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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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contretemps lui avait sauvé la vie.
    Dans les rues, il avait été frappé par l’effervescence
qui gagnait Paris. Les bourgeois étaient armés de piques et d’épieux à tous les
carrefours, des prêtres, juchés sur des bornes, expliquaient que Dieu venait de
frapper un ennemi de l’Église. Conscient que cette tentative d’assassinat
allait rallumer les haines, Mornay s’était rendu chez sa mère pour la supplier
de quitter aussitôt Paris avec Caudebec pour escorte.
    En vain, elle avait insisté pour qu’il les
accompagne : s’il y avait péril, lui avait-il répondu, il ne pouvait s’en
exempter quand les gens de l’amiral restaient sur place.
    Le samedi soir, après avoir veillé sur M. de Coligny
toute la journée, il était revenu fort tard au Compas d’Or. Quelques
heures plus tard, il avait été réveillé par le tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois
et la cloche du Palais. Peu de temps après, un voisin de chambrée était venu
lui dire qu’on tuait dans les rues. Il s’était levé pour rejoindre l’amiral, mais
son aubergiste l’en avait dissuadé. Bien que catholique romain, c’était un
homme de conscience. Il y avait des listes de proscription et on le cherchait, l’avait-il
prévenu.
    À cinq heures du matin, il avait brûlé ses
papiers avant de monter se cacher sur les toits où il était resté tout le
dimanche. Personne ne l’avait aperçu, mais lui avait tout vu et entendu. Bourgeois,
gentilshommes, artisans, coupe-jarrets et pendards de la cour des miracles, tous
une écharpe blanche nouée au bras gauche, parcouraient les rues, épées et
couteaux en main en criant : « Tuez ! » ou encore :
« Vive le roi ! » Quand ils découvraient quelque protestant, que
ce soit un homme, une femme ou un vieillard, ils le perçaient de coups avec une
joie meurtrière.
    Mornay avait vu ces malheureux tendre des
mains implorantes avant d’être dépouillés et pendus par les pieds, ou traînés à
la rivière, la gorge coupée ou les entrailles pendantes. En quelques heures, la
rue Saint-Jacques s’était transformée en un ruisseau de sang épais et gluant. Il
avait aperçu des femmes enceintes, le ventre ouvert, des bourgeoises à qui on
coupait les mains pour leur ravir un bracelet d’or. Avec effroi, il avait suivi
des yeux un rôtisseur qui embrochait des nourrissons avec sa lardoire pour les
montrer avec fierté à la populace en joie.
    Plus tard dans la journée, sanglotant d’émotion,
il avait été rejoint par un voisin de chambrée qui arrivait de Notre-Dame. Là-bas,
lui avait dit son nouveau compagnon, toutes les maisons, autant celles des
catholiques que celles des protestants, étaient mises à sac et leurs habitants
jetés en Seine. Les femmes qui s’agrippaient aux arches étaient lapidées. Au
Louvre même, tous les hôtes du roi, hommes et femmes, avaient été assassinés et
leurs cadavres empilés dans la cour, dénudés, éventrés, mutilés, émasculés. Les
filles d’honneur de l’escadron volant de la reine mère étaient venues les
examiner en riant. Qu’étaient devenus l’amiral de Coligny, Henri de Navarre et
le prince de Condé ? avait demandé Mornay. L’autre l’ignorait, mais
craignait le pire.
    Le soir, le cabaretier les fit rentrer et leur
raconta la mort de l’amiral de Coligny et les événements qui avaient suivi, tels
qu’un échevin de ses amis les lui avait rapportés.
    — Dans la nuit, le roi a envoyé des
détachements à pied et à cheval partout dans Paris. Il craignait que les
protestants ne tentent de venger M. de Coligny, avait-il dit au
prévôt des marchands. M. de Guise avait été chargé d’empêcher ces
représailles. Avec une importante troupe, il s’est rendu au logis de l’amiral
où bon nombre de gentilshommes huguenots se trouvaient encore. Il y a eu
bataille, mais les gens de Coligny étaient trop peu nombreux, et seuls les
Suisses de la garde du roi de Navarre ont opposé une véritable résistance avant
d’être tués. Sur ordre du duc de Guise, M. de Coligny a été percé d’un
coup d’épieu et son corps a été jeté par une fenêtre. Les assassins ont ensuite
traîné son cadavre jusqu’au gibet de Montfaucon pour le pendre. D’autres en ont
coupé des morceaux pour les manger…
    Philippe de Mornay se souvenait avoir sangloté
en apprenant cette horreur.
    — Après, la tuerie s’est étendue à toute
la ville. Sans doute avait-elle été préparée par des proches du roi et

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