Les Rapines Du Duc De Guise
conseil,
M. Montaut, un des quarante-cinq, avait été décapité pour avoir tenté d’obtenir
vingt mille écus d’Henri III par tromperie. Il proposa alors au roi de
remplacer M. Montaut par M. de Cubsac, un Gascon on ne peut plus
fidèle qui était à son service.
M. d’Épernon, chef effectif des
quarante-cinq, et M. de Montpezat, leur capitaine, ayant accepté,
M. de Cubsac rentra à Paris sans cacher sa satisfaction. Certes, O perdait
un serviteur fidèle, mais il gagnait un homme qui serait à toute heure près du
roi et qui pourrait l’informer de ce qui se tramait à la cour.
Nicolas Poulain
continua à participer aux réunions de la Ligue, mais celles-ci furent de moins
en moins fréquentes. De semaine en semaine, le roi cédait sur tous les terrains
devant le duc de Guise, et une insurrection des Parisiens contre lui n’était
plus nécessaire. Même l’achat d’armes s’interrompit et on ne le convia plus
guère aux réunions.
Olivier s’inscrivit finalement comme avocat à
la cour des Aides malgré l’opposition de son président. François d’O n’avait
pas renouvelé sa proposition de le prendre à son service, devinant que la
relation qui s’était nouée entre Olivier et Cassandre ne lui permettait pas de
s’assurer de la fidélité du jeune homme.
Les mois d’avril et
de mai furent calamiteux pour Henri III et pour son royaume. L’armée du
duc de Guise prit Épernay, puis occupa Toul et Verdun. Seul Metz résista, solidement
défendu par des troupes du duc d’Épernon. Le duc de Mayenne saisit facilement
Dijon et Mâcon, et Elbeuf occupa une partie de la Normandie. Le duc d’Aumale
ravagea la Picardie avec une horde de gueux et de canailles, massacrant et
pillant fermes et châteaux. Si, au début, il ne s’attaqua qu’aux huguenots, très
vite sa bande de brigands se livra aux pires atrocités et saccages auprès de
toute la population, quelle que soit sa religion, pillant même églises et
monastères. À son sujet, on ne parla plus de gentilhomme mais de genpillehomme.
Seul le Midi parvint à résister à l’offensive
ligueuse. À Marseille, les ligueurs ne purent se rendre maîtres de la ville que
le consul voulait livrer aux Lorrains. Bordeaux resta dans le giron du roi et
le duc de Joyeuse tint solidement Toulouse. Les gouverneurs de Provence, du
Languedoc et de Guyenne restèrent fidèles. Mais il est vrai qu’en Languedoc le
duc de Montmorency soutenait les huguenots, et que le gouverneur de Guyenne
était Henri de Navarre !
Pour éviter cependant que son fils ne se
retrouve prisonnier dans un territoire qui, de l’Orléanais à la Champagne et de
la Bourgogne à la Picardie, était presque entièrement tenu par les ligueurs, Catherine
de Médicis, après avoir joué durant des mois un double jeu avec le duc de Guise
qu’elle avait secrètement soutenu, avait entamé avec lui des négociations. Feignant
d’accepter les discussions, le Balafré, qui voulait surtout gagner du
temps pour renforcer ses troupes, la promena de ville en ville sans respecter
les rendez-vous qu’il lui proposait. La seule consolation de la reine mère fut
la confidence du cardinal de Bourbon qui lui avoua en sanglotant regretter de se voir embarqué dans ces choses-ci.
Finalement les véritables tractations
commencèrent en juin. Le duc, qui attendait une nouvelle armée de lansquenets, se
sentait en telle position de force qu’il posa sur la table des demandes
exorbitantes.
Les Lorrains revendiquaient des places de
sûreté et des gouvernements. Le cardinal de Bourbon souhaitait Rouen, Guise
voulait Metz, Toul, Verdun et Châlons, Mayenne exigeait toutes les grandes
villes de Bourgogne qu’il n’avait pas encore, et Aumale réclamait toute la
Picardie. Enfin les ligueurs entendaient être eux-mêmes chargés de chasser l’hérésie
de France et escomptaient bien s’enrichir à l’occasion des pillages de cette
nouvelle croisade.
Début juillet, un accord fut finalement signé
à Nemours par Catherine de Médicis et le duc de Guise. Sans argent, affaibli
par les trahisons, refusant l’appui proposé par le roi de Navarre, le roi
capitula et se soumit à presque toutes les exigences qu’on lui imposait.
Henri III rencontra Henri de Guise à
Saint-Maur et s’efforça de lui faire bon visage en acceptant d’extirper l’hérésie. Le 18 juillet, comme le parlement refusait d’enregistrer l’arrêt signé avec
la maison de Lorraine, Guise contraignit le roi à
Weitere Kostenlose Bücher