Mais
rien ne dit qu’il réussira !
    — Un
serment est un serment. »
    Jack,
déconcerté, roula sur le côté. Et soudain elle se sentit abandonnée. Plus
jamais je ne le sentirai en moi, songea-t-elle avec tristesse.
    « Tu
ne te rends pas compte, poursuivit Jack. Un serment, ce n’est que des
mots ! Toi et moi, voilà la réalité. »
    Il la
contempla, puis tendit la main pour la caresser. Le contact de ses doigts, si
bouleversant, fit à Aliena l’effet d’un coup de fouet. Il la vit tressaillir et
s’arrêta.
    Un moment
elle fut au bord de dire : D’accord, fuyons ensemble tout de suite. Mais la raison lui revint et elle répéta :
    « Je
vais épouser Alfred.
    — Ne
sois pas ridicule.
    — C’est
la seule solution. »
    Il la
regarda longuement. « Je ne te crois pas, murmura-t-il.
    — C’est
vrai.
    — Je
ne peux pas renoncer à toi. Je ne peux pas, je ne peux pas… » Sa voix se
brisa et il étouffa un sanglot.
    Aliena
tournait et retournait le problème dans sa tête.
    « Si
pour t’épouser, je trahis la promesse que j’ai faite à mon père, dit-elle tout
haut, si je ne respecte pas mon premier serment, que vaudra le second ?
    — Peu
m’importe. Je ne veux pas de tes serments. Je veux que nous soyons ensemble
tout le temps, et que nous nous aimions chaque fois que nous en aurons
envie. »
    Il voyait
le mariage avec ses yeux de dix-huit ans, songea-t-elle, mais elle se garda
bien d’exprimer sa pensée. Elle aurait accepté sa demande avec tant de joie si
elle avait été libre ! « Je ne peux pas faire ce que je veux,
dit-elle tristement. Ce n’est pas mon destin.
    — Ce
que tu fais n’est pas bien, riposta-t-il. C’est même mal. Renoncer à un bonheur
comme celui-ci, c’est jeter des joyaux dans l’océan. Bien pire que le pire des
péchés. »
    L’idée la
frappa soudain que sa mère aurait approuvé cette déclaration. Aussitôt elle
chassa cette pensée. « Je ne pourrais jamais être heureuse, même avec toi,
si je devais porter toute ma vie le poids d’une trahison envers mon père.
    — Tu
te soucies plus de ton père et de ton frère que de moi, remarqua-t-il avec une
pointe d’agacement.
    — Non…
    — Eh
bien, alors ? »
    Elle
réfléchit longuement, puis se résolut à parler.
    « Cela
veut dire, je pense, que le serment fait à mon père est plus important à mes
yeux que mon amour pour toi.
    — Vraiment ?
fit-il, décontenancé.
    — Oui »,
répondit-elle, le cœur lourd des mots qu’elle venait de prononcer et qui
résonnèrent à ses oreilles comme un glas.
    « Il
n’y a plus rien à dire.
    — Seulement…
que je suis désespérée… »
    Il se leva
en lui tournant le dos, ramassa ses vêtements. Elle admira son long corps
élancé. Il passa rapidement sa chemise et sa tunique, puis enfila ses chausses
et ses bottes avec une brutale nervosité.
    « Tu
vas être terriblement malheureuse », annonça-t-il.
    Ces
paroles désagréables étaient démenties par la compassion qui perçait dans sa
voix.
    « C’est
vrai, reconnut-elle. Voudrais-tu au moins… au moins dire que tu me respectes
pour ma décision ?
    — Non,
répliqua-t-il sans hésitation. Non. Je te méprise. »
    Assise sur
sa couche, nue, misérable, elle se mit à pleurer.
    « Il
faut que je m’en aille, reprit-il d’une voix mal assurée.
    — Oui,
va-t’en », sanglota-t-elle.
    Il se
dirigea vers la porte.
    « Jack ! »
    Il se
retourna.
    « Jack,
veux-tu me souhaiter bonne chance ? »
    Il souleva
la barre de la porte. « Bonne… » Un sanglot lui coupa la parole. Il
baissa les yeux pour se reprendre, puis les releva vers elle. Sa voix cette
fois n’était qu’un murmure. « Bonne chance. »
    Il sortit.
     
    La maison
qui avait été celle de Tom appartenait maintenant à Ellen, mais aussi à Alfred.
C’est pourquoi ce matin-là elle fourmillait de gens occupés à la préparation du
festin de mariage – festin organisé par Martha, la sœur d’Alfred.
L’adolescente, âgée maintenant de treize ans, était aidée

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