Les Rapines Du Duc De Guise
et
sortirent, l’arme au poing. Dimitri les rejoignit.
— Là-bas, ils s’enfuyaient par là-bas !
C’était vers la Seine. Ils s’élancèrent, bousculant
les passants, effrayés par ces furieux armés.
Mornay guidait ses
compagnons. Il avait tourné sans hésiter dans la rue Aubry-le-Boucher, puis
dans la rue Quincampoix qu’ils remontaient en courant et en bousculant eux
aussi sans ménagement ceux qui les gênaient. Ils reprirent la rue de Venise
vers la rue Saint-Martin. Ils avaient finalement suivi une boucle qui les avait
ramenés à leur point de départ.
À la rue Aubry-le-Boucher, O et Dimitri
hésitèrent. Ils furent rattrapés par Charles qui s’était aussi armé. O
interrogea un mendiant assis par terre. L’homme fit celui qui ne comprenait pas.
Le marquis lui jeta un écu d’or qu’il avait dans son pourpoint :
— Quatre hommes qui détalaient comme s’ils
avaient le diable à leurs trousses ?
— Par là ! fit le gueux édenté en
empochant la pièce.
Ils repartirent. De nouveau, ils croisèrent un
carrefour très encombré. Cette fois, un savetier dont la boutique faisait le
coin de la rue Quincampoix leur montra la direction des fuyards quand Cubsac l’interrogea.
O, de son côté, questionnait un rémouleur qui tirait un âne.
Ils prirent la rue Quincampoix. Au premier
carrefour, ce furent encore des questions pour apprendre que ceux qu’ils poursuivaient
étaient revenus rue Saint-Martin par la rue de Venise. O comprit. Il aurait dû
s’en douter. Ils étaient venus à cheval et ils allaient reprendre leur monture.
Dans la rue Saint-Martin, Dimitri monta sur une borne d’angle pour tenter de
les voir. Il vit des cavaliers sortir de l’écurie du Fer à Cheval et
mettre leur cheval au galop sans s’inquiéter des gens qu’ils heurtaient sur
leur passage. La rue Saint-Martin était suffisamment large pour qu’ils filent
rapidement.
— On ne les rattrapera pas, monsieur, fit-il
à O.
Le marquis soupira.
— Rentrons chez M. Hauteville.
Nicolas Poulain les attendait. Il n’avait pas
jugé utile de participer à la poursuite. Olivier, lui, était allé délivrer ses
gens au deuxième étage. O le fit chercher, plein de rage.
— Vous saviez que cette garce était la
fille de Mornay ? lui cria-t-il quand il se présenta.
— Non, monsieur, elle m’avait menti une
première fois mais j’avais foi en elle. Je suis allé plusieurs fois chez M. Sardini.
Elle vivait là. Rien ne me laissait croire qu’elle avait encore menti.
» Et ce n’est pas une garce, monsieur, elle
a agi par fidélité pour son roi, tout comme vous, ajouta-t-il, les poings
serrés.
— Je réglerai ça ! menaça O.
Il resta sans mot dire, à méditer et à tenter
de se calmer. Jamais la colère ne l’avait commandé. Ses hommes l’avaient
rejoint, ils attendaient sa décision. Il songea un instant à aller chez Sardini,
mais il savait que le banquier, bien armé, protégeait toujours ses clients, quels
qu’ils soient. Pour le vaincre, il faudrait une armée et il n’avait que ses
hommes d’armes.
Il avait été trompé par plus adroit que lui !
— J’aurai ma revanche, promit-il
finalement l’air mauvais. Mais maintenant, je veux le secret sur cette histoire.
Vous allez le jurer. Jamais le roi ne doit apprendre que je me suis fait voler
trois cent mille écus lui appartenant.
— Vous avez ma parole, monsieur le
marquis, dit Poulain.
— La mienne aussi, monsieur, fit Olivier,
soulagé. Je vous jure de n’en parler jamais.
— Je le jure sur les Évangiles, monsieur,
promit Cubsac.
— Moi aussi, monsieur, dit le valet de
chambre.
Dimitri opina. Lui, il était inutile qu’il
jure. O lui faisait confiance.
— Monsieur Hauteville. Vous avez toujours
le mémoire de votre père ?
— Oui, il était dans mon manteau, ainsi
que la confession de M. Salvancy. Et ils nous ont laissé les registres.
— Je veux que Marteau soit saisi dès ce
soir. Débrouillez-vous avec M. Poulain. Ensuite passez me voir avant
compiles. Je verrai le roi plus tard et je veux lui annoncer que j’ai mis fin à
ces rapines.
— Pouvez-vous nous laisser M. de Cubsac
encore une journée ? demanda Poulain.
27.
Après le départ du marquis d’O et de Dimitri, Olivier
demanda à Le Bègue de s’occuper des obsèques de l’écuyer de M. de Mornay.
Le curé de Saint-Merry n’accepterait pas de faire un enterrement religieux à un
inconnu du quartier, et comme
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