Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
Vom Netzwerk:
Son
Illustrissime décidera l’expulsion de ce délinquant.
    Si on le chassait de la cathédrale, il serait d’abord puni
par le duc, puis par le comte d’Espiel. Qu’adviendrait-il de lui… et de sa
mère ? Les Barbaresques ! Ils devaient fuir aux Barbaresques.
    Don Julián travaillait à cela. La seule solution était de
feindre d’implorer la clémence. Il se laissa tomber à genoux comme s’il avait
un malaise, et au moment où les laquais s’accroupissaient pour mieux
l’attraper, il leur échappa et se mit à courir vers l’homme qu’il pensait être
le duc.
    — Pitié ! supplia-t-il en s’agenouillant devant
lui pour baiser ses chaussures en velours. Par Dieu et la Très Sainte
Vierge… !
    Plusieurs hommes bondirent sur Hernando, le soulevèrent et
le poussèrent hors du chemin du duc, qui n’avait même pas ralenti.
    — Par les clous de Jésus-Christ ! cria-t-il en
donnant des coups de pied et en se démenant entre les laquais.
    Lorsqu’il entendit cette dernière expression, la surprise
apparut sur le visage du noble et, pour la première fois, il s’intéressa au
plébéien qui causait tant de dérangement. Alors Hernando croisa son regard.
    — Arrêtez ! Lâchez-le ! ordonna don Alfonso à
ses hommes.
    Le cortège s’arrêta. Plusieurs personnes pointèrent la tête.
    Les membres du conseil commencèrent à se rapprocher et même
l’évêque releva les yeux pour voir ce qui se passait.
    — J’ai dit lâchez-le ! insista le noble.
    Sale, en haillons, Hernando se retrouva debout devant
l’imposant duc de Monterreal. Tous deux s’observèrent, stupéfaits. Questions et
vérifications ne furent pas nécessaires : les souvenirs du noble et du
Maure les ramenèrent en même temps à la tente de Barrax, le capitaine corsaire,
dans les environs d’Ugíjar, où Abén Aboo avait établi son camp après la défaite
de Serón.
    — Et la Vieille ? demanda soudain Hernando.
    Un alguazil crut à une impertinence et voulut le gifler,
mais don Alfonso, sans cesser de regarder Hernando, l’en empêcha d’un mouvement
autoritaire de la main.
    — Elle a rempli son devoir, comme tu me l’avais assuré.
    Le chancelier et le secrétaire, hommes austères et sévères,
sursautèrent en constatant l’amabilité avec laquelle leur seigneur traitait ce
gueux. D’autres membres de l’escorte échangèrent des murmures.
    — Elle m’a conduit près de Juviles. En chemin, nous
avons croisé des soldats du prince qui m’ont transporté, presque inconscient, à
Grenade, puis à Séville pour me soigner. Malheureusement, je ne sais pas ce
qu’elle est devenue.
    — J’étais sûr que la Vieille ne me trahirait pas,
affirma Hernando.
    Tous deux sourirent.
    Entre les gens les rumeurs enflèrent.
    — As-tu retrouvé ton épouse et ta mère ? demanda à
son tour le noble, oubliant tous ceux qui l’entouraient.
    — Oui, soupira Hernando.
    Il avait retrouvé Fatima, en effet, mais à présent il
l’avait perdue pour toujours…
    Les paroles du duc interrompirent ses pensées :
    — Vous tous, sachez, proclama-t-il en élevant la voix,
que je dois la vie à cet homme qu’on surnomme le nazaréen, et qui, à partir
d’aujourd’hui, jouira de ma faveur, de mon amitié et de ma gratitude éternelle.

 
AU NOM DE LA FOI
    « … Comme les
hommes m’avaient appelé Dieu et fils de Dieu, mon Père, ne voulant pas que ce
fût au jour du Jugement dernier un objet de moquerie pour les démons, préféra
que ce soit sur terre un sujet d’affront à cause de la mort de Judas sur la
croix… Et cet affront durera jusqu’à la mort de Mahomet qui, lorsqu’il viendra
sur terre, sortira d’une telle erreur ceux qui croient en la loi de
Dieu. »
     
    Évangile de Barnabé

 
44.
    Cordoue, 1584
     
    Hernando observait les travaux de peinture et de rénovation
réalisés dans la bibliothèque de la cathédrale, vidée cette fois de tous ses
ouvrages et destinée à devenir la chapelle du Sanctuaire. Le lieu l’attirait
fortement et il s’y rendait régulièrement. À part se promener à cheval et lire,
enfermé, dans la grande bibliothèque du palais du duc de Monterreal, sa
nouvelle demeure, il n’avait pas grand-chose à faire. Le duc avait réglé ses
problèmes avec le comte d’Espiel par un pacte dont Hernando n’avait jamais
réussi à connaître les détails. Par ailleurs, dans le style des hidalgos
espagnols, il lui avait interdit de travailler, lui attribuant une

Weitere Kostenlose Bücher