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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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du transept. Une barre était
enfoncée dans un trou du mur auprès du chambranle. Il s’en empara et la poussa
en travers du montant.
    Il se
retourna, soulagé, et s’adossa à la porte.
    Thomas
traversait l’étroit transept, se dirigeant vers les marches qui menaient au
chœur. Lorsqu’il entendit la barre glisser en place, il s’arrêta et se
retourna.
    « Non,
Philip », protesta-t-il.
    Le moine
sentit son cœur s’arrêter. « Monseigneur…
    — C’est
une église, pas un château fort. Otez cette barre. »
    La porte
était violemment ébranlée par les coups des chevaliers s’efforçant de l’ouvrir.
« Je crains, observa Philip, qu’ils ne veuillent vous tuer !
    — Alors,
ils y réussiront sans doute, que vous barriez la porte ou non. Savez-vous
combien d’autres portes il y a dans cette église ? Ouvrez-la. »
    On
entendit une série de chocs sourds, comme si les chevaliers s’attaquaient aux
montants à coups de hache. « Vous pourriez vous cacher, protesta Philip,
désespéré. Il y a des douzaines d’endroits possibles ; l’entrée de la
crypte est juste là – la nuit commence à tomber…
    — Me
cacher, Philip ? Dans ma propre église ? Le feriez-vous ? »
    Philip
regarda longuement l’archevêque, puis finit par répondre : « Non, je
ne le ferais pas.
    — Ouvrez
la porte. »
    Le cœur
lourd, Philip ôta la barre.
    Les
chevaliers surgirent dans la cathédrale : ils étaient cinq, le visage
dissimulé derrière leur ventail, portant des épées et des haches. On les aurait
dits jaillis de l’enfer.
    Philip
n’aurait pas dû avoir peur, il le savait, mais la lame aiguisée de leurs armes
le paralysait.
    « Où
est Thomas Becket, traître à son roi et au royaume ? cria l’un des
agresseurs.
    — Où
est le traître ? reprirent les autres. Où est l’archevêque ? »
    Il faisait
très sombre maintenant dans la vaste église faiblement éclairée par les
cierges. Tous les moines étaient en noir. D’autre part, leurs visières
empêchaient les chevaliers de bien y voir. Philip eut une brusque bouffée
d’espoir : peut-être, dans l’obscurité, allaient-ils manquer Thomas. Mais
au même moment. Thomas anéantit cette espérance en descendant les marches vers
les chevaliers. « Me voici… non pas traître à mon roi, mais prêtre de
Dieu. Que voulez-vous ? »
    Au moment
où l’archevêque faisait face aux cinq hommes qui brandissaient leurs épées,
Philip comprit avec certitude que Thomas allait mourir ici, sous ses yeux.
    L’entourage
de Thomas dut partager son sentiment, car les uns disparurent dans la pénombre
du chœur, d’autres se dispersèrent dans la nef, tandis qu’un troisième ouvrait
une porte dérobée et s’engouffrait dans un escalier en spirale. Philip était
écœuré. « Priez au lieu de courir ! » leur cria-t-il.
    L’idée
vint à Philip que lui aussi risquait d’être tué s’il ne s’enfuyait pas. Mais il
ne pouvait abandonner sa place auprès de l’archevêque.
    L’un des
chevaliers lança à Thomas : « Renonce à ta traîtrise ! »
    Philip
reconnut la voix de Reginald Fitzurse, qui avait parlé tout à l’heure.
    « Je
n’ai à renoncer à rien, riposta Thomas. Je n’ai commis aucune traîtrise. »
Il était terriblement calme, mais son visage était blême et Philip se rendit
compte que Thomas, comme tous les autres, savait qu’il allait mourir.
    « Cours,
cria Reginald à Thomas, tu es un homme mort ! »
    Thomas ne
bougeait pas.
    Ils
voudraient qu’il s’enfuie, songea Philip. Ils ne peuvent pas se décider à le
tuer de sang-froid.
    Peut-être
Thomas l’avait-il compris aussi, car il restait impassible, mettant ses
assassins au défi de le toucher. Un long moment, ils restèrent figés face à
face, les chevaliers ne se décidant pas à faire le premier geste, le prélat
trop fier pour s’enfuir.
    Ce fut
Thomas qui rompit le charme : « Je suis prêt à mourir, déclara-t-il,
mais vous ne touchez à aucun de mes hommes, prêtres, moines ou laïques. »
    Ce fut
Reginald qui fit le premier geste. Il brandit son épée devant Thomas, en avança
la pointe peu à peu près de son visage, comme s’il se mettait lui-même au défi
de toucher le prêtre. Thomas demeura immobile comme une pierre, les yeux fixés
sur le chevalier et non sur l’épée. Soudain, d’un vif mouvement du poignet,
Reginald fit tomber la barrette de Thomas.
    De nouveau
Philip fut empli d’espoir. Il n’arrive pas

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