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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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les informations reçues au sujet de la
maison d’Hernando étaient correctes. Ils n’avaient pas réussi à voir le
nazaréen, mais deux voisins, de vieux-chrétiens bien disposés dès qu’il
s’agissait de dire du mal des Maures, leur avaient confirmé que c’était bien là
que vivait l’écuyer des écuries royales. Ils avaient aussi donné une bonne
somme d’argent à l’alguazil qui devait les laisser passer à la porte
d’Almodovar. Cette nuit-là, la porte s’entrouvrit, et le marquis, le visage
masqué, au côté de deux laquais à la figure également couverte, et de sept
soldats, entra dans Cordoue. Dehors, cachés, deux hommes les attendaient avec
des chevaux pour tous. Les dix hommes descendirent en silence la calle déserte
d’Almanzor jusqu’à celle de los Barberos, où l’un d’eux se posta. Le marquis,
le visage toujours dissimulé, se signa devant la peinture de la Vierge des
Douleurs qui apparaissait sur la façade de la dernière maison de la calle
d’Almanzor, avant d’ordonner qu’on éteigne les bougies qui éclairaient la
scène, seul éclairage de la rue. Pendant que les laquais s’exécutaient, le
reste de la troupe s’avança vers la maison, dont la grosse porte en bois
demeurait close. L’un d’eux continua plus loin, jusqu’au croisement de la calle
de los Barberos avec celle de San Bartolomé, d’où il siffla pour signaler qu’il
n’existait aucun danger ; personne ne se promenait dans ce quartier de
Cordoue à une heure pareille, et seuls quelques bruits sporadiques brisaient la
tranquillité.
    — Allons-y ! commanda alors le noble sans se
soucier qu’on puisse l’entendre.
    Sous la lumière de la lune, qui luttait pour parvenir
jusqu’aux étroites ruelles de la Cordoue musulmane, un des hommes enleva sa
cape et, aidé par deux autres qui le poussèrent vers le haut, se hissa avec une
agilité étonnante jusqu’à un balcon du deuxième étage. Une fois rendu, il lança
une corde par laquelle grimpèrent ses deux complices.
    Le chevalier gardait son visage caché et les hommes qui
l’accompagnaient empoignèrent leurs épées, prêts à attaquer dès qu’ils virent
leurs trois compagnons serrés sur le petit balcon de la maison d’Hernando.
    — Maintenant ! cria le marquis.
    Deux puissants coups de pied contre le volet en bois qui
fermait la fenêtre résonnèrent dans les rues de la médina. Aussitôt après, au
premier cri qui retentit à l’intérieur de la maison, les hommes du balcon
s’élancèrent contre le pauvre volet, le mirent en miettes et firent irruption
dans la chambre de Fatima. Les hommes qui attendaient en bas se déplacèrent,
nerveux, près de la porte fermée. Le marquis, hiératique, ne tourna même pas la
tête. Les cris et le remue-ménage d’hommes et de femmes qui couraient dans la
maison, les pleurs des enfants et les pots de fleurs qui tombaient par terre
précédèrent l’ouverture de la porte donnant sur la rue. Les hommes qui attendaient
en bas pénétrèrent l’un après l’autre, épée dégainée, dans le vestibule.
    Dans les maisons voisines, une certaine agitation commença à
se faire sentir. La lumière d’une lanterne brilla d’un balcon proche.
    — Au nom du Manchot de la Sierra Morena, cria l’un des
soldats postés dans la ruelle, éteignez vos lumières et restez chez vous !
    — Au nom d’Ubaid, monfí maure, fermez portes et
fenêtres si vous ne voulez pas avoir de problèmes ! renchérit un autre en
courant dans la calle de los Barberos.
    Le marquis de Casabermeja demeurait immobile devant la
façade de la maison. Peu après, ses hommes sortirent en traînant Aisha et
Fatima, pieds nus et en chemise de nuit, ainsi que les trois enfants qui
pleuraient.
    — Il n’y a personne d’autre, Excellence, dit l’un d’eux
au marquis. Le Maure n’est pas là.
    — Que voulez-vous ? cria alors Fatima.
    L’homme qui la tenait par le bras la gifla, alors que son
acolyte, qui traînait Aisha, secoua celle-ci pour l’empêcher de crier.
Atterrée, Fatima eut le temps de lancer un dernier regard vers son foyer. Les
sanglots de ses enfants l’obligèrent à tourner la tête dans leur direction.
Deux hommes les portaient sur leurs épaules ; un autre tirait Shamir, qui
tentait de se dégager en envoyant de vains coups de pied. Inés, Francisco…
qu’allaient-ils devenir ? Elle se débattit une fois de plus, inutilement,
dans les bras puissants de l’homme qui l’immobilisait. Quand

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