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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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la
cathédrale de Cordoue. Hernando et Fatima vivaient avec inquiétude l’excitation
que cette annonce avait suscitée parmi la population, y compris le personnel
des écuries, comme cela avait déjà été le cas à la même date les deux dernières
années, en cette journée choisie chaque fois pour les autodafés. L’année
précédente, la ferveur populaire et la curiosité morbide avaient atteint leur
comble : lors de cette célébration, après un long procès où la torture
avait été employée, une sentence avait été dictée à l’encontre de sept
sorcières, parmi lesquelles la célèbre Montilla Leonor Rodríguez, connue sous
le nom de « La Camacha », condamnée, une fois qu’elle eut abjuré le levi, à recevoir cent coups de fouet à Cordoue et cent autres à Montilla, à
être exilée dix années de Montilla et à servir dans un hôpital de Cordoue
pendant les deux premières. En ces journées, où la religiosité pouvait se
percevoir même chez les animaux, les Maures s’efforçaient de passer inaperçus
dans le voisinage. La Camacha avait avoué tenir son art de nécromancienne d’une
Mauresque de Grenade !
    Cependant, ni Hernando ni Fatima ne purent demeurer
indifférents aux intentions du tribunal de l’Inquisition cette année-là. La
veille au soir, Abbas leur avait rendu une petite visite.
    — Demain, nous devrons aller à la mezquita assister à
l’autodafé, leur avait-il annoncé brusquement après les avoir salués.
    Hernando et Fatima avaient échangé un regard.
    — Tu crois vraiment ? avait demandé le jeune
homme. Pour quelle raison devrions… ?
    — Plusieurs Maures sont condamnés.
    En dépit de ses origines africaines, Abbas s’entendait très
bien avec les inquisiteurs. Lui-même suivait les instructions qu’il donnait à
Hernando et se présentait devant ses impitoyables voisins de l’alcázar comme le
plus chrétien des chrétiens. Au point d’être régulièrement montré comme exemple
d’évangélisation d’un natif de la secte de Mahomet. De la même manière, son
métier lui permettait de gagner la confiance et la gratitude des inquisiteurs
avares et familiers du Saint-Office : la soudure d’une porte déboîtée, une
barre en fer cassée, un ornement brisé. Les grilles des petites fenêtres des
cachots… ! Tous ces menus travaux étaient effectués par l’habile
maréchal-ferrant des écuries qui, prétendant les réaliser par dévotion, ne
demandait pas à être rémunéré pour cela.
    — Quand bien même, avait insisté Hernando. Pour quelle
raison devrions-nous assister à l’autodafé ?
    — Premièrement, à cause de notre dévotion et de notre
respect pour la sainte Inquisition, avait répondu Abbas avec une grimace. Il
faut qu’ils nous voient là-bas, crois-moi. Deuxièmement, je veux que tu
rencontres quelqu’un. Troisièmement, et c’est le plus important, afin de savoir
exactement pourquoi nos frères ont été jugés et quelles sont les peines dont ils
écopent. Nous devons informer Alger de la façon dont l’Inquisition traite les
musulmans en Espagne.
    Fatima et Hernando s’étaient redressés en même temps.
    — Pourquoi ?
    Abbas avait imploré leur attention d’un geste de la main.
    — Pour chacun de nos condamnés, les Turcs châtieront
les prisonniers chrétiens dans les bains d’Alger. Oui. C’est comme ça, avait-il
renchéri en voyant l’expression d’Hernando. Et les chrétiens le savent. Cela ne
suffit pas pour que l’Inquisition arrête de punir ce qu’elle considère comme de
l’hérésie, mais c’est une bonne méthode de pression qui aura probablement une
influence au moment du choix de la condamnation. Je le sais. Je les ai entendus
en parler. Les nouvelles vont et viennent. Nous les envoyons à Alger et elles
reviennent de là-bas par l’entremise de captifs rachetés ou de moines
mercenaires qui sont allés payer leur rançon. Ça c’est toujours passé
ainsi : avant les Rois Catholiques, les corsaires faits prisonniers en
Espagne étaient lapidés ou pendus, ce qui entraînait une réponse immédiate de
l’autre côté du détroit, où les corsaires exécutaient un chrétien. Ils en
arrivèrent à un accord tacite : les galères à perpétuité pour les uns et
les autres. Il se passe la même chose avec l’Inquisition. Ici, à Cordoue, avant
l’arrivée des Grenadins déportés, il n’y avait pas de Maures ; à présent
c’est à nous d’organiser ce qui, dans d’autres

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