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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Miquel
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Lebel, mais il faut créer de nouvelles compagnies de mitrailleuses : elles sont produites au rythme de 1 400 par mois, soit trois fois plus qu’au début de l’année. On prévoit 4 000 000 de grenades à fusil Viven-Bessières et 40 000 tromblons. Joffre attache une importance particulière aux pièces de tranchées notoirement insuffisantes et inférieures à celles des Allemands.
    Le colonel Estienne met déjà à l’étude un char d’assaut.
    On commence à créer des batteries de 75 sur tracteurs automobiles en raison de la pénurie de chevaux. Mais l’armée se plaint de ne disposer que de 4 000 canons à tir rapide. On n’a pas oublié, dans l’infanterie, les monstrueux éclatements des tubes pendant les offensives, qui laissaient l’artillerie sans voix au moment des attaques.
    L’artillerie lourde restait insuffisante. On prévoyait pour le premier trimestre de 1916 l’équipement des 120 et 155 longs en chariots porteurs et différents modèles d’obusiers avaient été commandés. Sur 3 700 pièces en théorie disponibles en février, le commandement n’avait en ligne que 241 canons modernes à tir rapide. La masse du parc d’artillerie ne pouvait guère équiper, en fait, que 25 régiments dont 20 attelés et 5 à tracteurs. Quant à l’artillerie super-lourde à grande puissance montée sur chemin de fer, elle était réduite à 119 pièces, pour beaucoup de marine, réparties en trois groupements d’armée et se déplaçant sur ordre de l’état-major.
    Cette force de frappe essentielle restait insuffisante et commençait seulement à devenir opérationnelle. Même lacune dans l’aviation, devenue indispensable à la préparation des tirs d’artillerie. Le nouveau programme était lancé seulement le 18 novembre 1915, avec priorité aux appareils de combat. On attendait en janvier 1916 la livraison échelonnée au cours de l’année de 1 430 aéroplanes mais les retards de fabrication des moteurs étaient tragiques. L’essentiel de la production était orienté sur le lancement de 710 automobiles par mois, rendu nécessaire par les déplacements de l’infanterie sur camions dans les cas urgents, et par l’équipement des batteries d’artillerie.
    Joffre comptait sur la meilleure utilisation des armes pour emporter la décision. Aussi son cabinet multipliait-il les instructions pour faire « oublier au soldat la marche abritée dans les boyaux » et lui réapprendre « son métier de tirailleur ». L’infanterie devait recevoir un enseignement de spécialistes, grenadiers pionniers, et s’entendre au plus près avec les artilleurs et les observateurs de tranchée. Les exercices combinés devaient se multiplier, et l’on créait des camps d’instruction dans tous les groupes d’armée, tels ceux de Crèvecœur, de Ville-en-Tardenois ou de Mailly. Il ne suffisait pas d’enseigner la tactique : les unités « dressées pour l’assaut » devaient recevoir « une solide préparation morale ».
    Cette affectation des troupes d’active aux centres d’entraînement n’était pas sans danger. On les remplaçait en ligne par des territoriaux incapables de tenir le front. Une pression allemande en Artois, au mois de janvier 1916, avait inquiété l’état-major. Il était imprudent de dégarnir le front. Mais les réserves étaient insuffisantes pour organiser l’instruction avec efficacité et par roulement. Dans ces conditions, l’offensive prévue sur la Somme ne pouvait raisonnablement être lancée, en liaison avec les Britanniques, avant le mois de juillet. Mais, dès le 18 février 1916, Joffre avait approuvé le plan d’attaque dressé par Foch, sur un front de quarante kilomètres, de la Somme à Lassigny.
    *
    Le pouvoir politique n’opposait pas alors la moindre objection à ce retard, bien au contraire : depuis octobre 1915, il ne songeait qu’à l’intervention dans les Balkans. Briand et Painlevé voulaient y expédier d’importants effectifs, et Joffre s’était décidé à porter secours — trop tard — à l’armée serbe.
    Le gouvernement était conscient de la nécessité de laisser le front en repos pour permettre aux effectifs de se reconstituer. Pétain et Langle de Cary étaient hostiles à l’engagement immédiat au front de la classe 1917. Ils voulaient la garder en réserve. « Nous devons faire une guerre bourgeoisement, disait à Poincaré Castelnau, le nouvel adjoint de Joffre. C’est un compte d’épicier à

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