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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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toucha la croupe du cheval et
s’enfonça de quelques centimètres dans la chair.
    Le cheval
sursauta comme un homme surpris, puis, sans laisser à Gilbert le temps de
réagir, piqua un galop affolé, droit vers l’embuscade de Walter.
    William se
précipita à sa poursuite. Gilbert ne cherchait pas à maîtriser sa monture, trop
occupé à rester en selle. Il arriva à la hauteur de Walter et William
l’encouragea intérieurement : « Maintenant, Walter,
maintenant ! »
    Le valet
calcula si bien son mouvement que William ne vit même pas la perche jaillir de
derrière l’arbre. Il vit seulement les antérieurs du cheval fléchir comme si
toute force les abandonnait soudain. Puis son arrière-train parut rattraper les
antérieurs et tout cela s’emmêla. Pour finir, il baissa la tête, sa croupe se
dressa et il tomba lourdement. Gilbert vola par-dessus l’animal. Mais il se
reçut bien, roula sur lui-même et se retrouva à genoux. Tandis que William se
désespérait de le voir s’échapper, Walter émergea des broussailles, plongea et
heurta comme un boulet le dos de Gilbert, le plaquant au sol. Les deux hommes
retrouvèrent en même temps leur équilibre et William constata avec horreur que
le rusé Gilbert se relevait, un poignard à la main. Le jeune homme sauta
par-dessus le cheval toujours au sol et brandit sa massue de chêne en direction
de Gilbert juste au moment où celui-ci levait son couteau. La massue toucha
Gilbert à la tempe.
    L’homme
trébucha, mais se remit debout. Le gaillard était résistant, se dit William. Il
s’apprêtait à lui assener un nouveau coup de massue, mais Gilbert fut plus
rapide et plongea sur William, couteau en avant. Le jeune homme était habillé
pour faire la cour et non pour se battre. La lame acérée trancha son manteau de
drap. Mais il fut assez rapide pour esquiver et sauver sa peau. Gilbert poussa
son avantage, s’arrangeant pour empêcher son adversaire de manier sa massue et
gagnant inexorablement du terrain. William soudain eut peur pour sa vie. C’est
alors que Walter surgit derrière Gilbert et d’un croche-pied le déséquilibra.
    William
soupira profondément, remerciant Dieu de l’intervention de Walter. Il avait vu
la mort de près.
    Gilbert
tenta de se relever, mais Walter lui lança un coup de pied au visage. Pour
faire bonne mesure, William le frappa à deux reprises avec sa massue et Gilbert
ne bougea plus.
    Ils le
roulèrent à plat ventre. Walter s’assit sur sa tête pendant que William lui
attachait les mains derrière le dos, lui ôtait ses hautes bottes noires et
ligotait ses chevilles nues. Après quoi, il se releva, sourit à son valet qui
lui sourit à son tour. Il fallait maintenant forcer le vieux soldat à avouer le
complot.
    Gilbert
revenait à lui. Dès qu’il aperçut William, il le reconnut aussitôt et son
visage exprima la surprise, puis la crainte. Ah ! Il regrettait déjà ses
rires, songea William avec jubilation. Dans un moment, il les regretterait
davantage encore.
    Le cheval
de Gilbert s’était redressé et regardait de tous côtés, affolé, sursautant
chaque fois que le vent agitait une feuille dans un arbre. William ramassa son
couteau et Walter alla rattraper le cheval.
    William
guettait tout bruit insolite. Un autre messager pouvait surgir inopinément. Il
fallait se mettre à l’abri des regards et observer le silence. Personne
n’apparut le temps que Walter ramène sans trop de difficultés le cheval de
Gilbert.
    Ils
jetèrent ce dernier en travers de la selle, puis l’entraînèrent dans la forêt
jusqu’à l’endroit où William avait laissé leurs propres montures. Les chevaux
s’agitèrent à cause de l’odeur du sang qui suintait de la blessure à la croupe
du cheval attaqué, aussi William l’attacha-t-il un peu plus loin. Puis,
cherchant du regard un arbre qui conviendrait à son projet, il repéra un orme
dont une grosse branche faisait saillie à une hauteur de cinq ou six coudées.
Il le désigna à Walter. « On va suspendre Gilbert là », dit-il. Walter
eut un sourire cruel. « Qu’allez-vous lui faire, seigneur ?
    — Tu
verras. »
    Le visage
tanné de Gilbert était blême. William passa une corde sous les aisselles de
l’homme, la noua derrière le dos et la lança par-dessus la branche.
    « Hisse-le »,
commanda-t-il à Walter.
    Gilbert se
débattit, échappa à Walter et tomba par terre. Le valet ramassa la massue de
William et donna un coup sur la tête de Gilbert qui

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