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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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retour de Becket en Angleterre. Mais il fallait une
rencontre entre les deux hommes pour que l’accord fût conclu officiellement.
    A cheval,
Thomas s’avança au milieu du champ, laissant ses gens derrière lui, et Henry
l’imita.
    Des heures
ils discutèrent.
    Personne
n’entendait ce qui se disait, mais on devinait qu’ils évoquaient la façon dont
Henry avait offensé l’Église, comment les évêques anglais avaient désobéi à
Thomas, l’exil de ce dernier, le rôle du pape… Philip tremblait de les voir
ranimer leur querelle et se séparer plus ennemis que jamais. C’était déjà
arrivé. Par orgueil, par intransigeance, ils avaient fait échouer un accord
bien proche d’aboutir. Mais cette fois, plus ils parlaient, plus l’optimisme de
Philip grandissait. Si les choses avaient dû craquer, ce serait déjà fait,
estimait-il.
    La chaleur
de cet après-midi d’été commença de tomber, les ombres des ormes s’allongèrent
en travers de la rivière. La tension était insupportable.
    Enfin il
se passa quelque chose : Thomas fit un geste. Allait-il repartir ?
Non, il mettait pied à terre. Philip, haletant, ne quittait pas les deux hommes
des yeux. A pied, l’archevêque s’approcha de Henry et s’agenouilla devant le
roi.
    Celui-ci
sauta à terre et étreignit Thomas. Les courtisans dans les deux camps
poussèrent des hurlements de joie en lançant leurs chapeaux en l’air.
    Philip sentait
les larmes lui venir aux yeux. Le conflit avait trouvé sa solution – dans la
raison et la bonne volonté.
    Peut-être
était-ce un présage pour l’avenir.

III
    Le roi
était fou de rage et William Hamleigh avait peur. Il n’avait connu qu’une
personne aussi coléreuse que le roi Henry : sa mère Regan. Henry était
presque aussi terrifiant qu’elle. C’était d’ordinaire un homme intimidant, avec
ses larges épaules, son torse puissant et sa grosse tête mais, lorsqu’il se
mettait en colère, ses yeux gris-bleu s’injectaient de sang, son visage criblé
de taches de rousseur s’empourprait et sa fureur évoquait celle d’un ours en
cage.
    En cette
période de Noël, ils séjournaient à Bur-le-Roi, un pavillon de chasse de Henry,
dans un parc proche de la côte normande. Henry aurait dû se réjouir : il
adorait la chasse et ce lieu plus que tout. Mais il ne décolérait pas. La
raison de cette fureur ? L’archevêque Thomas de Canterbury.
    « Thomas,
Thomas, Thomas ! Vous n’avez que ce nom à la bouche, bande de prélats
pourris ! Thomas fait ceci… Thomas fait cela… Thomas vous a insultés…
Thomas s’est montré injuste envers vous. J’en ai assez de Thomas ! »
    William
scruta furtivement le visage des comtes, évêques et autres dignitaires
rassemblés autour de la table du dîner de Noël dans la grande salle. Tout le
monde était visiblement très nerveux, sauf quelqu’un qui arborait un air
satisfait : Waleran Bigod.
    Waleran
avait prédit que Henry ne tarderait pas à se quereller de nouveau avec Thomas.
L’archevêque avait emporté une victoire trop inégale : le plan de paix du
pape contraignait le roi à céder sur trop de points. Il y aurait d’inévitables
disputes lorsque Thomas prétendrait obliger le roi à tenir ses promesses. Mais
Waleran ne s’était pas contenté d’attendre passivement les événements, il
s’était donné beaucoup de mal pour aider sa prédiction à devenir réalité. Avec
l’aide de William, Waleran ne cessait de rapporter à Henry des plaintes sur les
agissements de Thomas depuis son retour en Angleterre : l’archevêque
parcourait la campagne avec une armée de chevaliers, rendait visite à ses
partisans avec lesquels il préparait des projets douteux, il punissait les
membres du clergé qui s’étaient rangés à la cause du roi durant son exil.
Certes Waleran enjolivait ses rapports avant de les transmettre au roi, mais
ils contenaient une base de vérité. Toutefois, Waleran attisait de son mieux
les flammes d’un feu qui brûlait déjà bien. Tous ceux qui avaient abandonné
Thomas au cours des six années de sa querelle avec le roi vivaient maintenant
dans la crainte de sa vengeance et ne demandaient qu’à le noircir aux yeux du
souverain.
    Aussi,
plus Henry enrageait, plus Waleran se réjouissait. En réalité, il risquait de
pâtir plus que d’autres du retour de Thomas. L’archevêque avait refusé
d’entériner la nomination de Waleran comme évêque de Lincoln, et proposait son
propre candidat à

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