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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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il ne la
trouva pas. Il fouilla parmi ses quelques affaires. On la lui avait volée.
Chiens chrétiens ! murmura-t-il. Ils n’avaient pas mis longtemps à le
piller, comme dans les Alpujarras. Il ne lui restait que l’argent qu’il portait
sur lui.
    Se maudissant de ne pas avoir mis ses économies dans une
bonne cachette, il prépara un baluchon avec ses habits et dissimula les
parchemins de l’évangile parmi ses écrits sur le martyrologe. Là, ils
passeraient inaperçus. Il posa la main ternie de Fatima au-dessus de ses
vêtements. Il cacherait le bijou sur son corps. Enfin il se lava pour prier. À
la fin de ses prières, il resta immobile au centre de la chambre. Qu’allait-il
devenir maintenant ?
     
    — J’ai besoin d’argent.
    Pablo Coca n’exprima aucun trouble. Hernando se tenait devant
lui. Le tripot était vide. Une esclave noire guinéenne faisait le ménage et
remettait de l’ordre après une nuit de jeu.
    — Comme nous tous, mon ami, lui répondit-il. Que se
passe-t-il ?
    Hernando se souvint de l’enfant qui grimaçait pour parvenir
à faire bouger le lobe de son oreille, comme Mariscal, et il décida de lui
faire confiance. Il lui raconta sa situation, sans mentionner toutefois comment
le matin même il avait réussi à tromper l’inspection à laquelle l’avait soumis
Silvestre.
    — Et ça ? avait demandé le secrétaire en montrant
les documents qu’Hernando tenait dans sa main droite, bien en vue.
    Silvestre venait de fouiller son baluchon, le traitant comme
un vulgaire voleur devant les domestiques qui allaient et venaient dans le
patio des écuries.
    — Mon rapport pour le conseil de la cathédrale de
Grenade.
    Le secrétaire fit un geste vers les documents. Hernando se
contenta d’approcher les feuilles, sans les lâcher.
    — C’est confidentiel, Silvestre, dit-il en le laissant
lire néanmoins le contenu de la première page, où étaient racontés les
massacres de Cuxurio. Je te préviens, c’est pour l’église de Grenade,
insista-t-il alors, lui reprochant sa curiosité. Si l’archevêque l’apprend…
    — D’accord ! céda le secrétaire.
    — Et maintenant, tu vas me déshabiller ? ironisa
Hernando en pensant à la main de Fatima cachée dans ses chausses. Ça te
plairait peut-être ? le provoqua-t-il, faisant mine d’écarter les bras.
    Silvestre rougit.
    — Ne t’inquiète pas, je suis arrivé pauvre dans ce
palais et j’en sors aussi pauvre.
    Hernando sourit cyniquement au secrétaire. Était-il le
voleur ?
    — Misérable, comme vous dites.
    Le valet d’écurie refusa catégoriquement d’harnacher
Volador, exprimant ainsi toute la rancœur accumulée pendant des années où il
avait dû servir un Maure. Hernando brida lui-même son cheval et se rendit à
l’auberge del Potro, où il chercha un logement. Parmi la multitude d’auberges
situées sur la place et ses environs, c’était celle-ci qu’il avait choisie car
le patron ne le connaissait pas. Volador, marqué du fer des écuries royales,
deux fois plus grand que les mules et les ânes qui reposaient dans la cour de
l’auberge, ainsi que les habits qu’il portait, lui procurèrent la meilleure
chambre de l’établissement, une pièce pour lui tout seul. Un lit, deux chaises
et une table constituaient tout son mobilier. Il paya d’avance, comme un homme
riche, et il s’aperçut alors qu’il lui restait seulement une poignée de pièces
de deux réaux. Ensuite, sur des feuilles blanches qu’il avait prises au palais,
il écrivit une lettre à don Pedro de Granada Venegas, lui expliquant sa
situation, celle de sa mère, et implorant son aide. Il ne pourrait plus faire
grand-chose pour eux, pour la cause maure, annonçait-il, s’il tombait dans la
misère. À l’auberge même del Potro il fit la connaissance d’un muletier qui se
rendait à Grenade et lui donna ses dernières pièces.
    — L’essentiel de l’argent que j’avais, termina
d’expliquer Hernando à Pablo Coca, je l’ai donné au geôlier de l’Inquisition
pour qu’il nourrisse ma mère et prenne soin d’elle. Le reste…
    — Ce soir tu pourras faire des bénéfices, l’encouragea
l’animer l’ancien rabatteur.
    Hernando eut un geste de dégoût.
    — Tu en auras besoin pour t’en sortir, insista Pablo.
Au moins tu auras de quoi payer l’auberge.
    — Palomero, argumenta Hernando, utilisant son surnom de
jeunesse, j’ai besoin de beaucoup d’argent, tu comprends ? Je vais devoir
acheter

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