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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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couleur blafarde
qui convainquait tous ceux qui le regardaient. Ils choisirent la plaza de la
Paja, où l’on vendait de la paille pour les paillasses, et le mendiant se
laissa mourir, provoquant un beau désordre parmi les paroissiens. Hernando et
ses complices entourèrent le cadavre, pleurant et demandant l’aumône pour
pouvoir lui offrir un enterrement chrétien, ce à quoi les gens, émus,
répondirent avec générosité. Mais il s’avéra qu’un prêtre qui se trouvait de
passage à Cordoue avait assisté à la même scène à Tolède. Il s’approcha alors
du mort et, sous les yeux indignés de l’auditoire affligé, se mit à lui
flanquer des coups de pied. Au troisième coup dans les reins, le mendiant
ressuscita et Hernando et ses complices échappèrent du mieux qu’ils purent à la
colère des personnes dupées.
    Il travaillait également pour les fonctionnaires corrompus,
les patrons de tripots illégaux où l’on jouait aux cartes ou aux dés. Il fit la
connaissance d’un garçon un peu plus âgé que lui, surnommé Palomero, qui
s’employait à dénicher des clients potentiels. Palomero avait un sixième sens
pour repérer les étrangers qui recherchaient un tripot où parier de l’argent
et, dès qu’il en voyait un, il courait vers lui pour lui conseiller, avec
insistance, celui de Mariscal, qui le payait. Hernando l’aidait souvent,
surtout en empêchant les autres dénicheurs de clients, qui traînaient sur la
place del Potro, d’atteindre le joueur que Palomero avait découvert le premier.
Il leur faisait des croche-pieds, les poussait et utilisait n’importe quelle
ruse pour y arriver.
    — Au voleur ! s’était-il écrié une fois face à un
jeune qu’il n’avait pu retenir et qui se dirigeait déjà vers le joueur avec qui
Palomero négociait.
    Un alguazil avait alors surgi, qui s’était élancé à la
poursuite du jeune, mais cela n’avait pas rendu service à Palomero car le
joueur disparut dans la pagaille.
    Comme cela devait arriver, Hernando se retrouva embarqué
dans de nombreuses rixes et reçut pas mal de coups, ce qui lui valut l’amitié
sincère de Palomero, et lui fit gagner un peu plus d’argent que de ce qu’ils
étaient convenus. Ils discutaient, riaient et partageaient leur nourriture.
Hernando s’amusait des grimaces permanentes que Palomero parvenait à faire. Il
prétendait avoir découvert le truc grâce auquel Mariscal plumait, non seulement
les « bleus », les ingénus qui arrivaient pour la première fois dans
son tripot, mais également les tricheurs et les joueurs invétérés, aussi
expérimentés fussent-ils.
    — Il est capable de bouger le lobe de son oreille
droite tout en restant imperturbable, lui avait-il révélé, émerveillé. Pas un
muscle de son visage ne bouge, pas même le reste de son oreille ! Il joue
avec un complice qui, sitôt qu’il reconnaît le signal, sait quelle carte
possède Mariscal et mise.
    — Comme ça ? avait-il demandé à Hernando en
tentant de reproduire la performance.
    — Non.
    — Et maintenant ? avait-il insisté.
    — Non plus. Je suis désolé.
    Et Hernando avait éclaté de rire devant le visage contracté
de son ami.
     
    En général, à l’exception de certains échecs comme celui du
faux mort, les affaires d’Hernando marchaient bien. Si bien qu’il avait versé à
Juan la première échéance pour l’achat d’une mule ; pas celle qu’il aurait
désirée, mais pas celle non plus que son capital lui permettait de se payer.
Cependant le marchand lui avait fait un bon prix. Il avait l’intention de
proposer à Brahim d’échanger cette mule contre Fatima. Malgré sa haine à
l’égard d’Hernando, il ne pourrait pas dire non. Depuis un moment il ne
réclamait plus sa seconde épouse. Fatima continuait à ne pas manger, ce qui,
compte tenu des privations, n’était pas très difficile. Elle ne grossissait pas
et demeurait extrêmement maigre et languissante, sans attrait pour un Brahim
toujours épuisé à cause de son travail exténuant dans les champs, auquel il n’était
pas habitué. Aisha collaborait à la tranquillité de la jeune fille et
rassasiait son mari lorsque ce dernier en avait besoin. Cependant, depuis
qu’Hernando lui avait sauvé la vie face au taureau dans la ruelle, les yeux
noirs de Fatima s’étaient remis à pétiller. Toutefois, Hernando dut la
convaincre de son plan.
    — Je suis sûr qu’il acceptera ! tenta-t-il de la
persuader. Tu n’as pas

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