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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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leurs pères et de leurs frères, des pactes auxquels ils
peuvent aboutir si un membre de leur famille est fait prisonnier. Cette même
ville sainte, continua Abbas en levant la voix, a pu être reconquise par les
chrétiens parce qu’un seul noble, un seul, don Lorenzo Suárez Gallinato, a
convaincu le roi Abenhut qu’il était posté avec une grande armée à Ecija, à
seulement sept lieues d’ici ! Et qu’il devait aller aider Valence au lieu
de venir secourir Cordoue.
    Abbas soupira. Hernando ne savait que dire.
    — Un seul noble a changé le destin de la capitale
musulmane d’Occident ! Et tu continues à prétendre que tu n’as fait de mal
à personne ?
    Ils ne se dirent même pas au revoir.
     
    La récrimination d’Abbas poursuivit Hernando plusieurs jours
durant. Sans cesse, il essayait de se convaincre que le corsaire Barrax avait
seulement capturé don Alfonso afin d’obtenir une rançon pour lui. Sa liberté ne
pouvait pas avoir eu une influence sur le déroulement de la guerre des
Alpujarras ! se répétait-il avec insistance, mais les paroles du
maréchal-ferrant n’arrêtaient pas de revenir à son esprit dans les moments les
plus inopportuns. Pour cette raison, il aimait visiter la chapelle du
Sanctuaire de la cathédrale, l’ancienne bibliothèque qui lui rappelait tant de
souvenirs. Là, il recouvrait une certaine tranquillité en contemplant Cesare
Arbasia, le maestro italien engagé par le conseil, peindre et décorer la
chapelle du sol à la voûte, en passant par les murs et les doubles arcs. Peu à
peu, ce décor de tons ocre et rouges se remplissait d’anges et d’écus. La main
de l’artiste s’immisçait dans le moindre recoin. Même les chapiteaux des
colonnes étaient recouverts d’une couche dorée !
    — Le grand maestro Léonard de Vinci a dit que les
croyants préfèrent voir Dieu en image plutôt que de lire un écrit faisant
référence à la divinité, lui avait expliqué un jour l’Italien. Cette chapelle
se fera à l’image de la chapelle Sixtine de Saint-Pierre de Rome.
    — Qui est Léonard de Vinci ?
    — Mon maître.
    Hernando et Cesare Arbasia, homme de quarante-cinq ans,
sérieux, nerveux et intelligent, étaient devenus amis. Le peintre avait
remarqué ce Maure, toujours impeccablement habillé à la castillane, comme il se
devait à la cour du duc, la troisième fois où il l’avait vu assis dans la
chapelle depuis des heures en train de contempler son travail. Ils avaient tous
deux facilement sympathisé.
    — Peu t’importent les images, pas vrai ? lui
avait-il demandé un jour. Je ne t’ai jamais vu les observer, ni avec dévotion,
ni même avec curiosité. C’est plutôt le processus de la peinture qui
t’intrigue.
    C’était exact. Ce qui attirait le plus Hernando, c’était la
méthode qu’utilisait l’Italien, si différente de celle qu’il avait vu employer
par les maroquiniers et les peintres cordouans pour peindre la chapelle du
Sanctuaire.
    Le maestro crépissait la partie du mur qu’il souhaitait
peindre avec un mélange assez épais, composé de gros sable et de chaux, qu’il
étalait ensuite consciencieusement et enduisait de quartz et d’encore plus de
chaux. Il pouvait peindre dessus seulement quand c’était encore frais et
humide, raison pour laquelle, parfois, lorsqu’il voyait que le crépi allait
sécher avant qu’il n’ait pu finaliser son travail, cris et imprécations en
italien résonnaient dans toute la cathédrale.
    Les deux hommes s’étaient observés en silence pendant
quelques instants. L’Italien savait qu’Hernando était un nouveau-chrétien, et
il devinait qu’il était resté fidèle à la foi de Mahomet. Le Maure s’était sans
problème ouvert à lui. Il était sûr qu’Arbasia aussi dissimulait quelque
chose ; il se comportait comme un chrétien, représentait Dieu, la Vierge,
les martyrs de Cordoue et les anges ; il travaillait pour la cathédrale,
mais ses façons et ses paroles le différenciaient des pieux Espagnols.
    — Je suis partisan de la lecture, avait reconnu le
Maure. Je ne trouverai jamais Dieu dans de simples images.
    — Toutes les images ne sont pas si simples ;
nombre d’entre elles reflètent ce que cachent les livres.
    Et sur cette énigmatique déclaration du maestro, leur
conversation ce jour-là avait pris fin.
     
    Le palais du duc
de Monterreal était situé dans le quartier haut de Santo Domingo. Son corps
principal datait du XIV e  siècle,

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