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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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cru d’abord, il
existait un étroit passage qui serpentait entre les buissons. Il s’y engagea.
Les ronces se refermèrent au-dessus de sa tête et il se trouva dans une
demi-obscurité. Il s’arrêta pour laisser à ses yeux le temps de s’habituer à la
pénombre. Peu à peu il comprit qu’il était dans une grotte.
    L’air
était tiède : devant lui, un feu brûlait sur un lit de pierres plates. La
fumée montait tout droit : il y avait quelque part une cheminée naturelle.
A sa droite et à sa gauche deux peaux de bêtes, un loup et un daim, étaient
fixées aux parois de la grotte par des chevilles. Un cuissot de venaison fumé
pendait au-dessus de lui. Il vit une caisse rudimentaire pleine de pommes
sauvages des chandelles à mèche de jonc sur des rebords de pierre et des
roseaux secs sur le sol. Au bord du feu une marmite, comme dans une maison
ordinaire ; et, à en juger par l’odeur, elle contenait le même genre de
potage qu’on mangeait partout : des légumes bouillis avec des os et des
herbes. Tom était stupéfait. C’était là une demeure plus confortable que celle
de bien des serfs.
    De l’autre
côté du feu, on voyait deux matelas en peau de daim bourrés sans doute de
roseaux ; et, proprement roulée sur chacun, une fourrure de loup. Ellen et
Jack devaient dormir là, avec le feu pour les séparer de l’entrée de la grotte.
Au fond, une formidable collection d’armes et de matériel de chasse : un
arc, des flèches, des filets, des pièges à lapin, quelques dagues acérées, une
lance taillée avec soin avec la pointe aiguisée et durcie au feu ; et,
parmi tous ces ustensiles primitifs, trois livres. Tom était abasourdi :
il n’avait jamais vu de livres dans une maison, encore moins dans une
grotte ; les livres, on les trouvait dans les églises.
    Le jeune
Jack prit une écuelle de bois, la plongea dans la marmite et se mit à boire.
Alfred et Martha l’observaient avidement. Ellen lança à Tom un regard d’excuse
et dit : « Jack, quand il y a des étrangers, nous les servons les
premiers. » Le garçon la regarda, surpris.
    « Et
pourquoi ?
    — Parce
que cela se fait. Donne du potage aux enfants. »
    Pas
convaincu, Jack obéit à sa mère. Ellen offrit de la soupe à Tom qui s’assit sur
le sol et la but. Le bouillon, outre un goût délicieux lui réchauffa le ventre.
Ellen lui posa une fourrure sur les épaules. Une fois le bouillon avalé, Tom
pécha avec ses doigts les légumes et la viande au fond de son écuelle. Cela
faisait des semaines qu’il n’avait pas goûté de viande. Du canard,
semblait-il : abattu sans doute par Jack avec des pierres et une fronde.
    Ils
mangèrent jusqu’à épuisement de la marmite ; puis Alfred et Martha
s’allongèrent sur les paillasses. Avant qu’ils ne s’endorment, Tom leur annonça
qu’Ellen et lui partaient à la recherche du prêtre et Ellen précisa que Jack
resterait ici pour s’occuper d’eux jusqu’à leur retour. Les deux enfants
épuisés hochèrent de la tête et fermèrent les yeux.
    Tom et
Ellen sortirent, Tom portant toujours sur ses épaules la fourrure qu’Ellen lui
avait donnée. Dès qu’ils eurent franchi le taillis, Ellen s’arrêta, se tourna
vers Tom, attira sa tête contre la sienne et l’embrassa sur la bouche.
    « Je
t’aime, dit-elle d’un ton farouche. Je t’ai aimé dès l’instant où je t’ai vu.
J’ai toujours voulu un homme qui serait fort et doux, et je croyais que cela
n’existait pas. Et puis tu es venu. J’ai eu tout de suite envie de toi. Mais
j’ai compris que tu aimais ta femme. Mon Dieu, comme je l’ai enviée. Je suis
navrée qu’elle soit morte, vraiment navrée, car le chagrin se lit dans tes yeux
et cela me brise le cœur de te sentir si triste. Mais maintenant qu’elle n’est
plus là, je te veux pour moi. »
    Tom ne sut
quoi répondre. Il était difficile de croire qu’une femme si belle, si pleine de
ressources et si indépendante fût tombée amoureuse de lui au premier
regard ; il était plus difficile encore de savoir ce qu’il ressentait,
lui. Il était anéanti par la disparition d’Agnès : Ellen avait raison de
dire que le chagrin l’accablait. Mais en même temps il brûlait de désir pour
Ellen, avec son corps ardent et merveilleux, ses yeux dorés et sa passion
amoureuse impudique. Il se sentait terriblement coupable de désirer si fort
Ellen alors qu’Agnès n’était dans la tombe que depuis quelques heures.
    Il
contempla

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