Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
Vom Netzwerk:
enfin elle s’avoua
vaincue, un cri rauque surgit de sa bouche, de colère et de douleur, que
l’homme étouffa de sa grosse main. Ibn Hamid ! murmura alors Fatima pour
elle-même, le visage baigné de larmes. Ibn Hamid…
    — Allons-y, ordonna le noble.
    Ils rebroussèrent chemin vers la porte d’Almodovar, non
loin, en traînant les deux femmes, les enfants dans les bras de ceux qui les
avaient sortis de chez eux.
    En quelques instants seulement, ils montèrent à cheval, les
femmes posées sur le cou de leur monture comme de simples sacs, les enfants
agrippés par les cavaliers. Pendant ce temps, calle de los Barberos, les
voisins se rassemblaient devant les portes ouvertes de la maison d’Hernando,
hésitant à entrer. Le marquis et ses hommes partirent au galop en direction de
l’auberge du Montón de la Tierra.
    L’enlèvement de cette famille constituait seulement une
partie de l’accord passé avec Samuel le juif, accord qui incluait également de
mettre aux pieds de Brahim le monfí de la Sierra Morena connu comme le Manchot,
pensait le marquis, préoccupé de n’avoir pas trouvé Hernando, tout au long du
trajet jusqu’à l’auberge.
    Prendre d’assaut une maison maure à Cordoue avait été pour
le marquis de Casabermeja une entreprise relativement facile. Il fallait juste
compter sur des hommes loyaux, entraînés, et laisser tomber une poignée d’écus
d’or ici et là ; personne n’allait s’inquiéter pour quelques chiens
maures. Le cas du monfí était différent : il s’agissait de repérer sa
bande à l’intérieur de la Sierra Morena, de s’en approcher et, très
certainement, de se battre avec ses hommes pour le capturer. La chasse au monfí
avait commencé plusieurs jours auparavant. Quand le marquis apprit que ses
hommes l’avaient trouvé, alors seulement il avertit Brahim, et ce dernier
décida de venir à une lieue de Cordoue. Tout devait être fait en même
temps : le corsaire ne voulait pas demeurer sur la terre espagnole plus de
jours que nécessaire, et le marquis de Casabermeja ne désirait courir le risque
qu’on les arrête.
    Pour s’emparer du monfí, le marquis avait engagé une armée
de bandits d’honneur valenciens commandés par un noble de rang inférieur, aux
faibles ressources économiques, dont les terres côtoyaient les siennes dans le
royaume de Valence. Il n’était pas le seul hidalgo à faire appel aux bandits
d’honneur ; il existait de véritables armées dirigées par des nobles et
seigneurs qui, protégés par leurs prérogatives, utilisaient ces criminels,
moyennant salaire, pour des missions de pur pillage ou dans le but de régler en
leur faveur un conflit sans nécessité de passer par une justice toujours lente
et coûteuse.
    L’administrateur des terres du marquis à Valence jouissait
de bonnes relations avec le baron de Solans. Ce dernier entretenait une petite
armée de près de cinquante bandits d’honneur qui fainéantaient dans un château
en ruine, et il accepta de bon cœur l’argent que lui offrit l’administrateur
pour se débarrasser d’une bande de Maures. À l’exception du Manchot, qu’il
fallait livrer vivant à l’auberge du Montón de la Tierra, les autres devaient
mourir : le marquis ne souhaitait pas de témoins. Le baron de Solans abusa
les monfíes de la Sierra Morena en faisant parvenir à Ubaid un message où il
l’invitait à s’allier à lui étant donné sa connaissance des montagnes, dans le
but par la suite de se consacrer, ensemble, à des missions de plus grande
envergure dans les environs de la riche Tolède. Quand les deux bandes se
rencontrèrent dans la montagne, un combat inégal s’engagea : cinquante
criminels expérimentés bien armés contre Ubaid flanqué d’une douzaine
d’esclaves maures fugitifs.
     
    Dès qu’il entendit les hommes s’agiter en bas, Brahim courut
jusqu’au balcon qui donnait sur le patio. Il arriva juste à temps pour voir les
portes de l’auberge s’ouvrir et laisser passer un groupe de cavaliers. Les
doigts de sa main gauche se crispèrent sur la balustrade en bois quand, parmi
les ombres et le scintillement des torches, il distingua la silhouette de deux
femmes que les hommes laissèrent tomber de leurs montures une fois les portes
refermées derrière eux.
    Aisha et Fatima tentèrent de se mettre debout. La première
s’appuya sur l’échine d’un cheval et retomba quand celui-ci, inquiet, caracola.
Fatima avança à quatre pattes et chancela

Weitere Kostenlose Bücher