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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Thomas quelques moments de répit.
    A l’autre
bout de la chambre se trouvait une autre porte en partie dissimulée par le lit.
Philip la montra du doigt en demandant d’un ton pressant : « Où
mène-t-elle ?
    — Au
cloître, répondit quelqu’un. Mais elle est fermée à clé. »
    Philip
essaya de la pousser. Elle était verrouillée. « Avez-vous une clé ?
demanda-t-il à Thomas, ajoutant aussitôt : Monseigneur archevêque… »
    Thomas
secoua la tête. « Pour autant que je m’en souvienne, répliqua-t-il avec un
calme imperturbable, ce passage n’a jamais été utilisé. »
    La porte
n’avait pas l’air bien robuste, mais Philip avait soixante ans et la force
n’avait jamais été sa spécialité. Il recula et donna un coup de pied dans le
montant. La porte trembla. Philip serra les dents et recommença, de toutes ses
forces. La porte céda.
    Philip
regarda Thomas. Ce dernier ne semblait toujours pas décidé à fuir. Peut-être ne
se rendait-il pas compte, comme Philip, que le nombre de chevaliers et le
caractère organisé de leur opération témoignaient d’une intention sérieuse.
Mais Philip savait qu’il serait vain d’invoquer la peur pour convaincre Thomas.
Il se contenta de dire : « C’est l’heure des vêpres. Nous ne devrions
pas laisser quelques têtes chaudes troubler l’ordonnance de l’office. »
    Thomas
sourit, comprenant qu’on utilisait contre lui ses propres arguments.
« Très bien », approuva-t-il, et il se leva.
    Philip
ouvrit la marche, soulagé d’avoir réussi à faire bouger l’archevêque. Le
passage descendait par une longue volée de marches, sans éclairage sinon celui
qui venait de la chambre du prélat. Au bout du passage, une autre porte. Philip
la traita comme la première, mais celle-ci était plus solide et résista. Il se
mit à la marteler de coups en criant : « A l’aide ! Ouvrez la
porte ! Vite, vite ! » Il perçut dans sa propre voix une note
d’affolement et fit un effort pour rester calme, mais il avait le cœur battant
et il savait que les chevaliers de William étaient déjà sur leurs talons.
    Les autres
le rejoignirent. Thomas éleva la voix : « De la dignité. Philip, je
vous en prie », mais Philip n’y prêta pas attention. C’était la dignité de
l’archevêque qu’il voulait préserver, la sienne ne comptait pas.
    Soudain on
entendit le bruit d’une barre qu’on tirait, d’une clé tournant dans la serrure
et la porte s’ouvrit. Philip poussa un soupir de soulagement. Deux cellériers
stupéfaits étaient plantés là. « Je ne savais pas, remarqua l’un d’eux,
que cette porte menait quelque part. »
    Philip les
repoussa avec impatience. Il se trouvait dans les magasins du cellérier. Se
glissant entre les barils et les sacs, il atteignit une autre porte qu’il
franchit. Il était dehors.
    Il se
trouvait dans l’allée sud du cloître. Tout au bout, il aperçut, à son vif
soulagement, la porte qui donnait sur le transept nord de la cathédrale de
Canterbury.
    Ils étaient
sauvés, ou presque.
    Il fallait
emmener Thomas dans la cathédrale avant que William et ses hommes ne les
rattrapent. Le reste du groupe sortit du magasin. « Dans l’église,
vite ! s’écria Philip.
    — Non,
Philip, protesta Thomas. Pas vite. Nous entrerons dans ma cathédrale avec
dignité. »
    Philip eut
envie de hurler, mais il répondit : « Bien sûr, monseigneur. »
    Il
entendait le bruit menaçant de pas lourds dans le passage inutilisé : les
chevaliers avaient dû faire irruption dans la chambre et découvrir le couloir.
Il savait que la meilleure protection de l’archevêque était sa dignité, mais
c’était inutile de chercher les ennuis.
    « Où
est la crosse de l’archevêque ? interrogea Thomas. Je ne peux pas entrer
dans l’église sans ma crosse. »
    Philip
poussa un gémissement de désespoir.
    Un des
prêtres intervint. « Je l’ai apportée. La voici.
    — Tenez-la
devant moi comme d’habitude, ordonna Thomas, je vous en prie. »
    Le prêtre
brandit bien haut la crosse et s’avança avec une précipitation mal contenue
vers l’église.
    Thomas le
suivit.
    L’entourage
de l’archevêque le précéda dans la cathédrale, comme l’exigeait l’étiquette.
Philip entra le dernier et tint la porte. Juste au moment où Thomas pénétrait
dans l’église, deux chevaliers surgirent des magasins du cellérier et se précipitèrent
dans l’allée du cloître. Philip ferma la porte

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