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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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la copie de l’évangile de Barnabé. Arbasia l’avait
deviné, et il n’avait pas esquissé un geste pour le prendre.
    — Tu me mets dans l’embarras. Que va-t-il se passer si
l’Inquisition trouve ce document en ma possession ?
    Hernando tendait toujours le bras.
    — Tu jouis de la faveur de l’évêque et du Conseil.
Personne ne te causera de problèmes.
    — Pourquoi ne le replaces-tu pas où tu l’as
trouvé ? Il est resté là pendant des années, et personne ne l’a découvert…
    — Ce n’est pas la question. Évidemment, je pourrais le
cacher dans beaucoup d’endroits. Mais ce que je veux, c’est qu’au cas où il
m’arrive quelque chose, ce précieux document ne soit pas perdu. Je suis sûr que
tu sauras quoi en faire dans ce cas.
    — Et ceux de ta communauté ?
    — Je ne leur fais pas confiance, avait avoué Hernando.
    — Eux non plus apparemment. J’ai entendu des rumeurs…
    — Je ne sais quoi faire, César. J’ai risqué ma vie en
combattant pour nos lois et notre religion. Pour cette cause, on m’a dit que je
devais avoir l’air plus chrétien que les chrétiens. Et maintenant on me
rejette. Toute ma communauté me méprise… et pense que je suis un traître. Même
ma mère !
    Hernando avait aspiré un bol d’air avant de poursuivre.
    — Et ce n’est pas tout : d’après ce que j’ai
entendu, pour mes frères la violence semble être la seule manière de sortir de
l’oppression.
    Arbasia avait pris l’évangile.
    — Ne cherche pas la reconnaissance de tes frères, lui
avait conseillé le peintre. C’est juste de l’orgueil. Recherche seulement celle
de Dieu. Continue à lutter pour ce que tu sens, mais conserve à l’esprit que le
seul chemin est celui de la parole, de la compréhension, jamais de l’épée.
    Arbasia avait gardé le silence quelques instants avant de
lui dire au revoir.
    — La paix, Hernando.
    — Merci, maestro. Que la paix soit également avec toi.
     
    Le maire d’Ugíjar avait été prévenu de l’arrivée d’Hernando.
Pendant que le Maure prenait certaines mesures avant son départ, le duc avait
ordonné à son secrétaire d’envoyer un message au maire de la capitale des
Alpujarras, dans lequel il lui demandait, grâce aux renseignements que
pourraient lui fournir los Vélez, de retrouver cette fillette, devenue femme,
qui répondait au prénom d’Isabel.
    Hernando et ses compagnons arrivèrent sur la place de
l’église. Le temple avait été restauré. Monté sur Volador, le Maure balaya
l’endroit du regard. Combien d’expériences avait-il vécues sur cette place et
ses alentours ! Lorsqu’elle avait été envahie par les hommes de l’armée
d’Abén Humeya… Et le marché, les janissaires, les Turcs qu’il avait vus là pour
la première fois. Fatima, Isabel, Ubaid, Salah le commerçant, l’arrivée de
Barrax et de ses mignons…
    — Soyez les bienvenus !
    Plongé dans ses souvenirs, Hernando n’avait pas remarqué la
présence d’un petit cortège mené par le maire, petit homme rustre, aux cheveux
aussi noirs que son habit, flanqué de deux alguazils. Hernando, imitant don
Sancho, mit pied à terre. Le maire se dirigea vers l’hidalgo, mais celui-ci lui
fit signe avec brusquerie de s’adresser à l’autre cavalier.
    — Au nom du corregidor de Grenade, reprit l’homme,
cette fois en face du Maure, je vous souhaite la bienvenue.
    — Merci, dit Hernando, et il serra la main que le maire
lui tendait solennellement.
    — Le duc de Monterreal a pris des mesures auprès du
corregidor pour votre séjour. Nous vous avons préparé un logement.
    Plusieurs curieux s’approchèrent du groupe. Hernando, gêné
par cet accueil, commença à s’agiter nerveusement. Puisqu’il fallait suivre le
maire jusqu’à la maison mise à leur disposition, il fit un pas en avant. Mais
l’homme continua son discours.
    — Je dois également vous souhaiter la bienvenue au nom
de Son Excellence, don Ponce de Hervás, magistrat à la Chancellerie royale de
Grenade…
    Hernando fit un signe d’ignorance.
    — Il s’agit, expliqua le maire, de l’époux de doña
Isabel, la fillette qui était aux mains des hérétiques et que vous avez
courageusement sauvée de l’esclavage. Le juge, son épouse et toute sa famille
souhaiteraient vous remercier personnellement et, par l’intermédiaire de mon
humble personne, ils vous prient, une fois terminée la mission qui vous amène
dans les Alpujarras, de vous rendre à

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