Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
femme fugitive du demi-frère de Jack, c’était un
lien…
    Le
serviteur ouvrit grand la porte. « Veuillez me suivre. »
    Soulagée,
Aliena lui emboîta le pas. Un refus aurait mis fin à son voyage.
    A la suite
de l’homme, elle traversa une cour agréable, ornée d’une fontaine jaillissante.
Elle se demandait quel hasard avait amené Jack dans la demeure de ce riche
marchand. Qu’avaient-ils en commun ? Jack avait-il récité les contes en
vers qu’il connaissait à l’ombre de ces arcades ?
    Ils
pénétrèrent dans la maison, une demeure somptueuse avec ses pièces fraîches,
hautes de plafond, dallées de pierre et de marbre, garnies de meubles
admirablement sculptés et de tapisseries magnifiques. Ils franchirent deux
passages voûtés, une porte en bois, puis Aliena eut l’impression qu’ils
arrivaient dans les appartements des femmes. De la main, le serviteur lui fit
signe d’attendre, puis toussota doucement.
    Aussitôt,
une grande Sarrasine en robe noire se glissa dans la pièce, mordillant un bout
de tissu de son vêtement, avec une attitude insultante dans n’importe quelle
langue. Elle considéra Aliena et demanda en français : « Qui
êtes-vous ? »
    Aliena se
redressa de toute sa hauteur. « Je suis dame Aliena, fille du défunt comte
de Shiring, dit-elle d’un ton aussi hautain qu’elle en était capable. Je
suppose que j’ai le plaisir de m’adresser à l’épouse de Rachid, le marchand de
poivre. » A ce jeu-là, elle était aussi bonne que n’importe qui.
    « Que
voulez-vous ?
    — Je
suis venue voir Rachid.
    — Il
ne reçoit pas de femmes. »
    Aliena se
rendit compte qu’elle n’avait à espérer aucune aide de cette femme. Mais, comme
elle n’avait pas d’autre recours, elle insista : « Peut-être
recevra-t-il une amie de Jack…
    — Jack
est votre mari ?
    — Non. »
Aliena hésita. « C’est mon beau-frère. »
    La femme
haussa un sourcil sceptique. Tout dans son expression révélait qu’elle
soupçonnait plutôt Aliena, séduite et abandonnée avec un bébé, de poursuivre
Jack, le coupable, dans le but de l’obliger à l’épouser et à entretenir
l’enfant.
    Elle se
détourna et cria dans une langue inconnue d’Aliena. Trois jeunes femmes firent
leur entrée, à l’évidence ses filles. Elle leur expliqua quelque chose tandis
qu’elles examinaient Aliena. Il s’ensuivit une brève conversation dans laquelle
le mot Jack revenait souvent.
    Aliena,
humiliée, eut la tentation de tourner les talons et de déguerpir. Mais c’était
abandonner du même coup sa quête. Ces femmes odieuses représentaient son
dernier espoir. Elle haussa le ton pour interrompre leur conversation.
« Où est Jack ? » Sa voix, qu’elle voulait énergique, sortit de
sa gorge comme un misérable gémissement.
    Les filles
se turent.
    « Nous
ne savons pas, répondit la mère.
    — Quand
l’avez-vous vu pour la dernière fois ? »
    La femme
hésita. « Il a quitté Tolède le lendemain de Noël », déclara-t-elle à
contrecœur.
    Aliena se
contraignit à sourire amicalement. « Vous rappelez-vous s’il a donné une
indication sur sa destination ?
    — Je
vous le répète, nous ne savons pas où il est.
    — Peut-être
s’est-il confié à votre mari ?
    — Non,
pas du tout. »
    Aliena, au
désespoir, eut la certitude que la Sarrasine savait quelque chose qu’elle se
refusait obstinément à lui révéler. Aliena se sentit soudain faible et lasse.
Les larmes aux yeux, elle avoua : « Jack est le père de mon enfant.
Vous ne pensez pas qu’il aimerait voir son fils ? »
    La plus
jeune des trois filles commença une phrase que sa mère interrompit aussitôt. Il
y eut un bref et sec échange : la mère et la fille avaient la même
vivacité de tempérament. Mais la fille finit par se taire.
    Aliena
attendit. Rien. Les quatre femmes se contentaient de l’observer. Malgré leur
hostilité. Aliena visiblement les intriguait et elles ne faisaient rien pour la
chasser. Elle n’avait toutefois aucune raison de s’incruster. Autant s’en
aller, retourner à son logement et faire ses préparatifs pour le long voyage de
retour jusqu’à Kingsbridge. Elle prit une profonde inspiration. « Je vous
remercie de votre hospitalité », déclara-t-elle d’un ton calme et froid.
    Fugitivement,
la mère eut l’air un peu gênée.
    Aliena
quitta la pièce, les larmes aux yeux.
    Le
serviteur, qui attendait dehors, la raccompagna. Comme ils arrivaient

Weitere Kostenlose Bücher