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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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questionna la cuisinière qui était revenue
la première à la maison.
    — Que s’est-il passé quand vous êtes arrivées ?
    — La porte était ouverte, j’étais
surprise. C’est en montant qu’on les a découverts, monsieur. J’ai couru voir le
tailleur, et c’est là qu’on vous a vu.
    — Mais le commissaire nous a rejoints
presque aussitôt…
    — Oui, quelqu’un avait dû le prévenir.
    — Si vite ? Alors que vous n’aviez
parlé à personne, sauf au tailleur ? Qui l’a prévenu ?
    — Je ne sais pas, monsieur, balbutia-t-elle,
inquiète qu’on ne la croie pas.
    Qu’est-ce que tout cela signifiait ? se
demanda Le Bègue, désemparé.
    Au bout d’un moment, il comprit qu’il ne
pouvait pas agir seul. Il lui fallait du secours pour sauver le fils de son
maître. Qui pourrait l’aider ? Un ami ? Mais Le Bègue n’en avait pas.
Un magistrat ? Ceux qu’il connaissait ne voudraient pas se mêler de ça. Un
policier, alors… Hélas, ce commissaire Louchart était déjà de la police !
    Il songea soudain à leur voisin, Nicolas
Poulain, qui était lieutenant du prévôt d’Île-de-France et connaissait M. Hauteville.
    Il prit son manteau et son bonnet.
    — Lavez-les et habillez-les. On les fera
enterrer demain aux Innocents, dit-il aux autres avant de sortir de la pièce.
    L’épouse du lieutenant du prévôt était la
fille de l’épicier à l’enseigne du Drageoir Bleu qui vendait des
condiments, des aromates, des clous de girofle, du poivre blanc, des bougies de
cire d’abeille, de l’huile, du vinaigre et des fruits secs, à quelques maisons
de celle des Hauteville. L’épicier était bourgeois de Paris et il appartenait à
un corps respecté, le second des six corps marchands, juste après celui de la draperie.
    Quand Le Bègue arriva à la boutique, l’épouse
de Nicolas Poulain tenait l’échoppe avec sa mère. Dans l’ouvroir, il leur
raconta le crime qui venait de se produire. Les deux femmes étaient déjà
informées, car la rumeur avait vite circulé, mais elles ignoraient que le fils
Hauteville avait été arrêté.
    — J’ai besoin de l’aide de votre mari, madame
Poulain, lui seul peut me donner des conseils. Le fils de mon maître est
innocent, je le jure sur la Sainte Bible !
    — S’il est innocent, il sera relâché, déclara
la belle-mère de Poulain d’un air pincé.
    Marguerite, touchée par son désarroi, fut plus
compatissante.
    — Mon mari est parti en chevauchée comme
chaque semaine et ne rentrera que vendredi. Je lui ferai part de votre visite
et peut-être viendra-t-il vous voir. Mais c’est une affaire dans laquelle il ne
pourra certainement pas intervenir, elle dépend du Châtelet de Paris.
    — Je préférerais venir moi-même, madame… je
vous en prie, insista-t-il en voyant qu’elle hésitait.
    Devant ses larmes, elle accepta, mais
visiblement à contrecœur.

2.
    Lundi 7 janvier
1585, lendemain de l’Épiphanie
    Philippe de Mornay, seigneur
du Plessis, se leva pour faire quelques pas dans la pièce afin de calmer l’agitation
qui l’avait envahi. Raviver ces souvenirs le faisait trop souffrir. Depuis la
cour, on entendait des cliquetis d’armes retentir. Il s’approcha de l’embrasure
de la fenêtre ogivale et jeta un regard vers l’extérieur. Il sourit en voyant
sa fille adoptive et s’apaisa peu à peu. C’était elle qui s’entraînait malgré
le froid et la neige qui couvrait Figeac.
    Il leva les yeux vers le ciel de plomb. À
travers les petits verres rouges et verts taillés en losange, on devinait qu’il
neigerait encore, cette nuit.
    En frissonnant, il se rapprocha du feu qui
crépitait dans la cheminée. La grande salle occupait toute la façade du premier
étage. Elle était presque vide. Les propriétaires – catholiques – avaient
abandonné la maison depuis quelques temps quand son épouse, son personnel et
ses trente hommes d’armes étaient arrivés, trois semaines plus tôt. Lui-même ne
les avait rejoints que l’avant-veille. Depuis la mort du duc d’Alençon, il ne
faisait que voyager et il était fatigué de cette vie d’errance et de dangers. Partout
en France, les routes, les chemins, et les ponts appartenaient aux brigands et
aux rançonneurs. Les périls étaient tels qu’il avait fait son testament pour ce
dernier voyage qui l’avait une nouvelle fois conduit à Paris afin de rencontrer
le roi. Sa femme n’était guère mieux lotie que lui. Depuis la naissance de leur
fille

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