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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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gratifiait de ses faveurs et de son amitié invoquait le faux dieu
de la secte des musulmans ?
    Doña Lucía, qui jusqu’alors était restée prostrée dans un
fauteuil, releva le visage. Son menton tremblait.
    — À quoi sert une procession où sont commis des
sacrilèges ?
    La duchesse porta ses yeux larmoyants vers l’hidalgo qui
venait de s’exprimer en de tels termes. Elle acquiesçait à ses paroles quand un
troisième homme attaqua à son tour Hernando.
    — La mère et le fils avaient tout préparé ! J’ai
vu le Maure faire un signe…
    À partir de ce moment-là, la cour de nobles oisifs se
déchaîna contre Hernando.
    — Blasphème !
    — Dieu s’est senti offensé !
    — C’est pourquoi il nous a refusé sa grâce.
    Les yeux de doña Lucía se fermèrent en fines lignes. Elle ne
permettrait pas que le fils d’une sacrilège qui avait outragé la procession
continue de vivre au palais et de jouir de la faveur de celui qui ne pouvait
plus la lui accorder !
    Le soir même, quand Hernando, qui ignorait encore la mort de
don Alfonso, revint dépité du tribunal de l’Inquisition après avoir attendu en
vain toute la journée d’être reçu, le secrétaire l’accosta à la porte du
palais.
    — Demain matin, lui annonça don Silvestre, tu devras
quitter cette maison. Ainsi l’ordonne la duchesse. Tu n’es pas digne de vivre
sous ce toit. Son Excellence, le duc de Monterreal, et son fils sont morts en
défendant la cause du catholicisme.
    Le claquement des chaînes qui emprisonnaient ses chevilles
lorsque don Alfonso, blessé, avait abattu sur elles son fer tolédan, près d’un
ruisseau des Alpujarras, résonna de nouveau dans sa tête. Hernando cilla. Le
duc, par sa mort, le libérait une nouvelle fois d’une servitude à laquelle il
n’osait mettre fin.
    — Transmettez mes condoléances à la duchesse, dit-il.
    — Je ne crois pas que ce soit opportun, rétorqua le
secrétaire avec perfidie.
    — Au contraire, répliqua Hernando. Ce seront peut-être
les plus sincères de toutes celles qu’elle recevra dans cette maison.
    — Qu’insinues-tu ?
    Hernando esquissa un geste vague de la main.
    — Que puis-je emporter ? interrogea-t-il.
    — Tes habits. La duchesse ne veut plus les voir. Le
cheval…
    — Le cheval et son équipement sont à moi. Je n’ai nul
besoin que quelqu’un m’autorise à les prendre, dit Hernando avec fermeté. Quant
à mes écrits…
    — Quels écrits ? questionna le secrétaire avec
goguenardise.
    Hernando poussa un soupir de lassitude. L’humilierait-on
jusqu’au bout ?
    — Vous le savez bien, répondit-il. Ceux que je rédige
pour l’archevêque de Grenade.
    — D’accord. Ils t’appartiennent.
    La mort de don Alfonso l’affligeait. Il avait fini par
croire à son prompt retour. Il appréciait sincèrement le duc, qui avait tant
fait pour lui. Il aurait également voulu compter sur son aide pour qu’il
intercède en faveur de sa mère auprès de l’Inquisition. Cent fois il avait
mentionné son nom afin d’être reçu, mais le Saint-Office semblait faire peu de
cas des nobles ou grands d’Espagne. Personne, quelle que fût sa qualité,
n’était au-dessus de l’Inquisition et ne pouvait exercer de pression sur ses
membres ! Il se dirigea à la hâte vers la tour du minaret où il avait
caché l’évangile de Barnabé et ses autres secrets. Comme Silvestre était
capable de le fouiller à la sortie du palais, il décida d’emporter peu de
choses. Il prit la main en or de Fatima… Il la serra dans sa paume quelques
instants, tâchant de se rappeler comme elle brillait juste à la naissance des
seins de son épouse, qu’elle accompagnait dans leur balancement. Le bijou avait
noirci avec la mort de Fatima, pensa-t-il, de même que sa vie. En ce qui
concernait les livres et les écrits, sa décision fut vite prise : il ne
prendrait que la copie en arabe de l’évangile de Barnabé ; tout le reste,
y compris la transcription de l’évangile qu’il avait réalisée, serait détruit.
Le traité de calligraphie d’Ibn Muqla connaîtrait le même sort. Il ne pouvait
pas courir le risque d’être arrêté en sa possession, d’autant qu’il le savait
par cœur. Les images des lettres et les dessins de leurs proportions
apparaissaient devant ses yeux dès qu’il approchait la plume du papier.
    Il retourna ensuite à ses appartements et ouvrit le coffre
pour prendre la bourse dans laquelle il gardait ses économies, mais

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