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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Miquel
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avec une action secondaire sur la Somme, sans grand flonflon d’artillerie lourde. Hindenburg avait fait quintupler les moyens de l’artillerie de tranchée.
    Il convient donc d’aguerrir les soldats dans les lignes, de lutter contre la déprime des tranchées « après deux mois de stagnation relative ». Il faut d’abord pousser l’infanterie à raccourcir les distances qui la séparent des lignes adverses. On estime à cent cinquante mètres la profondeur du no man’s land nécessaire au départ des troupes d’assaut.
    La nuit les terrassiers sont à l’œuvre, dans les secteurs de l’offensive. Ils ne connaissent pas de repos. On leur demande d’exécuter un bond en avant qui peut être de mille deux cents mètres, pour s’enterrer de nouveau et rallier la nouvelle tranchée aux anciennes par des boyaux. Sur un front de huit kilomètres, un travail considérable doit être entrepris, pour le creusement de douze kilomètres de tranchées nouvelles, en vingt jours au maximum et uniquement de nuit.
    Impossible de planter des piquets pour les barbelés, on devra uniquement recourir aux réseaux Brun. Les tirailleurs, le régiment de marche colonial, le 45 e régiment d’active de Laon et le 63 e colonial, des unités d’élites recomplétées par des renforts venus des dépôts, seront, entre autres, affectés aux mouvements en avant singulièrement dangereux contre la ligne ennemie, pour asseoir solidement cette « position intermédiaire ». On songe à employer des cavaliers démontés, depuis que les spahis ont brillamment participé à une action de la X e armée de Maistre. Entraînés au combat à la baïonnette, ils se sont si bien comportés qu’on les a engagés comme entraîneurs.
    Les attaques ne cessent pas, pour obtenir des corrections de position avant l’offensive. On imagine l’emploi d’un nouveau matériel pour protéger les hommes de l’avant et leur permettre de détruire les réseaux de fils de fer sans éprouver trop de pertes. Certains généraux sont sceptiques. Roques écrit à Foch le 8 décembre pour lui dire qu’il n’a pas l’intention d’utiliser le canon lance-grappins ni les brouettes blindées, ni la mélinite portée au bout de perches. Il n’a pas confiance dans ces moyens de fortune. Les obus explosifs de 75 doivent suffire. Le général Lefèvre, du corps colonial, se plaint de n’avoir aucune donnée sur ces engins, pas plus que sur les « tringles à pétards », les « boucliers défensifs » dont on promet merveille.
    *
    Et pourtant les soldats sont lancés tous les jours, quelque part sur le front, en direction des tranchées ennemies, pour avancer les positions ou pour les renforcer en s’emparant des observatoires d’artillerie. Il n’y a pas de répit pour les poilus serrés les uns contre les autres dans les abris glacés de l’hiver, pas même dans les Vosges, où ils enlèvent, le 2 décembre, la Tête de Faux au prix de grandes pertes. La neige qui recouvre les montagnes rend cruelle l’absence des bataillons d’Alpins, engagés sur d’autres fronts.
    Les opérations d’enlèvement des hauteurs dominant Senones se poursuivent. Les hommes se font tuer pour s’emparer du Signal de la Mère Henry, du mamelon 521 et du Carrefour des Quatre Sapins. Impossible de se rendre maître de la côte de Grimaude. On pense généralement dans l’armée que les Vosges sont un secteur calme. Il n’en est rien. Le général Putz pourvoit avec vigilance à l’engagement continuel de ses unités, tout en déplorant la faiblesse de ses moyens d’artillerie. Ses soldats n’ont certes pas le temps de s’endormir dans leurs tranchées.
    Une attaque partielle lance deux bataillons de la 73 e division, le 8 décembre, à l’attaque dans le Bois-le-Prêtre. Il s’agit seulement de rectifier le front. Les pertes sont nombreuses. Une brigade donne l’assaut le même jour à la butte de Vauquois, une autre se fait tuer sur les Eparges. Il s’agit de s’emparer d’un ouvrage sur une crête.
    Le 7, les fantassins du 106 e , vêtus de pantalons de velours, coiffés de passe-montagne, apprennent que la présence en ligne, fixée à trois fois quatre jours, est remplacée par une cadence de trois fois trois jours. On construit sur la pente des abris de bombardement pour protéger mille hommes. Les sapeurs cheminent sous terre vers les lignes ennemies. On attend des troupes fraîches pour l’assaut.
    La nouvelle doctrine de l’état-major est en

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