Les Thermopyles - La Plus Celebre Bataille De L'Antiquite
phalange entière qui est désorganisée. Revenir d’un champ de bataille sans son hoplon est impensable ; les cris des mères spartiates sont ici pour en témoigner. À les entendre, la mort de leurs fils est préférable à la honte de l’abandon. Vaincre ou mourir, il n’existe pas d’autre choix. Rentrer dans la cité avec ou sur leur bouclier, telle apparaît la seule et cruelle alternative des combattants de Lacédémone…
Les Trois Cents sont à la fois Pairs et pères
Perdre son bouclier est donc plus qu’une faute, c’est un crime. Le responsable est non seulement exclu de la phalange mais déchu de ses droits civiques. Frappé de disgrâce (l’ atimia ), il n’est plus un Spartiate ! En ce 8 août -480, l’honneur et la fierté spartiates sont portés à leur paroxysme. C’est le grand jour. Sparte prête son épée pour sauver la Grèce des hordes barbares. Les hoplites lacédémoniens choisis pour défendre le défilé des Thermopyles s’apprêtent à quitter la grande cité du Péloponnèse. Toute la ville de Sparte, des irènes aux gérontes, est massée sous les rangées de cyprès et d’acacias pour assister au départ de leurs héros. La cité entière retentit des clameurs de la foule, des chants des hoplites, de la sonnerie des trompettes et du braiement des mules. Les mères des Trois Cents sont particulièrement fières de leurs rejetons. Et pourtant, chacune sait que leurs enfants chéris ne reviendront probablement jamais des Thermopyles. Mais qu’importe, l’essentiel est de préserver l’honneur du nom de la famille et de glorifier la patrie en mourant sur le champ de bataille. Malheur au guerrier qui reviendrait des Thermopyles alors que ses camarades auraient sacrifié leur vie. Les survivants seraient non seulement exclus de la cité mais rejetés par leurs familles. En résumé, pour les mères spartiates, la mort d’un brave est préférable à la survie d’un poltron…
Les hoplites spartiates désignés par Léonidas ont tous le front ceint de lauriers, une cape écarlate sur l’épaule et le bouclier en bandoulière. Ils sont trois cents. Chacun d’entre eux a été trié sur le volet, d’après ses performances mais aussi en tant que père d’un fils. Ainsi son nom se perpétuera-t-il, même s’il advient qu’il meure au combat. Le fait d’avoir choisi exclusivement des pères est lourd de signification. En d’autres termes, Léonidas pressent qu’en se portant au-devant des troupes perses, il ne s’agit pas de vaincre des hordes barbares numériquement plus fortes mais de briser l’élan perse, de conjurer la menace achéménide, en d’autres termes de périr jusqu’au dernier si la situation l’exige. La bataille des Thermopyles fait ici figure de véritable mission-suicide. Perdre une bataille au nom des lois de Sparte mais surtout au prix de la liberté de la Grèce, tel est l’objectif que s’est fixé Léonidas.
À la fois Pairs et pères, les Trois Cents sont tous des athlètes, des hommes rompus au maniement des armes et qui ont passé avec succès les épreuves de l’ agôgé . Indéniablement, ils sont les guerriers les plus agiles, les plus endurants et les plus braves de toute la Grèce. Six d’entre eux sont même des champions olympiques. Tous âgés d'une trentaine d'années, à l’exception des officiers, ces guerriers d’élite affichent une forme éblouissante. Cette bataille qui s’annonce, c’est la chance de leur vie. Ils ont été élevés pour combattre, comment ne pourraient-ils pas être satisfaits de prendre part à cet événement hors normes. Cette expédition lointaine, c’est aussi l’occasion de découvrir des régions ignorées. La plupart d’entre eux n’ont même jamais franchi la frontière de la Laconie. Grisés par la perspective du combat et la joie de vivre une expérience unique, les fils de Sparte ont hâte d’en découdre. Le plus frappant est leur désinvolture communicative. Loin de paraître crispés, les Trois Cents plaisantent et s’amusent à se bousculer. C’est à qui lancera le jeu de mots le plus subtil ou le plus dérangeant. Puis entonnant l’hymne à Castor, ils fendent la foule et paradent devant l’ensemble de la cité. Leurs provisions d’armes et de victuailles sont transportées par plus de neuf cents hilotes. Ces esclaves peuvent prêter main-forte aux hoplites si la situation l’exige. Armuriers, serviteurs, artisans, porteurs de lances, les
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