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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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ennemis
musulmans, même s’il se voyait finalement toujours obligé d’abdiquer. Dès que
les familles des nobles et des chevaliers savaient où se trouvaient leurs
parents, ce dont se chargeaient de les informer les corsaires en personne,
elles entraient rapidement en négociation sur le montant de la rançon.
    Doña Catalina et son fils avaient été bien traités, et
Brahim n’avait pas tardé à recevoir la visite de Samuel, célèbre marchand juif
de Tétouan avec qui le muletier avait déjà été plusieurs fois en affaires quand
il s’agissait de vendre des marchandises saisies sur des bateaux chrétiens.
    — Je ne veux pas d’argent, avait coupé Brahim dès que
le juif s’était mis à négocier. Je veux que le marquis se débrouille pour me
rendre ma famille et me permette de me venger de deux hommes des Alpujarras.
     
    La dernière étoile filante traça une parabole dans le ciel
limpide de Cordoue et Brahim sourit au souvenir du visage surpris de Samuel
quand il avait écouté ses conditions pour la libération de doña Catalina et de
son fils.
    — Dans le cas contraire, Samuel, avait-il dit en
mettant un terme à la conversation, je tuerai mère et fils.
    Brahim contempla le ciel du balcon de la chambre où il était
logé, à l’auberge du Montón de la Tierra, dernier établissement sur le chemin
de las Ventas depuis Tolède, à seulement une lieue de Cordoue. Huit ans
auparavant, il était passé par là avec Aisha et Shamir quand il cherchait El
Sobahet pour lui proposer le marché qui lui avait finalement fait perdre sa
main droite. Ubaid ! marmonna-t-il. Il caressa la poignée de l’alfange
accrochée à sa taille ; il avait appris à utiliser l’arme de sa main
gauche. Sur lui, il portait un document souscrit par le secrétaire du marquis qui
lui garantissait la libre circulation en Andalousie et, à la porte de sa
chambre, un laquais du noble se tenait posté afin que personne ne vienne
l’ennuyer pendant qu’il attendait ce qui devait se passer. Depuis le balcon il
balaya du regard le rez-de-chaussée de l’auberge, une cour carrée éclairée par
des torches clouées aux murs, autour de laquelle se trouvaient la cuisine et la
salle à manger, le pailler, le logement de l’aubergiste et de sa famille ainsi
que les écuries. Plusieurs soldats de la petite armée recrutée par le marquis
lambinaient dans la cour, dans l’attente tout comme lui. Une grosse quantité
d’argent avait été donnée à l’aubergiste pour acheter son silence et fermer
l’établissement à tout autre voyageur.
    Il regarda de nouveau le ciel et tenta de se laisser gagner
par la sérénité qu’il dégageait. Depuis des années il rêvait de ce jour. Il
frappa à plusieurs reprises la balustrade en bois sur laquelle il appuyait le
poing de sa main gauche, et deux soldats levèrent le visage vers le balcon.
    Une fois de plus, quatre jours plus tôt, Nasi avait essayé
de le convaincre de ne pas débarquer sur les côtes de Malága.
    — Mais pourquoi à Cordoue ? Le marquis peut tous
te les ramener ici, même Ubaid. Il pourrait te le livrer là, enchaîné comme un
chien. Tu ne courrais aucun risque…
    — Je veux assister à tout depuis le premier instant,
avait répondu Brahim.
    Le marquis, jeune noble aussi fier et altier que l’annonçait
sa magnifique présence, ne le comprit pas davantage. Il avait exigé des
garanties pour que le corsaire tienne sa parole une fois qu’il aurait, lui,
rempli sa part du marché. Et, à sa surprise, Brahim en personne s’était
présenté comme garantie.
    — Si je ne revenais pas, chrétien, l’avait menacé
l’ancien muletier, tu ne peux pas imaginer les souffrances que subiraient ta
femme et ton fils avant de mourir.
    À ce sujet, il avait parlé avec Nasi.
    — Au cas où ça se passerait mal, ma femme et mes filles
hériteront de moi, comme l’impose la loi, avait-il dit à son jeune assistant au
moment de le saluer, mais le commerce sera à toi.
    Il savait qu’il risquait sa vie… mais il avait besoin d’être
sur place, de voir l’expression de Fatima et du nazaréen, d’Aisha,
d’Ubaid : sa vengeance ne serait pas complète s’il était privé de ces
moments.
     
    Cette nuit-là, sept hommes du marquis de Casabermeja, d’une
loyauté totale et d’une fidélité éprouvée envers le noble, se dirigèrent vers
la porte d’Almodovar, à l’ouest des remparts qui entouraient Cordoue. Au cours
de la journée, ils avaient vérifié que

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